Se rendre au cimetière avait été une évidence... Il y avait la tombe de Luna, sa mère. C'était le seul membre de sa famille qui avait eut ce privilège. Kario, Stella et Célia avaient été avalé par le désert noir. Elle était morte en héro, tout le monde connaissait son courage et sa loyauté envers son clan. Alors que l'immortel et ses enfants étaient mort de l'obscurité et dans d'étranges circonstances.

Est-ce qu'ils étaient mort assassiné par le clan de l'eau ? Est-ce que c'était un accident ? Un complot ? Étaient-ils mort de la patte d'un loup ou d'un dragon ? Toutes ses questions rendaient le loup fou. Keiss ne savait plus ce qu'il devait faire... Croire ou ne pas croire Akui ? Se venger ?

Le loup ne pouvait plus rien faire pour sa famille. Ils étaient mort. Mais il pouvait encore faire quelque chose pour leur mémoire. Il pouvait encore les venger ! Ce vieux loup blanc, Kaporal, mourrait sous le coup de sa patte !

Mais ça voulait dire rejoindre Akui. Le Dieu blanc, le Dieu des éléments, celui qui avait créé Pandore. Keiss était perdu. Complétement, il ne savait plus ce qu'il devait faire. Ceux qu'il devait haïr ou non. Son coeur, son esprit, étaient facturés, brisés. Il n'avait plus à réfléchir.

Le loup était perdu.

Il avançait à un rythme régulier, seulement bercé par le bruit de ses idées folles. Il était trop maigre pour son poids, laissant devenir ses mois d’errances. Keiss avait été marqué par la famine et le désespoir.

Avant d'arriver à la tombe de sa mère, il remarqua un individu. Il mit un moment à décider si c'était une louve ou un loup, il finit par trancher que c'était une louve. Le pelage sombre, la chevelure rouge et la tête blanche. Elle était en train de mâcher quelque chose.

Keiss allait passer son chemin quand il remarqua les yeux de la louve. Elle avait les pupilles dilatées et yeux totalement rouges. Le solitaire comprit alors immédiatement la raison. Elle se droguait. Et elle allait en mourir.

Dans les terres désolées, Keiss avait vu plusieurs fois des loups mort de ces plantes. Si cela apportait du confort, on finissait forcément par mourir seul après avoir été le joué d'un prédateur. Lorsqu'il en avait trouvé dans des crises délirantes et irrécupérable, Keiss avait été bon. Il les avait achevé avant qu'ils souffrent d'avantage.

Il la regarda droit dans les yeux, le ton calme et la voix caverneuse :

-Tu vas mourir si tu continue.

Pour Keiss se droguer revenait à s'ouvrir les veines.

Elle semblait perdu. La louve mit un certain temps avant de répondre. Elle n'arrivait pas à s'exprimer correctement. La louve avait les yeux rouges. C'était comme si elle était ailleurs pendant un moment. Le loup était à quelques pas d'elle, debout, prêt à repartir. Il était venu avec objectif, mais pas pour discuter avec une toxico.

Keiss la regarda avec un air sévère. Il trouvait pitoyable les loups qui agissaient de cette façon. C'était impossible de survivre avec ça dans les veines. Les terres de EL offrait des belles zones de chasse et surtout peu de prédateur. Ici, les loups ne devaient pas lutter à tout les instants pour survivre. Ca leur laissé le temps d'avoir la belle vie... ou de se droguer.

Le solitaire répondit simplement :

-C'est vrai que l'on ne se connait pas.

Le loup-lézard leva les épaules. C'est vrai, après tout, il allait passé son chemin. Ils étaient dans le cimetière et il venait chercher la tombe de sa mère.

-Te droguer, ça revient au même que de t'ouvrir les veines. Si tu te suicide directement, tu n'auras personne qui pourra profiter de tes instants de faiblesse.

Il la dévisagea, pourquoi se droguait-elle ? Il y avait souvent des raisons idiotes pour ça... Keiss n'allait pas lui demande, ce n'était pas son problème. Il observa les alentours et en particulier les tombes. Il se déplaça jusqu'aux plus proche, prenant le temps de lire les indications sur celle-ci. Le solitaire cherchait la tombe de sa mère, il en aurait pour des heures.

