Elle était arrivée pendant la nuit, avec sa fille. Après son changement de pouvoir, Midéro avait effectivement fais les 100 pas pendant un moment avant de s'endormir, cherchant une réponse à cette punition... Pour l'instant, elle considérait son nouveau pouvoir comme une punition. Elle changera peut-être de point de vu au fil des semaines, mais pour l'instant elle l'avait en horreur. Akui ne lui avait pas donné de directive, mis à part ne pas user de sa fumée néfaste sur ses collègues. Donc, aux dernières nouvelles, elle est libre de faire ce qu'elle veut pour l'instant. Cela veut donc dire qu'elle peut user de son... pouvoir, sans attendre un quelconque signal ? Probablement. En tout cas, si elle le fait, elle n'aura pas désobéit à un quelconque ordre. Enfin, elle ne va pas l'utiliser tout de suite. Ça, c'est sûr.

Elle sortit de son sommeil en milieu de matinée. Skandyème n'était plus là. Elle ne s'en inquiéta pas. Sa fille était probablement parti faire le tour de leur nouvel habitat. Elle avait sans doute dû tomber sur une ou deux personnes étrangères, mais connaissant sa fille, elle a dû s'en sortir. Midéro ne savait pas du tout combien de personnes habitaient ici. Il est tant de le découvrir. La noble cornue s'étira en baillant et se leva. Elle s'ébroua ensuite et passa sa patte avant gauche plusieurs fois dans sa tignasse, comme une brosse dans ses cheveux. Une fois que ce fut convenable, elle passa à son poitrail possédant un poil dense bien pratique en hiver ou les nuits froides, car faisant office d'écharpe. Après avoir remis un peu d'ordre, elle finit avec sa queue où elle enleva les quelques saletés s'étant accrochées pendant leur marche nocturne. Prête, elle sortit de cette pièce. Elle se redressa pour adopter sa posture de noble : tête haute et le regard droit devant elle. Elle se mit à trottiner, ses griffes claquants sur la pierre du château. Elle arriva à l'escalier principal faisant la liaison entre l'étage et le hall. En bas, elle vit trois personnes discutant. Elle descendit les marches d'un pas élégant et salua le petit groupe en arrivant en bas. Ils la regardèrent d'un air interrogateur, ne sachant visiblement pas s'ils devaient la chasser ou pas. Elle s'assit et dissipa vite leur hésitation en les informant qu'elle était arrivée cette nuit. S'en suivit une petite discussion qui s'arrêta d'un coup, lorsqu'ils se mirent soudain à reculer.

Midéro ! Cela fait si longtemps. Depuis Pandore je crois. Qu’as-tu donc fait ces dernières années ? Je suis curieuse de savoir.

Elle se tourna et vit Médée. Celle-ci lui souriait de façon amicale, mais Midéro voyait bien dans ses yeux la folie caractéristique de cette louve. Cela fait longtemps qu'elle n'a pas vu ce regard effrayant. Elle lui sourit également en retour, d'un air espiègle. Elle se tourna complètement vers elle.

Cela ne m’étonne pas que tu sois ici. Par contre, je m'étonne de te voir en vie. Ne le prend pas mal, Médée, mais depuis Pandore, je n'ai eut aucune nouvelle te concernant. Aucun de mes contacts ne t'as, ne serais-ce qu’aperçut.

Connaissant Médée, elle s'était évidemment très bien cachée des autres. Avec les Démonia qui ne veulent pas d'elle en vie et les autres clans qui savent qu'elle faisait partit des rangs de la Mort, la louve à neuf queues a plutôt intérêt à devenir invisible. Mais quand même, c'est étonnant de la voir.

Je suppose que je n'ai pas besoin de te dire d'où je viens : mon odeur parle d'elle-même. Mes talents ne m'ont jamais quitté. Dit-elle avec fierté.

L'ex-Démonia verra sans doute l’insinuation. Si elle n'a pas oublié le caractère de Midéro. La louve fine n'avait jamais usé de ses talents de manipulatrice sur la rouge, sauf peut-être au tout début, car elle savait qu'elle ne pouvait la duper de la sorte. Néanmoins, Médée l'avait déjà vu faire.

En tout cas, tu es en forme à ce que je vois : tu as le même regard qu'autrefois.

Le regard de Midéro fut ensuite capté par une chose s'étant mouvé derrière Médée. Auparavant caché par ses queues, elle vit une boule noire bouger doucement. Intriguée, sa tête se pencha légèrement sur le côté d'un air interrogateur, gardant les yeux là-dessus.

