YSTRELLE

Il était tard quand on vint la chercher. Ystrelle, Gothic et leurs petits partageaient un repas fait de sanglier et de lapin. Cynthia jouait doucement avec Nils, Ellana et Akila pour leur plus grande joie. Verd n'était pas rentrée, mais ça lui arrivait de manger avec son ami Ragnar, dans la tanière de Tanyxoth. Et puis, comme Cynthia, elle était adulte maintenant, en soit elle avait le droit de quitter la tanière familiale pour s'installer dans une des tanières vides. La chasseuse savait que Verd finirait par faire ce choix puisqu'elles étaient en froid. Et cette situation pesait à la mère, elle s'était mal comporté avec sa fille et l'avait profondément blessée. Elle s'en voulait énormément.

Quand Lenael vint les prévenir qu'il les avait ramenés au camp, elle et Ragnar, et qu'ils étaient à la tanière de Jeys, elle avait bondit sur ses pattes, ne laissant même pas à Gothic le temps de faire un seul mouvement. Elle courut vers la tanière de la louve. L'odeur de sang était forte mais ce n'était pas celui de Verd, l'odeur d'ours en revanche, surpassait tout. Ystrelle frémit, comment sa fille s'était-elle retrouvée face à un ours? La crêteuse la fit entrer et lui demanda d'attendre pendant qu'elle fixait une attelle à la patte de sa fille. Elle crut qu'elle parlait de sa patte normale mais elle la vit fixer les attelles sur le cristal de sa patte gauche, elle failli défaillir. L'ours avait réussi à fissurer le cristal. Verd était dans un état second, les pupilles dilatées, mais semblait revenir à elle peu à peu. Quand elle eut fini, et comme ses blessures ne mettaient pas la vie de la jeune louve en danger, le médecin lui permit de la ramener à la tanière familiale.

Ystrelle la soutint jusqu'à chez eux. Elle l'installa sur sa couche, vers l'entrée de la tanière et se coucha près d'elle. Gothic vint la voir et lui donner un coup de museau affectueux avant de les laisser seules pour retourner s'occuper des monstres. L'odeur d'ours sur la fourrure de sa fille la rendait malade. Que s'était-il passé? Comment avait-ils pu être en contact avec un ours? Verd gémit doucement, semblant reprendre peu à peu conscience.

Verd? Tout va bien mon bébé, tu es à la maison, plus rien ne peut t'arriver.

Verd était dans un état second et sombrait par moment dans l'inconscience. Elle avait terriblement mal à sa patte... Les derniers événements étaient devenus flous. Elle ne comprenait pas comme elle avait fini par arriver à la tanière familiale. Il lui semblait pourtant être dans une prairie la dernière fois...

La louve sentit l'odeur de son père et celle de sa mère. Il y avait aussi les autres enfants terribles. Elle les entendait parfois piailler... Elle espérait au moins qu'aucun de ces salles gosses ne viennent essayer de faire de l'emmerder alors qu'elle était dans cet état.

Verd avait la bouche pâteuse.Un terrible mal de crane s'annonçait. D'un seul coup ses pensées se tournèrent vers Ragnar. Elle ne souvenait pas exactement comment mais le loup l'avait sauvé. Elle espérait qu'il allait bien... Elle ne souvenait même plus de son état. Cette pensée lui creva le coeur.

Verd? Tout va bien mon bébé, tu es à la maison, plus rien ne peut t'arriver.

La louve ouvrit un oeil et vit sa mère. Elle était donc bien à la tanière familiale. Elle essaya de bouger un peu puis grimaça sous la douleur.

-Ma patte me fait super mal... Sinon, je crois que ça va.

Elle demanda ensuite :

-Ou est Ragnar ? Il va bien ?

Elle espérait vraiment qu'il aille bien... Il était trop important pour disparaître comme l'avait fait Rawhak... Ca serait beaucoup trop douloureux...

YSTRELLE

Verd sembla peu à peu reprendre ses esprits. Elle ouvrit un oeil et grimaça de douleur. Ystrelle grimaça elle aussi par empathie pour sa fille. Elle pouvait voir les fissure dans le cristal, si Verd pouvait sentir la douleur, c'était qu'il était plus ou moins vivant, mais pouvait-il se réparer seul, comme un os? Ou serait-elle handicapée à vie? Obligée de porter une attelle pour pouvoir se déplacer. Elle tentait de le cacher, mais cette angoisse la dévorait.