La seule réaction de la louve fut de grimacer et de soupirer. Elle semblait presque s'énerver. Keiss ne s'en préoccupa plus que ça, essayant de déchiffrer le nom sur les tombes. Il ne trouvait pas celle de sa mère, il ne savait même pas où elle était enterré. Keiss n'était même pas certain qu'il puisse la retrouver un jour...

Depuis ma naissance le monde m'ouvre déjà les veine. Vous voulez que je vous dise quoi ? C'est débile et j'en ai conscience.

Au moins, elle le savait. C'était un début. Keiss ne savait pas ceux qui étaient le plus à plaindre, ceux qui avaient consciences qu'ils se tuaient ou les autres. La louve se plaignait. Elle avait dû avoir une vie difficile, comme beaucoup ici. Mais il n'y avait pas de quoi faire un concours de celui qui avait le plus souffert.

Mais quitte à mourir, je préfère un peu apaiser un peu mon corp et mon esprit malade.

Keiss finit par relever la tête vers elle. C'était juste triste comme réponse. Il n'avait rien à dire. Si ce n'est qu'elle devait être triste à ... mourir.

D'ailleurs pour un moralisateur, vous semblez pas en bon état non plus

Cette fois le solitaire finit la regardait droit dans les yeux. Il lu fit un sourire triste. Keiss avait failli se suicider quelques temps auparavant. Ce n'était que la présence d'Akui et sa promesse de vengeance qui l'avait sauvé. Bientôt, il le rejoindrait. Il détourna le regard, puis resta dans le silence quelques instants. Il repensait à sa famille, celle qu'il avait perdu. A tout ce qu'il avait échoué. Le loup vivait aussi dans un mal-être terrible. Il n'avait pas choisi de vivre, mais de se venger.

Il reprit une respiration, essayant de ne pas laisser entrevoir qu'il se sentait mal, puis lui répondit :

-J'essaye de survivre.

Keiss avait le poil abimé, rêche par endroit mais surtout, il était trop maigre. Beaucoup trop maigre, il était resté pendant longtemps dans des terres où il n'y avait quasiment rien à chasser. Il avait souffert de la faim, du froid et de la solitude. Il s'approcha de nouveau de la louve et posa à quelques pas de celle-ci :

-Tu as l'air habitué à venir ici. Sais-tu où se trouve la tombe de Luna ?

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-ta mère ?

Il soupira. Luna était connu pour être une alpha et respectable. Mais entendre quelqu'un d'autre parler aujourd'hui de ce fantôme lui faisait étrange. Keiss avait parfois l'impression d'avoir vécu à cet endroit il y a longtemps, très longtemps. Toutes les personnes qu'il avait aimé et connu étaient mortes.

Le loup soupira :

-Je vais en avoir pour des heures à la trouver... Sais-tu peut-être où les alphas sont enterrés ou les membres du clan de l'eau ? Il y en a d'autre que j'aimerai saluer.

Keiss repensa à ce pauvre Volk. Il était mort pour le clan dans la même bataille. C'était une bataille où le clan avait beaucoup perdu, beaucoup trop. Il exprima cette idée à voix haute :

-Trop de loups meurent pour leur clan. S'en est ridicule.

Le loup huma l'air et observa en peu plus les environs. Il reposa son regard sur la rouge. Keiss était en train de parler à junkie. Elle ne savait rien de lui... Mais que savait-elle sur Luna ? Quel était la réputation de la louve aussi longtemps après sa mort ?

-Que sais-tu de Luna ?

Elle acceptait de lui donner des informations, au moins de l'aider. C'était... gentil ? Quelque peu méfiant, Keiss se promit de rester sur ses gardes. La junki avait peut-être plus d'un tour dans son sac. Le solitaire était affaibli par les mois de mauvais traitement, mais il savait encore se défendre. Elle pourrait être surprise de sa force.

Il nota intérieurement qu'elle devait avoir une mauvaise vu pour autant parler d'odeur et de touché. C'était une info qui pouvait devenir intéressante.

Elle disait que Luna était belle, forte, impressionnante et toujours fidèle à son clan. Cette dernière précision fit bouillir le sang du loup. Son clan ? Elle avait décidé de laisser sa famille à l'abandon, ses enfants dans la solitude pour un clan qui les avaient ensuite assassiné ! Pourquoi avait-elle choisi de mourir dans cette bataille ? Elle les avait abandonné sans pensée à un seul moment à ses enfants !