Sa comparse se mit à rire follement. Visiblement, le compliment lui faisait plaisir. La dernière personne qu'elle avait entendu rire de la sorte fut Zal. Elle lui répondit ensuite. Effectivement, elle s'était cachée. Elle n'avait donc pas quitté le pays depuis tout ce temps. Midéro nota sa prouesse. Pour se cacher aussi bien au point d'être invisible, elle devait sans doute côtoyer les monstres du marais ou arpenter les souterrains. La rouge fut ravi de savoir que la cornue n'avait pas eut une once de nouvelles la concernant, prouvant ainsi que sa cachette était parfaite. Après une courte pause, Médée reprit, avouant être surprise qu'elle fut accepté au clan du Feu. Midéro sourit fièrement, se sentant flattée face au compliment. Certes, elle ne pouvait pas duper Médée, mais à quoi bon ? Son esprit est bien trop fort et fou pour ça. Elle n'avait pas besoin de manipuler quelqu'un comme elle. Et même si elle le pouvait, ce serait très dangereux.

La louve à neuf queues remarqua, bien entendu, l'air interrogateur concernant sa boule de compagnie. Oui, je suis toujours aussi prête à tout qu’il y a quelques années. Avant, je ne pouvais pas me mesurer aux Démonias, mais maintenant…

La phrase laissée en suspens indiquait que maintenant, c'était le cas. Si Médée décide de se lancer dans le clan du Feu pour attaquer sa famille, elle aura une drôle de surprise en voyant les hauts-gradés... Sans parler de la dragonne d'Idryss. Le clan du Feu est encore affaibli, mais il reste des adversaires de taille pour Médée. Enfin, ce n'est pas peut-être pas la peine de l'avertir. Si elle décide d'y aller, elle ira.

La boule noire se mit à bouger d'autant plus et alla se mettre à côté de Midéro qui continua d'observer la chose avec curiosité. La boule dégageait de la chaleur.

Ça, Midéro, c’est mon nouvel atout. Un petit cadeau de ce cher Akui en échange de ma coopération. C’est un élémentaire de feu supérieur, un démon de feu en somme. Là il est calme, je ne peux pas le rendre actif ici, ça serait trop dangereux. Il m’obéit sans poser de questions et c’est ça que j’aime chez lui.

Médée se leva ensuite et vint poser ses postérieures sur la boule noire. La position de Médée était assez rigolote.

Tu ferait mieux de ne pas le toucher. Moi je peux, car je le domine et il m’obéit, mais il brûlerait gravement tout autre. Akui m’a dit de ne pas tuer les autres disciples. Brûler au 4e degré ne veut pas dire tuer, n’est-ce pas ? Ne t’en fais pas, tu n’as rien à craindre de lui, tant que je t’apprécie. Il m’a fait cadeau de ça aussi.

Rester dans les bonnes grâces de Médée, c'est noté. Elle n'avait surtout pas envie de se faire brûler. Par contre, Midéro n'était pas si sûre qu'elle, concernant la non-mortalité de ce type de brûlure... À coup sûr, la personne meurt, tellement elle se fait rôtir. Si ce n'est pas par le feu, ce sera par la douleur. De toute façon, Midéro et elle n'ont pas de raisons de ne pas s'apprécier. Elles s'étaient côtoyées pendant Pandore et tout c'était bien passé.

Médée lui montra son épaule où y figurait un symbole. Ce n'était pas le même qu'elle. Akui marque-t-il tous ses fidèles ? Il faudra qu'elle vérifie, histoire de savoir. Si tel est le cas, alors sa fille portera également une marque imposée par leur dieu. D'ailleurs, est-ce que Skandyème l'a rencontré ce matin ? Hum, elle lui demandera quand elles se verront.

On dirait qu’Akui t’a aussi fait une faveur. Dit-moi tout, de quoi s’agit-il ?

Midéro leva les yeux par réflexe, car bien évidemment, elle ne pouvait voir ses cornes. Tout en levant les yeux, elle leva sa patte droite qu'elle posa sur la marque. C'est la 1ère fois qu'elle la touche. Elle pouvait clairement sentir la gravure sous ses coussinets. Elle prie alors le temps de la toucher pour distinguer quelle forme elle a. Elle réussit à deviner la forme ᚴ (Kaun), dont elle ne connait pas la signification. Elle posa ensuite sa patte et reposa son regard fantomatique sur Médée.

Oh et bien, rien de spécial. Il m'a juste réglé mon pouvoir en y ajoutant des effets secondaires sur la victime.