Ma patte me fait super mal... Sinon, je crois que ça va.
Ou est Ragnar ? Il va bien ?

La mère sourit doucement, elle retrouvait la Verd douce et prévenante, pas de remarque acerbe, pas de piques brûlantes, pas de rejet total de sa mère. Elle avait mal oui, et elle espérait que sa douleur n'était que temporaire. La chasseuse sentait le regard de Gothic sur elles, mais il avait accepté de lui laisser la place auprès de leur fille. Peu importe qu'elles soient en froid, Verd était son bébé et elle l'aimait profondément. Elle se devait d'être là quand elle vivait des moments difficiles. Elle répondit doucement.

C'est normal, le cristal de ta patte a été brisé, Jeys t'as posé une attelle mais il faut que tu évites de t'appuyer dessus. Ragnar est avec elle, ses blessures sont impressionnantes mais ne sont pas graves, il se remettra vite.

Maintenant que Verd était rassurée, Ystrelle devait savoir ce qui s'était passé. Pourquoi la fourrure de sa fille était elle aussi imprégnée de l'odeur d'un Ours? Avaient-ils été surpris alors qu'ils se promenaient hors du camp? Les ours sortaient d'hibernation à cette période de l'année et ils étaient affamés.

Verd? Que s'est-il passé?

Quand sa mère répondit, Verd reposa sa tête au sol. Sa patte avait été brisée... Oui elle se souvenait maintenant. Elle n'avait pas pu bouger lorsque l'ours s'était approché. La seule chose qu'elle avait réellement réussi à faire, c'était se protéger avec sa patte cristalline. Si elle n'avait pas réussi à réaliser e geste là, elle aurait été décapité par l'animal. Elle prit une longue respiration. Elle aurait pu mourir à ce moment là... Et dire que quelques temps auparavant, elle avait dit qu'elle voulait tuer un Dieu. La louve était bien prétentieuse pour prétendre s'attaquer à Akui alors que la simple vu d'un ours la paralysait de peur... D'ailleurs elle ne savait pas trop de quoi venait cette peur. Auparavant, elle n'avait jamais été confronté à cette animal.

Désormais, sa terreur était justifiée.

Quand à Ragnar, de savoir qu'il allait bien satisfaisait pleinement la louve. C'était de sa faute si elle avait embarquée Ragnar dans cette chasse. D'ailleurs si elle n'était pas restée paralysée de terreur, jamais le loup n'aurait eut à intervenir. La situation se répétait. Sa faiblesse mettait constamment les autres dangers. Verd se senti alors minable.

Elle ne réussissait que dans une seule chose : l'échec perpétuel.

Ystrelle finit alors par demander ce qu'il s'était passé exactement. Verd n'avait pas envie de répondre et encore moins d'expliquer son comportement. Surtout devant sa mère. La louve allait encore la décevoir, si c'était encore possible. La princesse cristalline se sentait creuse, devant un tel constat, des larmes auraient dû lui monter aux yeux et pourtant ils étaient sec. Sans prendre le temps de regarder sa mère, elle répondit :

-Tu devrais aller t'occuper de tes monstres. Et pour le reste, je ne m'en souviens pas.

Verd était couchée, la tête tournée sur le côté, son langage corporelle était clair envers Ystrelle : Laisse-moi tranquille.

YSTRELLE

Verd posa sa tête au sol, elle semblait revivre dans sa mémoire ce qui s'était passé mais ne le partageait pas avec sa mère. Le retour de la fille qu'elle avait vu grandir aurait été de courte durée. La Verd renfermée reprenait le dessus. Elle savait aussi qu'aujourd'hui, comme sa mère avant elle, elle avait développer une peur panique de l'ours. On ne se remettait jamais totalement d'une confrontation avec cet animal. C'était le seul prédateur qui représentait un réel danger pour les loups, à part les autres loups.

Quand Ystrelle lui demanda ce qui s'était passé, elle se détourna encore plus d'elle. Le coeur de sa mère se serra. Alors, même dans les moments difficiles la jeune louve n'arrivait pas à prendre conscience que sa mère serait toujours là?

Tu devrais aller t'occuper de tes monstres. Et pour le reste, je ne m'en souviens pas.

Elle mentait, mais son langage corporel était clair. Elle ne voulait pas de sa mère près d'elle. Mais sa première phrase la blessais plus que tout. Ses monstres, comme elle disait, étaient sa famille, et ils n'étaient pas responsables de la mauvaise relation qu'elles avaient. La tristesse se peignit sur son visage, mais conformément à ce qu'elle lui avait demandé, Gothic n'intervint pas. Elle ne cacha pas la tristesse dans sa voix quand elle répondit.