Keiss serra les dents. Sa mère, il l'aimait autant qu'il la détestait. Pour lui ce n'était qu'une ombre. Quelque chose de lointain avec une part de mauvais. Kario et Luna s'étaient bien trouvé, ils avaient tout deux quelque chose d'inavouable dans leur personnalité.

Elle semblait assez importante pour toi ? Tu étais un de ses proches ?

Le solitaire eut un moment de silence puis répondit brusquement :

-C'est ma mère.

Il se leva, il y avait trop d'énergie négative en lui. Il y avait trop de colère, trop de douleur contre le monde. Sans même qu'il ne s'en soit rendu compte, sa queue de lézard fouettait l'air. Les sentiments et la douleur lui déliait la langue. Cela faisait bien trop longtemps qu'il n'avait pas pu avoir une vraie conversation. Et puis cette pauvre junki avait l'air d'être aussi mal que lui.

-A vrai dire, je ne suis pas vraiment venu ici pour trouver des tombes. Mais une réponse.

Il secoua la tête, gonflant les poils de sa crinières. L'humidité s'était imprégnée dans son pelage, ce n'était pas agréable. Il montra les dents, non pas pour agresser la pauvre louve, mais parce que la colère le bouffait. Sa voix était caverneuse, presque déformée par les sentiments.

-Qu'est-ce que tu serai prêt à sacrifier pour te venger de ceux qui t'ont tout pris ?

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Alors que Keiss bouillonnait de colère. Il ne s'imaginait plus vivre dans le clan de l'eau, mais comment tuer ses membres. La nuit, il rêvait de Kaporal et de son escadron. Il rêvait de ses sœurs qui venaient le hanter, avec des corps creux, des yeux vides et un sourire de haine gravé dans leurs peaux. Elles ne lui demandaient une chose, au moins honorer leur mémoire. Les âmes de sa famille ne seraient calmer qu'après la mort des traites. Du moins, c'était ce que Keiss pensait de plus en plus.

La discussion avec Akui l'avait déstabilisé au point d'avoir perdu sa boussole morale. Le loup était brisé et il n'y avait plus que de la haine en lui. Quelque chose de violent et brute. Le Keiss qui vivait dans ce corps auparavant était mort ou bien enfuie sous un mur de douleurs.

Le contraste était impressionnant entre les deux loups. La rouge était calme et mélancolique, le lézard était bouillant de haine. La réponse de la junkie eut le mérite de déstabiliser Keiss. Il n'avait jamais pensé à une solution pacifique. Il avait toujours vus les choses avec un simple choix : mourir ou se venger. Le loup s'était tellement senti mort intérieurement qu'il n'arrivait pas imaginer passer à autre chose. Plus exactement, il ne pensait pas que c'était possible. Keiss ne méritait tout simplement pas le droit de vivre alors que c'était lui qui avait provoqué la destruction de sa famille.

-La vengeance pourra au moins honorer leur mémoire. Luna est bien la seule à avoir une tombe ! Les loups de ce pays n'ont même pas pris la peine de donner une tombe décente à ma famille. Ils les ont jeté dans le caveau de la honte et de l'infamie.

Il ajouta plus bas, déchiré :

-Ils leurs ont prit la vie. Ils les ont assassinés dans l'impunité la plus totale.

Keiss ne voyait qu'une solution possible. Celle qui l'avait déjà choisi après avoir rencontré Akui. Keiss avait choisi de vivre pour la vengeance.

-Je préfère mourir en asseyant d'honorer leur mémoire plutôt que de me suicider en bouffant des plantes.

Il fit un pas vers la louve, trop bouillonnant pour rester sur place. Keiss ne cherchait pas à l'agresser, mais la douleur le rendait fou. Le solitaire était dans une telle souffrance qu'il devenait facilement hargneux et méchant.

-Tu me dis que tu ne sacrifierai rien, mais tu n'es qu'une junkie. Tu ne ressemble pas à ces louves pathétiques qui se droguent après s'être pris un râteau.... Qu'est-ce qui t'as fait basculer dans cette merde ?