Elle regarda Médée avec jalousie. Fort heureusement, ses yeux blancs voilaient ses sentiments. Son mensonge pouvait passer, car après tout, son pouvoir de base fut très utile lors de Pandore pour enrôler des membres et les garder dans le clan. Akui lui a donné une entité démoniaque et moi, je repends des maladies comme un rat ou un vulgaire moustique... Ne put-elle s'empêcher de penser. Elle espéra très fortement ne pas être la seule avec un pouvoir disgracieux. Ou au moins ne pas être la seule avec une situation merdique. Elle avait beau voir la puissance de son don, elle en restait frustrée et irritée.

Tandis que Midéro la regardait en silence, attendant la suite de leur conversation, Médée ordonna à l'entité démoniaque de prendre forme. La boule se transforma alors, prenant un corps de feu. Son corps prit une grande taille, une paire de membres aux pattes semblables aux singes apparurent ainsi qu'une tête. L'être enflammé dégageait une grande chaleur, tel l'environnement qu'offrent les montagnes du Néant en plein été. La noble cornue s'était reculée. Ses oreilles s'étaient baissées, sa queue s'était plaquée contre elle et les poils de ses omoplates s'étaient dressés. C'était impressionnant. Médée se jeta d'un coup sur elle, la plaquant au sol.

Me croit-tu faible au point que me regarder avec un tel dédain sera sans conséquences ?

Midéro avait voulu déclencher son pouvoir par réflexe, mais seul un tout petit nuage mauve apparut, ce qui fut étonnant. Probablement parce qu'elle n'affectionne pas son pouvoir, mais elle n'a pas le temps d'être étonné par ce manque. Lancer sa fumée est son meilleur moyen de défense, mais maintenant qu'il n'a plus l'effet apaisant, ce serait probablement inutile. Quoique, Médée aurait pu être prise d'une toux à cause de la fumée et Midéro aurait été camouflée momentanément. Ce qui lui aurait suffit pour fuir. Seulement, elle était toujours au sol, plaquée par la patte de Médée, celle-ci au-dessus d'elle. La noble cornue n'avait pas la carrure nécessaire pour se dégager de l'emprise de l'imposante ex-Démonia.

Elle pensait que ce serait une "simple" démonstration de son don, mais c'était bien plus que ça. La louve à neuf queues comptait lui faire peur et c'était réussit. Midéro n'était pas du tout sereine. Médée venait de péter l'un de ses câbles et ce n'était pas une situation facile à gérer. Elle avait eut à gérer quelques-uns de ce genre d'incident par le passé, mais depuis le temps, elle n'est pas sûre de réussir à calmer la démone. D'autant plus que cette fois-ci, il y a une entité de feu prête à la brûler toute entière au moindre mot de sa maîtresse. Essayant de paraître le plus calme possible, elle tenta :

Allons Médée, comment oserai-je te regarder avec dédain ? Nous nous connaissons bien. Je sais que tu es loin d'être quelqu'un d'insignifiant. Si mon regard t'a paru hautain, c'est un malentendu, je ne l'ai pas fait exprès, je te le promets..

Elle ajouta un petit sourire engageent, bien que tendu. La queue de la noble tapotait nerveusement le sol.

Médée se retira, laissant à Midéro le loisir de se relever. Celle-ci ne se fit pas prier et se releva d'un coup en s'éloignant d'elle d'au moins quatre mètres. Elle s'ébroua et soupira de soulagement. Les battements de son cœur se calmèrent.

Tu as de la chance qu’on se connaisse depuis longtemps et que je t’apprécie.

L'entité de feu était retournée à son état de boule noire flottante, tandis que la démone à neuf queues la scrutait, les yeux plissés. Midéro refit son sourire amical et crispé. Le ton de Médée était redevenu neutre, bien qu'un brin de folie restait dans ses yeux rouges flamboyants. À tout moment, ce brin de folie pouvait à nouveau dominer.

C’est curieux. Quand tu te trouvais dans cette situation, tu utilisais toujours ton pouvoir pour calmer le jeu plus facilement. Pourquoi pas cette fois ?

Doit-elle le lui dire après ce qu'il vient de se passer ? Il y eut un moment de flottement avant qu'elle prenne une décision et réponde :

Akui m'a interdit d'utiliser mon pouvoir sur mes collègues... Elle fit une mine blasée en soupirant, avant de poursuivre : Je n'ai pas envie de me faire sermonner par notre dieu. Toi non plus j'imagine. Alors, j'ai retenue mon réflexe. A-t-il déjà puni quelqu'un ici ?