Peu importe ce que tu penses de moi Verd, je serai toujours ta mère, et j'ai un amour égal pour tous mes petits. Et en ce moment, ce ne sont pas tes frères et soeurs qui ont besoin de moi, c'est toi. Alors même si tu ne veux pas de moi, je resterai là jusqu'à ce que tu ailles mieux.

Joignant le geste à la parole, elle s'allongea à coté de sa fille, l'enveloppant de ses queues comme lorsqu'elle était malade, enfant. Elle en avait assez de cette situation. Elle voulait retrouver les moments de tendresses qu'elle avait avant avec elle. Allongée contre elle, Verd pouvait sentir la maigreur de sa mère. Elle avait donné toutes ses forces pour mettre au monde les petits, elle continuait de se consumer pour eux, pour eux tous, pour les neuf.

Sa mère était triste et c'était tout ce qu'elle arrivait à ressentir. Triste de ne plus avoir Rahawk, triste d'être encore déçu par Verd, triste de la situation... Non, Verd était de mauvaise fois. Ystrelle était aussi fatiguée. Elle avait maigri et aller visiblement finir par mourir par ses grossesses successives. Au moins, ses parents allaient peut-être réfléchir avant de pondre une autre fournée de gamins.

Peu importe ce que tu penses de moi Verd, je serai toujours ta mère, et j'ai un amour égal pour tous mes petits. Et en ce moment, ce ne sont pas tes frères et soeurs qui ont besoin de moi, c'est toi. Alors même si tu ne veux pas de moi, je resterai là jusqu'à ce que tu ailles mieux.

Menteuse pense la louve. Un amour égal ? Non,c'était un amour remplaçable et échangeable. Verd sentit sa mère se couchait contre elle et l'enveloppa dans ses queux. Mais Ystrelle n'avait pas compris que c'était trop tard. Rahawk était parti et plus rien n'était pareil depuis. Rien du tout. Les paroles du Dieu des éléments avaient été plus toxique que jamais. Cela avait laissé une trace profonde dans l'esprit de Verd. Elle avait beau dire que les Dieux étaient faillibles, qu'ils pouvaient mourir, elle n'en était pas moins sensible à le charisme.

Verd releva brusquement la tête, essayant de se dégager de cette étreinte.

-Peu importe ce que tu dis Maman, mais je sais que je t'ai déçu et je continuerai. Je ne changerai pas pour toi, ni pour quelqu'un d'autre.

La louve aurait voulu se relever, mais elle avait trop mal à sa patte pour le faire. Son mal de crane commençait à s'installer. Elle avait besoin de dormir et qu'on la laisse tranquille. Cette discussion ne servait à rien, comme celles d'avant et comme celles qui allaient venir. Avec sa patte, elle ne pourrait pas se rendre à la statu de la déesse. Et puis il était clair qu'elle ne pouvait pas continuer dans ce domaine. Si ce n'était pas elle qui partait, ça serait les druidesses qui la feraient partir. C'était une belle journée de merde. Vraiment.

YSTRELLE

Verd releva la tête et la repoussa, mais Ystrelle ne bougea pas. Elle pouvait la frapper si cela lui permettait d'évacuer la colère qu'elle ressentait contre elle. Elle laisserait passer. Elle voulait que sa fille lui rende sa confiance. Elle se battrai pour ça, même si pour cela elle devait accepter de se faire battre. Verd était adulte maintenant, elle l'avait donc déjà en partie perdue. Plus jamais elle ne viendrai se blottir contre elle après avoir eu peur d'un orage, plus jamais elle ne viendrai lui demander de chasser son plat préféré... Mais elle pouvait restaurer une bonne relation, elle pouvait lui faire comprendre que son affection pour elle était sincère.

Peu importe ce que tu dis Maman, mais je sais que je t'ai déçu et je continuerai. Je ne changerai pas pour toi, ni pour quelqu'un d'autre.

Le coeur d'Ystrelle s'emballa un peu, si elle continuait de l'appeler Maman, même avec ce ton acide, et à craindre de la décevoir, c'est que tout n'était pas perdu. Elle comptait. Verd était immobilisée par sa patte, et ne pouvais donc pas la fuir. Elle se rapprocha de nouveau et l'enveloppa de nouveau dans ses queues duveteuses. Elle parla avec une infinie douceur.