La louva ne recula pas. Elle restait calme et tranquille. Sa réponse ne fut que plus abrupte. Son prénom ne lui rappelait que de vagues souvenirs, mais celui de sa mère oui. Keiss n'avait pas bien suivi les événements, mais tout le monde savait qu'Iren avait été assassiné par ce mystérieux Zal.

Cette louve avait beaucoup perdu, énormément même. C'était de la même envergure de que Keiss, il ne leur restait aucun parent vivant, pas de famille proche. Elle avait été recueilli et soigner par le clan de l'air. Elle avait grandi comme une paria, loin de son clan.

Keiss la regardait ne pouvant s’empêcher d'avoir une haine terrible en lui. Mais quelque part, il la respectée beaucoup. C'était la première personne qui pouvait comprendre. Ils n'avaient rien en commun et pourtant, ils étaient presque identique sur leur histoire.

La vengeance ? Combler le vide de son cœur ? Keiss la dévisagea longuement. C'était là qu'il y avait une différence terrible entre eux. Le loup se sentait responsable de la chute de sa famille alors qu'elle n'avait été qu'une victime jusqu'à la fin. La vengeance lui apporterait plus que de ne rien faire. Elle vivait dans un clan et avait quelque proche, alors que Keiss n'avait réellement plus personne. Mais quelques part, la louve avait raison : on ne peut pas faire revivre les morts.

Elle soupira puis prononça une dernière phrase :

-Il y a des blessures que l'on ne soigne jamais

Keiss avait baissé la tête puis, ne pouvant contenir toute la violence en lui, il recula. D'un geste brusque il sauta sur une stèle non loin, la brisant d'un violent coup de patte. La pierre éclata dans un bruit sourd. Keiss avait le dos tourné à Ashlys, il grogna de mécontentement. La douleur physique ne laissa tranquille que quelques secondes, revenant brutalement. Il regarda sa patte, elle était en sang. Il y avait des marques dû à la pierre, mais il y avait peut-être un problème plus important. Dans tout les cas, il ne pourrait pas marcher correctement pendant quelques jours au vu de la puissance du coup dans la pierre.

Keiss finit par rester dans le silence quelques secondes, la douleur physique l'avait ramené dans la réalité. D'une voix un peu hagarde, il répondit :

-Mon nom, mon nom est Keiss.

La colère dominait toujours son esprit, il ne pouvait pas vivre sans elle. C'était son moteur, ce qui lui avait permis de survivre à tout. Pourtant la phrase de la louve avait mis un doute en lui, devait-il suivre le chemin de la vengeance ? Un autre était-il possible ? Il se retourna vers la louve.

-Tu as des personnes qui tiennent à toi Ashlys, alors arrête de te droguer. Arrête de t'ouvrir les veines. Arrête de mourir à petit feu. Si tu pense à autre chose de la vengeance, alors essaye de vivre.

-Il y a des blessures qui ne guérissent jamais... Mais un amputé peut réussir à vivre et faire quelque chose de sa putain de vie.

Il pensa au plus grand des connards que la terre est pu porter : Kaporal. Le loup avait réussi à échapper à la mort. Pas pour longtemps néanmoins, pas pour longtemps... Il reposa ses yeux sur la louve :

-Il te reste ta soeur... Et ce clan du feu qui finira bien par vous accepter de nouveau. Tu n'es pas perdu Ashlys. Pas complétement.

-Tu es la 4e personne à connaître mon prénom sur ces terres. On ne se connait même pas. Pour les autres c'est pareil. Je suis le seul à me rappeler de mon identité, et encore... Si je meurs, il n'y aura personne pour me pleurer. Je n'ai plus personne à décevoir. Il n'y a plus rien.

Pourquoi était-il en train de parler à cette louve ? Qu'est-ce qui le poussait à évoquer tout ça ? C'était la première fois qu'il racontait ce qu'il avait vécu. Il y avait trop de choses.

-il ne reste que la haine.

Le loup repensa à tout ce qui c'était produit. Tout ce qu'il avait fait. A comment il avait échoué sur toute la ligne.

-Mon père et mes sœurs sont morts en partis à cause de mon absence.... Je suis aussi leur bourreau.

