La pluie s'était calmée pendant l'entrevue que nous avions eu, Verd et moi, dans les plantes. Nous n'étions pas loin du clan aussi ne nous fallut il pas énormément de temps avant de rentrer. Nous étions silencieux, ne prononçant pas un seul mot du trajet. Je me tenais derrière elle en regardant droit devant moi. Il commençait à se faire tard. Les loups rentraient pour manger en famille ou alors profitaient du coucher de soleil sur les collines. Aussi il n'y avait personne sur la route pour nous poser des questions.

Comme prévu, nous trouvâmes la bêta au camps, occupée à des affaires qui ne regardaient qu'elle. Je m'assis, attendant qu'elle finisse, et invitant Verd à faire de même. Ce que nous avions à lui dire était bien désagréable, ce n'était pas le moment de la contrarier avant même la mauvaise nouvelle. Cependant, à la mine sombre que nous devions certainement afficher, nous ne dûmes pas attendre bien longtemps. Avant que le sang de Verd ne montre trop, je me levais et m'inclinais, suivant le protocole que père m'avait enseigné.


Je jetais furtivement un regard à Verd, puis à Léone.

Lorsque j'eus fini, je m'assis et regardai Verd, qui parla quand Léone lui en donna le droit. Je ne frémis ni ne laissai paraitre sur mon visage ce que je pensais de tout ça. Je savais que nous nous jetions dans une mort certaine, mais je savais aussi que quoi que dise Léone, Verd ira quand même. Donc j'irai aussi. Hélas la louve pensait convaincre la bêta. Je savais d'avance que c'était peine perdue. Je regardai Léone et ne m'offusquai pas le moins du monde à sa remarque. Je battais certes beaucoup de mes frères d'armes à l'entrainement, je n'avais jamais expérimenté la bataille, et bien que je ne retenais pas souvent mes coups, je ne m'étais jamais battu pour ma vie. Je savais que les entrainements n'étaient rien face aux batailles véritables. Tanyxoth n'avait cessé de le répéter. Et il s'y connaissait, lui qui s'était battu contre Ultimate. Père parlait peu de cette époque de sa vie, il n'aimait pas ressasser ce souvenir, je n'avais donc jamais forcé.

Elle était catégorique. Elle nous ramènerai elle même s'il le fallait. Et ça c'était pas rien. Je guettais la réaction de Verd, cela allait probablement l'échauffer, hors c'était tout ce qu'il ne fallait pas faire avec la bêta. D'ordinaire j'étais cash et ne mâchais pas mes mots, mais père m'avait appris comment faire. Encore, nous avions de la chance qu'elle ne soit que autoritaire. Quand je fus sûr qu'elle eut finie, je pris la parole.


Je me tus, laissant aux deux femelles le temps de peser mes paroles. Ça allait certainement énerver Léone, mais je ne comptais pas m'arrêter là. J'avais encore des choses à dire.


Je me tus à nouveau, baissant la tête. J'avais un dernier argument en tête, mais j'hésitais à l'énoncer devant elles. Puis je me dis que mon temps de parole était bientôt achevé, si Verd commençait avant que je ne puisse le dire, ça partirait en baston et je n'aurai plus l'occasion de le dire. Aussi je relevai la tête, mon regard ayant changé. Je fixais la bêta sans pour autant rendre ça impoli. J'étais déterminé et elle ne pouvait que le voir.



je me tus pour de bon, elle prendrait sans doute ça pour un acte de rébellion, ce discours j'y avais réfléchis pendant longtemps, et au moins si nous étions bannis, nous ferions ce qu'il faut sans qu'ils ne cherchent à nous ramener.

Verd s'était tue, à ma grande surprise. Je m'étais attendu à ce qu'elle l'ouvre après moi, ou même qu'elle m'interrompe. Mais rien. Enfin, je n'allais pas m'en plaindre. Ça aurait été explosif sinon. Léone soupirait, réagissait à chaque paroles que je prononçais. Au fond elle m'exaspérait, mais je me cachais bien de le montrer. Ce n'était pas comme ça que nous arriverions à nos fins.

Au final, elle ne dis rien qui puisse être utile. Tout ce qu'elle disait là, je le savais déjà, et j'osais croire que Verd y avait pensé également. Soit, si notre quête était une mission à l'aveugle selon elle, c'était son avis et il ne regardait qu'elle. D'habitude je ne me controlais pas et laissait clairement mes paroles dépasser ma pensée. Aussi je me stoppais une seconde quand j'ouvris la gueule pour répondre. Léone n'était pas n'importe qui. On ne partageait pas le même regard sur le problème mais elle n'était pas de ces guerrier avec qui je pouvais me permettre d'être aussi cash que je pouvais l'être. Je me stoppais, et réfléchis quelques instants. Elle avait répondu avec autant d'arguments qu'elle avait pu trouver, me donnant tout autant d'éléments pour lui répondre à mon tour.