Tu ne m'as jamais déçue Verd. J'ai merdé, complètement, quand Rahawk est parti, mon coeur était déchiré, et j'avais besoin d'un coupable. Injustement c'est sur toi qu'est tombée ma colère. Je suis jeune Verd, je fais aussi des erreurs, j'était à peine plus jeune que toi quand tu es né, tout d'un coup, vous êtes devenu le centre de mon univers.

Elle fit une pause, laissant à sa fille le temps d'assimiler ce qu'elle venait de lui dire. Mais aussi parce qu'une boule d'émotion était venue entraver les paroles au fond de sa gorge. Elle ne pourrait jamais comprendre à quel point son amour pour ces bébés qui étaient issus de sa chair et de celle du mâle qu'elle aimait, était profond.

Je sais que tu m'en veux, parce que d'une certaine façon j'ai détruit une partie de ta confiance en toi. Je sais que tu m'en veux aussi d'avoir laissé Rahawk partir. Mais je n'ai pas d'autre choix, si je ne faisais pas confiance à ton frère pour s'en sortir, je vous perdrai tous. Akui prendrait ta soeur et ton père, le clan nous bannirait, parce que nous sommes de leurs familles, parce qu'un loup a été tué. Ne pas faire confiance à Rahawk pour s'en sortir avec ce que nous lui avons appris, ton père et moi, c'était détruire ma famille.

Elle se serra plus fort contre la jeune louve. Elle savait qu'elle aimait son frère au moins autant qu'elle. Elle avait été la seule louve à qui le jeune crêteux avait témoigné une véritable affection. En la dissimulant sous des piques, mais ceux qui le connaissaient savaient que c'était sa manière d'aimer.

Je sais que Rahawk te manque, à moi aussi, terriblement. Mais j'ai fait le choix de lui faire confiance. Quand tout sera fini, je me mettrai à sa recherche, j'espère que tu seras à mes cotés.

Verd était profondément mal à l'aise. Elle se sentait mal à l'aise physiquement et moralement. Elle voudrait juste que les choses se calment un peu. La louve resta dans le silence. Sa mère ne partait pas. Très bien. Mais il ne fallait pas qu'elle s'attende à quelque chose de Verd. Tout avait déjà été dit. Ystrelle se rapprocha de nouveau la louve, se posant contre elle. La jeune louve souffla mais laissa faire. Verd ne pouvait pas s'enfuir de toute façon.

Tu ne m'as jamais déçue Verd. J'ai merdé, complètement, quand Rahawk est parti, mon coeur était déchiré, et j'avais besoin d'un coupable. Injustement c'est sur toi qu'est tombée ma colère. Je suis jeune Verd, je fais aussi des erreurs, j'étais à peine plus jeune que toi quand tu es né, tout d'un coup, vous êtes devenu le centre de mon univers.

Verd allait sortir une énorme pique quand elle s’arrêta. Sa mère s'excusait. Elle le disait réellement. C'était une des choses qu'attendait la louve. Pour autant les paroles d'Akui lui revenaient en mémoire. Verd savait très bien qu'elle ne devait pas croire ce loup, pourtant elle ne pouvait pas s’empêcher d'y penser.

Je sais que tu m'en veux, parce que d'une certaine façon j'ai détruit une partie de ta confiance en toi. Je sais que tu m'en veux aussi d'avoir laissé Rahawk partir. Mais je n'ai pas d'autre choix, si je ne faisais pas confiance à ton frère pour s'en sortir, je vous perdrai tous. Akui prendrait ta soeur et ton père, le clan nous bannirait, parce que nous sommes de leurs familles, parce qu'un loup a été tué. Ne pas faire confiance à Rahawk pour s'en sortir avec ce que nous lui avons appris, ton père et moi, c'était détruire ma famille.

Verd baissa la tête. Elle n'était pas au courant de tout ça. Pas complétement. Elle ne savait pas que le Dieu avait fait du chantage à ce point là. Elle ne savait pas que Cynthia et Gothic étaient dans la balance... Et à présent, il y avait bien eut une confirmation que c'était la mort de l'autre louveteau qui était le déclencheur de tout ça. Verd eut un pincement de coeur. Elle ferma les yeux. C'était bien sa faiblesse qui était le déclencheur de tout ça... La louve prit une longue respiration. C'était un fait. Verd avait provoqué beaucoup de mal, beaucoup de mauvaises choses. La question n'avait jamais été de faire confiance à Rahawk ou non, la question était qu'il n'avait pas besoin de se sacrifier. Il n'aurait pas du, tout ça n'aurait jamais dû arriver.