Après, une telle faute, Keiss ne pouvait pas s'imaginer vivre tranquillement.

-Je n'ai plus le droit de vivre après leurs mort. Et je refuse de mourir sans amener un assassin dans ma tombe.

La douleur remontait dans sa patte. Elle permettait à Keiss de se sentir encore vivant... Ce faire mal physiquement c'était le seul moyen de faire ressortir ce mal-être profond. C'était une action bête et irréfléchis, mais tout était comme ça. La vie était absurde. Elle n'avait aucun sens, mêlant le drame à la comédie. Il y avait de quoi devenir fou...

La rouge ne s'était pas enfuie, ne l'avait pas laissée seul. Elle l'avait écouté. Keiss ne la regardait pas. Il fixait le sol. Quelque part il avait peur de la faire fuir. Cette inconnue, Ashelys, il voulait qu'elle soit là. Il avait peur. Il se sentait seul. Il était perdu. Sa boussole morale avait explosé. Le solitaire ne savait plus quoi faire. Il avait besoin de quelqu'un qui l'écoute et puisse lui répondre. C'était un besoin terrible pour un loup étant resté dans le silence pendant si longtemps.

Immobile et fragile, le loup resta dans le silence. Il avait ouvert son cœur et ses blessures. Tout comme avec Akui, Keiss cherchait des réponses. Le temps était presque comme suspendu. Seule la douleur lui donnait encore l'impression de vivre.

La louve s'avança, se posant prêt de lui. Keiss ne s'était pas battu avec elle. Ashlys n'avait pas peur de lui. Elle parlait comme elle l'aurait fait avec n'importe qui. Cette pensée lui réchauffa le coeur.

Il ne dépend que de nous d'avoir encore des personnes à protéger. Je suis peut être pas la meilleure pour dire ça Keiss: mais ne te détruit pas pour ce qui n'est plus.. De mon point de vu, tu n'es pas leur bourreau
Keiss avala sa salive. C'était la phrase qu'il avait besoin d'entendre. Celle qu'il n'osait pas prononcer. Pouvait-il vraiment dire qu'il n'était pas leur bourreau ? Laisser sa famille les avait condamné. Pourtant ce n'était pas lui qui les avait tué, c'était son absence. Le seul coupable était ce clan lâche... Si Kario était mort, Keiss serait mort en même temps. Le loup ne savait plus ce qu'il avait besoin de penser. Mais l'idée qu'il ne soit pas responsable de tout ça était une porte de sorti. Pour autant était-il digne de tout ça ? Avait-il le droit de vivre après tout ce qu'il avait fait ? Il ne savait pas. Il ne le pensait pas. Sa faiblesse, sa nullité, son idiotie et sa lâcheté avait provoqué la mort de famille. Keiss aurait dû mourir avec eux. Il n'avait pas le droit d'être là.

J'aimerais très sincèrement croire qu'un jour je serais capable de vivre avec ça également... les pertes, la solitude, le courage d'aller de l'avant et d'accepter le passé. Tu sais surement tout aussi bien que moi que c'est pas si facile.

Keiss posa son regard sur les pattes de la rouge. Elle avait vécu seule. Ils l'avaient laissé dans la solitude en sachant pertinemment qu'elle allait souffrir. Ashlys savait ce qu'était d'être le dernier... D'être le survivant. Seul les plantes lui permettait de vivre un peu. Et quelque pars Keiss avait envie de croire que c'était possible. Juste pour elle. Juste pour qu'elle puisse vivre pour de vrai.

Mais je ne pense pas que tu sois quelqu'un de perdu pour autant. D'une certaine manière, j'envie ta.. "bravoure débile", à ta place, j'aurais certainement été morte de trouille.
Même si.. c'est cette dernière qui t'as déjà mit une patte dans la tombe, elle est également celle qui te donne la force d'avancer malgré les blessures. Là où moi, je me contente d'entendre les choses se défiler devant moi sans jamais rien faire..