Je me tus et observais Verd. J'allais parler en mon nom à présent mais j'espérais qu'elle partage mon avis sur la question.



Je baissai la tête. j'étais conscient que je jouais là mon avenir parmi les miens, et que ces paroles allaient être fort probablement les dernières que je prononcerai en tant que loup de la terre. J'espérais au fond de moi que si Léone me bannissait sur le champs pour ce que je venais de dire, elle laisserait sa chance à Verd, même si j'en doutais. Alors, je me mis a espérer que Verd ne m'en veuille pas de nous avoir tous les deux fais bannir. Je relevais lentement la tête.


Je retins mon souffle malgré moi. J'avais semé le vent, j'attendais la tempête et m'y préparais mentalement, du mieux que je pouvais.

Elle ne réagit à aucune de mes paroles, se contentant de plisser les yeux et de m'écouter. Qu'avait elle dans la tête? Avions nous réussi à la convaincre?

Le point que souleva Verd était un point juste, j'espérais que ça mette un point final à cette discussion. Je n'arrivais pas à comprendre son refus violent malgré tous nos arguments, elle ne faisait qu'avancer le même. Et maintenant qu'elle n'en avait plus, c'était par la violence qu'elle répondait. Ce fut la preuve pour moi que nous avions raison, mais que nous avions surtout en bêta quelqu'un qui était fermé à toute discussion calme. Si c'était ça être bêta, se croire assez supérieur pour pouvoir rabaisser et parler ainsi aux autres, se croire au dessus de tout pour penser connaitre tout le monde sur le bout du coussinet. Je retroussais mes babines, du peu que je connaissais du passé de Verd, ça suffisait pour faire monter en moi une colère noire envers l'akita.

Je ne comprenais pas pourquoi pareil charbon ardent était bêta. Maltraiter ou traumatiser ses membres, c'était instaurer un pouvoir par la peur, et ça ne conduisait à jamais rien de bon. Je ne connaissais pas les circonstances d'un choix pareil comme bêta. Ce qui me mena à croire que Karara avait fait son choix par le cœur et non par la raison, ce qui était stupide. Elle lui parla de son père, de sa famille. Léone n'avait plus rien comme idée pour les contredire alors elle employait les points faibles. Je ne comprenais pas pourquoi il fallait absolument qu'elle nous banisse si nous partions. Elle n'avait qu'à nous laisser aller, et au pire nous mourrions. Qu'est ce que ça changeait pour elle? Ha oui, Sans doute pour palier à un manque cruel de confiance en soi. C'est tout ce que je voyais, elle réagissait ainsi pour assoir son pouvoir sur les autres. Quelle piètre bêta était celui qui devait réagir par la violence.

Et puis, elle la gifla. j'aboyais de colère, mais au lieu de sauter sur la chienne, je me propulsais vers Verd, inspectant sa joue. Une marque de patte y apparaissait. je bouillonnais de l'intérieur, elle le voyait surement. Cependant je pris une grande respiration pour me calmer. Réagir à la violence par la violence marchait parfois, mais là c'était perdu d'avance. Verd était blessée, ma verd avait été frappée, et je ne pouvais accepter ça. Elle mis en cause l'ego de la cristalline, mais tout ce que je voyais moi, c'était des mots tranchants pour flatter son ego à elle, à croire que ça la faisait jouir d'ainsi traiter les autres.

Finalement, la face de truie se tourna vers moi. J'avais compris dès son acte de violence que tous nos arguments étaient tombés dans l'oreille d'un sourd. Cette guenon refuserai tout. Alors je me redressais, Toujours au dessus de Verd. Je voulais éviter qu'elles se charcutent. Maintenant que j'étais calme, ma colère refoulée, je l'écoutais attentivement. Pour elle, s'il y avait un bon moment pour partir, ce n'était certes pas celui là. je réfléchissais, elle me laissais là une chance, mais elle ne viendrait pas de suite. J'hochais la tête.


Ainsi, je montrais que j'acceptais les dernières paroles de la chienne. Je tournais les yeux vers mon amie, priant, espérant qu'elle comprenne mes paroles, ou dans le cas contraire, qu'elle accepte de m'écouter quand je tenterai de lui expliquer ma stratégie. Parce que je savais qu'en faisant ça, qu'en approuvant la chienne, qu'en acceptant de rester, qu'en empêchant Verd, je risquais de la perdre, je risquais de la conduire vers la mort en lui donnant envie de se lancer seule dans cette quête. Elle pouvait croire que je venais, ainsi, de la trahir, et ça me torturait.

En vérité, tout ce qui me démangeais en cet instant, c'était de partir, et de revenir avec la pierre, pour montrer à cette face de truie, à cette grognasse, à cette... ahem, qu'elle avait tort, et qu'elle aurait pu permettre de sauver son clan bien plus tôt, au lieu de faire la fière.