Bien que Médée lui avait fait peur, elle ne tenait toujours pas à ce que quelqu'un apprenne la nature de son pouvoir. Elle n'était pas prête à l'accepter et à le divulguer, même avec la menace précédente. Si Médée ne tenait pas non plus à se faire punir par Akui, alors lui rappeler la présence du dieu sera peut-être bénéfique pour la suite. La démone à neuf queues retiendra peut-être ses pulsions si d'autres lui viennent. La fine louve essayait de dévier doucement la conversation vers les autres habitants du château. Elle voulait clore le sujet des pouvoirs. Encore faut-il que Médée lâche l'affaire.

Ainsi, personne aussi fou soit-il n'a osé défier ou déplaire à leur dieu. Au moins, ça prouvait à Midéro que n'importe quel écervelé pouvait être doué d'un semblant d’intelligence quand il s'agit de ne pas défier une force supérieure prête à vous punir. Akui ayant certainement donné à tous les habitants de ce château l'ordre de ne pas s'entretuer ou se blesser gravement, la fine louve n'avait pas de quoi s'inquiéter. Personne ne lui fera de mal. Du moins, elle espérait, car Médée était l'exemple qu'ils pouvaient bien se battre entre eux pour affirmer leur supériorité sur autrui ou tout autre chose. En clair, tant qu'ils ne blessent pas gravement l'autre, ça rentre dans l'acceptable... De toute façon, Midéro n'a pas l'intention de défier quelqu'un ici. Elle connaît bien ce type de climat dangereux où l'on peut croiser tout psychopathe ou tueur.

Médée avait observé la pièce et l'étage. Midéro en fit de même, se rendant compte que les deux autres de tout à l'heure n'étaient plus là. Ce n'est pas étonnant vu la démonstration de puissance que la louve à neuf queues avait fait. Il n'y avait personne dans le hall, mis à part elles. Elle se demande où pouvait bien être les autres colocataires... Surement dehors, dans le domaine, à marquer le territoire pour certains ou chassant pour d'autres. La voix de son amie, si on pouvait la qualifier ainsi, ramena son attention. Elle ajouta à sa réponse :

En vérité, il y en a un qui s’est déjà fait réprimander par Akui. Ce… Rahawk… un descendant direct de Gothic d’après ce que j’ai entendu à son sujet. Ce loup a donc fini par avoir des gamins… Lamentable.

Oh, c'est donc vrai ! Il y a bien un descendant de cet ancien prisonnier ici. L'information l’intéressa et elle fut toute ouïe. Visiblement, Médée n'avait pas su que leur ancien compagnon de clan avait eut des louveteaux. Remarque, rien de plus normal avec ces années de cavales ! Par contre, si elle pense que ce Rahawk est le seul petit, elle sera bien étonnée quand elle lui divulguera cette information : elle n'eut pas le temps de le lui dire, que l'ex-Démonia continua.

- D’ailleurs, Akui ne donne pas ces… marques à n’importe qui.
- Orf c'est pas vrai !, pensa-t-elle en suivant, se doutant du retour de la conversation initiale.
- Tu es la quatrième que je vois porter une rune apposée par notre dieu. Ceux qui en ont reçu ont aussi reçu un pouvoir plus puissant que les autres. La plupart gagnent de petites faveurs d’Akui, mais pas ceux qui portent une rune de son écriture. Alors dit-moi, Midéro, qu’est-ce qu’Akui t’as donné précisément.

Médée n'est vraiment pas une personne que l'on peut duper facilement. Cette folle, quand elle a un avis bien ancré, est la plus entêtée que Midéro ait connue. La noble cornue n'allait pas s'en tirer facilement, elle le savait. Doit-elle une fois de plus nier et essayer d'en apprendre plus sur les autres ? Elle soupira d'agacement, montrant ainsi à son interlocutrice le fond de sa pensée face à son insistance. Le dire ou ne pas le dire ? Tel est le dilemme ultime. Elle savait très bien qu'en lui disant, cette démone se rira de son malheur à gorge déployée. Mlle.Midéro refusait que quelqu'un se moque d'elle.

Je ne suis pas prête à révéler mon nouveau pouvoir. Je ne sais pas pourquoi, mais il semblerait que notre dieu m'ait puni...

La fin fut prononcée de façon amère. Elle n'arrivait toujours pas à comprendre et peut-être ne comprendra-t-elle jamais. Elle avait envie de demander directement à Akui. Seulement, elle n'avait guère envie de le déranger. Elle savait d'avance que pour lui, malgré qu'elle essaye de comprendre ce geste, ce ne serait que des jérémiades.

Quand je serai prête à ce que quelqu'un se moque de moi... Tu seras la première à qui je le dirai de vive voix.