Je sais que Rahawk te manque, à moi aussi, terriblement. Mais j'ai fait le choix de lui faire confiance. Quand tout sera fini, je me mettrai à sa recherche, j'espère que tu seras à mes cotés.

Verd avait les yeux fermés. Quelque part, elle s'attendait à pleurer. Mais aucune larmes ne vient. Elle reprit alors une grande respiration. Sa mère avait fait des erreurs, comme Verd en avait fait. La princesse cristalline avait fait beaucoup de choses de mal... Et elle ne pourrait vraiment pardonne sa mère une fois qu'elle se serait pardonner elle-même. La tête basse, Verd resta longtemps dans le silence. Que pouvait-elle vraiment répondre à ça ? La louve était fatiguée de tout ça. Fatiguée de cette tension constante entre sa mère et elle. Elle était fatiguée de cet bande de gamins écervelés. Et pourtant, c'était sa famille. Quoi qu'elle en dise.

-Je ne sais pas si je pourrai te pardonner un jour...

Et Verd ne savait pas si elle pourrait se pardonner elle-même de sa faiblesse. Il y a des choses que l'on ne peut pas pardonner, ni oublier. La louve avait ouvert les yeux et fixait le vide. Après un temps d'hésitation, la louve finit par répondre :

-Mais quand Rahawk rentrera, tout rentrera dans l'ordre.

Verd fit un sourire forcé, puis repensa à toutes les utilisations de son pouvoir pour retrouver ce fameux caillou. Il y avait sans doute quelque chose de fou et d'insensé dans cette quête... La louve la poursuivait essentiellement pour elle-même, pour retrouver Rahawk, aider sa famille... Mais surtout pour se pardonner de sa faiblesse et pour prouver qu'elle ne serait pas éternellement la petite princesse cristalline toute fragile.

Dans le silence, Verd finir par poser sa tête contre le poil de sa mère. C'était un moment de calme et pour une fois la louve avait sa mère pour elle seule. C'était sans doute hypocrite et un peu idiot, mais Verd avait envie de profiter de ce moment.

YSTRELLE

Verd ne la repoussa pas cette fois, peut-être s'avouait-elle vaincue par la douleur, ou alors elle aussi était fatiguée de la tension entre elles. Elle pouvait sentir la tension dans ses muscles, mais elle se détendait peu à peu. Ystrelle sourit. C'était un premier pas, elle n'avait pas répliqué avec une pique comme elle le faisait d'habitude. Elle baissa la tête. Quand sa mère eut finit de parler, elle prit une profonde inspiration. La chasseuse se tendit un peu, attendant une diatribe assassine. Mais la voix de Verd était douce, presque un murmure quand elle lui répondit.

Je ne sais pas si je pourrai te pardonner un jour...

Ystrelle la serra très fort contre elle. Si elle se posait la question, c'est qu'au fond elle avait envie de lui pardonner, il faudrait laisser le temps au temps de faire son oeuvre. Mais aujourd'hui, elles avaient crevé l'abcès qui les tenait loin l'une de l'autre.

Je ne te le demande pas, je veux juste que tu sois heureuse et en bonne santé. Et pour éviter que ce qui vous est arrivé aujourd'hui se reproduise, j'ai besoin de savoir ce qui s'est passé.

Elle espérait qu'elle finirait par lui dire la vérité. Sinon, elle devrait faire son enquête, déjà en retrouvant Lénael, qui les avait ramené, ou en interrogeant directement Ragnar. Mais elle ne permettra pas que sa fille se retrouve de nouveau face au monstre qui avait causé la mort de son grand frère.

Mais quand Rahawk rentrera, tout rentrera dans l'ordre.

Oui, tout irait mieux quand l'ainé de la famille serait de nouveau parmi eux. Verd appuya sa tête contre le poitrail de sa mère dont le coeur se mit à battre plus vite. C'était la première fois depuis des mois qu'elles pouvaient profiter d'un tel moment de douceur. Pour rien au monde elle n'aurait voulu que ça cesse. Elle jeta un regard heureux à Gothic qui retourna au fond de la tanière avec les bébés pour leur laisser ce moment d'intimité. Elle enfouit sa truffe dans la fourrure du crâne de sa fille, en humant l'odeur avec délice malgré la présence toujours puissante de celle de l'ours.