Comme elle l'avait écouté quelques intant auparavant, Keiss fit de même. Il resta dans le silence.
Il ne savait pas quoi dire... Et ne pouvait rien dire. Sa respiration était encore trop saccadée. IL y avait encore top d'émotion en lui pour exprimer quoi que ce soit. La rouge disait exactement ce qu'il avait besoin d'entendre. Que tout n'était pas perdu, qu'il restait quelque chose.
Elle disait que cette "bravoure" lui avait permis d'aller de l'avant, pourtant c'était ce sentiment qui l'avait fuir de ces terres. En restant passif tout ça ne serait jamais arriver. Ou alors Keiss serait mort au moment où il aurait dû : avec sa famille.

D'une voix hésitante, la rouge finit alors par demander:

C'est..c'est vraiment ce que tu cherches ..?

Keiss ne s'était pas posé la question. Il avait toujours fait ce qu'il devait faire, pas ce qu'il voulait. Sa famille, la vengeance... Est-ce que c'était vraiment possible de vivre après tout ça ? Est-ce qu'il y avait vraiment quelque chose à faire ?

Le solitaire finit par lentement tourner les yeux vers la rouge. La question avait touché en plein cœur. C'était quelque chose auquel il ne pouvait pas répondre. C'était au centre de toutes ses questions et ses douleurs. De tout ce qui faisait de lui ce qu'il était. Keiss planta son regard dans celui d'Ashlys. Il avait les yeux larmoyant. Il était perdu, complétement perdu...

Le loup finit alors par répondre lentement, contrastant violemment avec sa dernière action :

-Je ne sais pas...

Il posa de nouveau son regard sur le sol, incapable de supporter un peu plus le regard de la rouge. Il aurait voulu reculer mais ne bougea pas. Il secoua brusquement la tête comme pour essayer de remettre ses idées en place puis répéta :

-Je ne sais pas...

Keiss était désemparé, incapable de répondre. Il était venu pour trouver des réponses... Mais ne pouvait pas en donner lui-même.

Il eut un silence.

Achelys était juste à côté. Elle ne savait surement pas quoi dire. Il n'y avait pas de réponse,pas de vérité absolu. Il n'y avait rien... Keiss essaya de se reprendre, mais il pleurait sans pouvoir se maitriser. Les émotions peuvent être contenu pendant une période mais pas indéfiniment. Pleurer était presque réconfortant. Keiss n'était pas une brute intérieurement. Son aspect physique donnait cette impression,son poil rêche, sa maigreur, sa mauvaise odeur et son agressivité constante. Mais au fonds de lui, le solitaire n'était qu'un loup perdu et abimé par la vie.

Dans le silence, le gouffre qu'il avait sous les pattes semblait s'ouvrir un peu plus. Il n'y avait pas de réponse, pas de solution... Juste le silence.

Il releva néanmoins la tête quand il la rouge jetait sa besace. Elle pleurait. Le désespoir pouvait se lire dans ses gestes de rage. Elle venait de balancer toute ses plantes. C'était un geste fort.

Depuis tout ce temps... comme si j'avais des crocs acérés dans la tête...Tu ne sais même pas qui je suis et pourtant tu es le seul à avoir prit le temps d'essayer de comprendre...

Keiss ne savait que trop bien ce que voulait dire la jeune louve. Cette sensation d'avoir des épines qui poussent dans son propre crane. De se retrouver à chercher une compagnie, n'importe qui,un ennemi même... Juste quelqu'un. Le solitaire senti alors un amas de tristesse s'abattre sur lui. Achlys avait pourtant un clan et personne n'avait pu l'écouter. Il y avait d'autres loups et tous l'avait vu, tous l'avait laissé seul. Une vague de colère contre le clan de l'air monta en lui. Ils avaient eut la responsabilité de protéger quelqu'un, mais à la place, ils avaient créé sciemment la solitude de la jeune louve. C'était terrible. C'était cruel. Keiss la regarda avec compassion.

Le loup ne pouvait pas reste indifférent pour la louve qui l'avait écouté. Elle était importante pour lui. De la voir dans un tel état de détresse, les larmes lui défigurant le visage lui était douloureux.

Je suis désolé pour toi... Car je sais à quel point ça fait mal...Combien il est difficile de se raccrocher à quelque chose quand on vous a déjà tout pris...
Je ne sais pas non plus pourquoi j'ai encore peur car je n'ai plus rien à perdre.