Elle pinça les babines, les poils de son échine s'étaient dressés et elle fronça des sourcils, la regardant avec un air mauvais. Elle détestait qu'on se moque d'elle, alors cette promesse est des plus déplaisantes, d'où son attitude en cet instant. Elle entendait et voyait déjà Médée se tordre de rire sur le sol à l'entente de cette future révélation. Midéro ferma les yeux et tourna la tête sur la droite. Elle rouvrit les paupières et tout en regardant dehors annonça :

En parlant de ce cher Gothic... À ma connaissance, il a huit descendants directs. Des nouveaux sont arrivés cette année.

Midéro se demanda un instant si le fils, Rahawk, en est déjà informé que ce soit par le biais d'Akui lui-même ou de quelqu'un d'autre. Quoiqu'il en soit, si ce n'est pas le cas, il l'apprendra bien assez tôt, maintenant qu'elle vient de le divulguer. Sauf si Médée le garde pour elle pour une raison inconnue.

Mlle.Midéro sentit le désir ardent de l'ex-Démonia pour savoir quel était son pouvoir. Néanmoins, Médée sortira frustrée de cette discussion, car la noble fine ne comptait pas en dire plus. Elle devra attendre sagement qu'elle vienne à elle dans le but de le lui divulguer, comme elle venait de le lui dire. Midéro dévia une fois de plus la conversation sur Gothic et ses descendants, ce à quoi répondit Médée :

Je sais déjà cela, ou plutôt disons que je l’ai deviné. Depuis quelques mois, Rahawk est devenu bien plus obéissant. Cela ne lui ressemble pas de soudainement plier à la moindre demande. Il devait avoir quelque chose à protéger. J’ai appris que si il était ici, c’est qu’il protégeait sa famille de l’influence d’Akui. Mais je suppose que son contrat ne couvrait pas l’arrivée de nouveau frères et sœurs. A présent, j’imagine qu’il craint plus que tout une représaille de notre cher Akui si jamais il lui déplaît.

D'accord. Son information fut inutile. Elle devrait essayer de rencontre ce Rahawk, pour voir de quoi il a l'air. En tant que fils de Gothic, il doit être imposant et attiser une certaine crainte. Sinon, Akui ne l'aurait pas choisi. Par ailleurs, c'était un adepte qui s'était fait enrôler de force. Il serait intéressant de savoir ce qu'il pense de tout cela. Et peut-être, essayez de le faire changer d'avis. Il était ici pour protéger sa famille, c'était noble de sa part. Que pense Gothic de tout cela ? Il avait vraisemblablement changé, puisqu'il avait officiellement une famille. Midéro sait très bien qu'il y a des gamins illégitimes qui traînent dans le pays, qui sont ailleurs, au-delà des frontières ou qui sont morts, qu'il ne connaît même pas. Ce n'est un secret pour personne quand on a fait partie du clan de La Mort. Pandore laissait faire ses bons guerriers pour espérer avoir des futurs membres forts. L'imposant crêteux doit certainement espérer revoir un jour ce fils qui compte pour lui, et en un seul morceau.

Je me ferai un plaisir d’en torturer un si Akui me le demandait. Tu seras toujours capable de torturer des loups au moins ? Ça serait dommage que tu perdes ce talent si utile.

Médée essaya de nouveau de soutirer des informations sur son pouvoir. Elle était vraiment bornée, la situation en devenait risible. Midéro n'avait pas envie de passer tout le début d’après-midi à esquiver les allusions et questions de Médée par rapport à son pouvoir. Elle lui avait explicitement fait part de son refus et lui avait même dit qu'elle serait la première à qui elle le révélerait. Seulement, ça n'avait pas l'air d'être assez pour la démone. Tant pis, elle se contentera de ça.

Ne t'inquiète pas, je peux les faire se tordre de douleur !

Elle lui sourit de nouveau avant de se lever et de s'avancer vers la porte.

C'est un plaisir de te voir ici, mais il faut que je retrouve ma fille. A tout à l'heure !

Elle poussa la porte et sortit de l'enceinte du bâtiment. Elle renifla l'air d'où s'y mélangeaient plusieurs odeurs d'origine différente : clanique et solitaire. Il fallait s'habituer à ça pour bien repérer les individus. Mais dans quelque temps, ils revêtiront tous la même odeur : celle d'un clan, un nouveau clan sous la bannière d'Akui. Elle descendit les trois marches devant la porte et se mit à trottiner dans la cours florissante de roses. Il fallait qu'elle explore les jardins et le bois pour voir de quelles merveilles ils sont faits.