Keiss resta silencieux. Quand il avait croisé la louve, il n'aurait jamais imaginé qu'ils puissent avoir une histoire si proche... Et pourtant si éloigné. Il comprenait parfaitement ce qu'elle voulait dire. Ce sentiment brute de désespoir, ce sentiment profonds d'inutilité. Que tout, absolument tout avait été pris. Pour Keiss s'était la rage contre le monde et surtout contre lui-même qui l'avait poussé à survivre. Il fallait qu'il se rachète, qu'il se pardonne.

Mais actuellement, j'en ai vraiment marre de voir tout les gens que je rencontre disparaire un a un... Alors s'il te plait ne part pas.

Elle avait fermé les yeux en disant ça, les mâchoires fermées. Cette demande était extraordinaire et incongru. Keiss était profondément surpris. Il tourna légèrement la tête sur le côté tout en regardant la louve. Elle pleurait.

Le moment était tragique et pourtant. Cette demande était extraordinaire. Le loup sentit quelque chose se passer dans son esprit, dans son coeur. Il avala sa salive et ouvrit la gueule. Sa voix s'était faîte plus douce et plus fragile.

-Je ne partirai pas.

La phrase était sorti d'elle même. Elle était sortit directement de son cœur. C'était une évidence. Il ne pouvait pas la laisser seule. Achlys l'avait dit elle-même, il ne tenait qu'à nous d'avoir quelqu'un à protéger. Et Keiss voulait protéger Achlys, il avait envie de la voir heureuse. Qu'il n'y est plus cet air triste sur son visage. Qu'il n'y ait plus de larmes, si ce n'est celles du bonheur.

Keiss avait trouvé une réponse.

Le loup se força à sourire. Il avait un air faux, triste et maladroit. Mais il voulait lui montrer qu'elle pouvait compter sur lui. Pendant un bref instant, il voulu s'avancer vers elle. Mais il n'osa pas. Il avait peur de la blesser, de la casser un peu plus. C'était un moment fragile,éphémère et précieux.

Keiss savait qu'il ne partirait pas avec Akui. Le Dieu lui avait proposé une vengeance nette, une réponse à ses pulsions de haine. Il lui avait donné la possibilité de tuer. De pouvoir trouver l'assassin de sa famille et de le réduire en miette. Mais Achlys lui avait montré qu'il y avait une autre voix, celle de l'amour. Ce n'était pas un amour transcendent ou amoureux, c'était de celui de l'affection. La joie de voir son entourage heureux. Il n'y avait pas plus grand pouvoir que l'amour.

Keiss n'était pas quelqu'un de profondément mauvais. Depuis toujours, il ne cherchait qu'une seule chose,celle d'être aimé.

Le solitaire avait retrouvé une respiration normal. Il se calmait. Sa tempête intérieur avait grandement diminué. Il savait ce qu'il devait faire où plus exactement ce qu'il voulait faire. Tout était devenu très claire dans son esprit. Il y avait toujours une douleur terrible encrée en lui. Quelque chose qui l'empécherait encore de vraiment vivre pendant un longue période. Keiss ne pourra jamais effacer le passé, jamais effacer ses crimes et ses lâchetés, mais il pouvait encore aider la louve à être heureuse.

-Je ne partirai pas Achlys. Jamais. Je veux dire, je ne veux pas te laisser seule... Je voudrais t'aider un peu.

Il baissa la tête pour chercher le regard de la rouge. Il était franc et maladroit.

-Mais toi aussi, dis-moi que tu ne chercheras plus à te faire du mal...Du moins essayer. J'ai perdu trop de gens, je ne veux pas te perdre toi.

Pourtant quelques heures auparavant, la louve était encore une totale inconnue. Et elle l'était encore. Mais Keiss était sincère. Profondément sincère.

La louve rouge finit par lentement se rapprocher de Keiss et poser sa tête contre le poitrail de celui-ci. Le loup resta figé. Il ne voulait pas casser cet instant... Et puis cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas eut un contact physique avec un autre individu de son espèce. C'était étrange, presque réconfortant.

Il n'était pas un monstre pour que Achlys accepte de s'approcher de cette façon.

Le loup ferma les yeux un instant puis répondit très doucement :

-Je te le promet.

Puis le loup ne bougea plus, n'osant pas briser cet instant. Keiss n'avait pas envie que cela s'arrête.