J ‘étais légèrement méfiant envers cette jeune louve, mais j’évitais aussi de me montrer brutal ou désagréable, car ça pouvait avoir un mauvais effet, ou du moins lui donnait l’impression que je lui veuille du mal. Alors que ça n’était absolument pas le cas, bien au contraire. J’étais curieux de la présence d’une si jeune femelle dans un endroit aussi lugubre et peu vivant. Elle semblait aussi timide, craintive, et méfiante que moi, et bizarrement sa méfiance me détendit car elle me prouva ainsi qu’elle ne comptait pas m’attaquer. Je n’avais pas envie de me faire sauter dessus par une étrangère que je viendrais seulement de rencontrer. Ma queue se mouvant à peine dans mon dos, j’agitais les oreilles au son paisible mais incertain de sa voix.

Elle avait gardé une distance de sécurité raisonnable entre nous, mais ne semblait pas plus à l’aise pour autant. Peut être lui faisais-je peur ? Je ne me souvenais pourtant pas être si impressionnant. Quoi que, je pouvais être un peu intimidant, c’était Néphélée qui me l’avait dit. Soufflant, j’observais ce paysage désolé, sombre, et triste, tandis qu’elle cherchait ses mots. Les ossements et les tombes formaient un joli paysage grisâtre et odorant. Une odeur lourde et désagréable qui semblait m’écraser les épaules.

Lorsqu’enfin elle parvint à faire une phrase complète, mes oreilles se dressèrent et mon regard se posa doucement sur elle. Un sourire simple et amical étira alors mes babines. Finalement je laissais mon postérieur descendre pour asseoir mon fessier dans la poussière des os. Je ramenais ma longue queue contre moi, son bout blanc brillant de cristaux de glace se relevant un peu. Autour de moi régnait la fraicheur, comme si mon corps ignorait le froid qui revenait.


Sa voix était douce, comme la mienne, ce qui était agréable. J’appréciais le début de cet échange simple et cordial. Je n’avais pas envie d’entrer en conflit, surtout avec un individu aussi jeune qui ne portait aucune odeur clanique et qui devait donc être solitaire. J’avais soit appris à me méfier des solitaires, ce n’était pas pour cela que je les rejetais en bloc. A sa deuxième phrase je levais le museau vers le paysage et agitait les oreilles en pouffant légèrement de rire.



J’ignorais encore avec qui je m’entretenais, et cela fini par me revenir en mémoire. Je secouais alors légèrement la tête. Portant une patte à ma casquette que je retirais en inclinant délicatement et élégamment la tête.


J’étais curieux de connaître son identité, mais par respect et instinct de survie et de protection, je me garderais bien d’admettre de l’avoir croisé et de parler d’elle. Les solitaires étaient parfois recherchés à cause de leur parents. Parfois c’était des familles entières qui étaient traquées. Cela m’attristait beaucoup, mais je ne pouvais malheureusement rien y faire. Alors j’espérais qu’elle décline son identité, après elle pouvait très bien me mentir, cela ne me dérangerait même pas.

Le regard déposé sur la jeune femelle, j’étais très attentif à ce qu’elle faisait désormais qu’elle avait prit la parole. Bien que toujours physiquement un peu éloignée, elle semblait plus à l’aise, et moins craintive. Le mouvement de ses oreilles et les odeurs dégageaient par son pelage me le prouvait. J’étais intrigué par elle, et aussi heureux de croiser âme qui vive dans ce lieu que j’affectionnais autant que je maudissais. Lorsque je la vis gonfler son poitrail, comme bouffie de fierté et d’orgueil, un sourire fugace effleura mon visage. Au moins elle semblait apprécier les compliments et être plutôt hum… coquette ? Non ce n’était pas le bon terme, mais celui-ci m’échappait complètement. Je l’écoutais alors me dire qu’elle n’avait normalement pas le droit de me donner son identité. Mes oreilles se mirent à l’horizontal, je comprenais très bien le problème. J’y avais souvent fais face, nombres de solitaires refusaient d’être connu d’un clanique. Mais finalement elle se présenta, et mes oreilles se dressèrent sous ses paroles.



Je le pensais sincèrement, c’était un jolie prénom, court et simple à retenir, et également pas trop prise de tête, mais également féminin et élégant. Non, cette mère avait vraiment eut bon goût à nommer sa petite ainsi. En plus la damoiselle était très bien éduquée, sans doute même mieux que certaines claniques stupides et agaçantes que je me coltinais parfois.

J’entendis finalement ses paroles sur ce lieu. Pauvre enfin, interdite de sortie de cet endroit lugubre et inquiétant. Je lui lançais un regard avant d’entendre sa question. J’agitais les oreilles en opinant du chef.



A sa question je hochais la tête, me couchais en sphinx et croisait les pattes avant. Etant donné que je devais lui parler du territoire, cela allait me prendre un petit moment, et je préférais prendre une position qui ne me soit pas inconfortable. Elle pouvait également se mettre à l’aise, elle n’avait rien à craindre de moi, j’étais même capable de la protéger contre un quelconque danger.


Ce n’était pas loin de chez elle, alors je commençais par cela. Quand elle grandira, qu’elle aura l’autorisation de sortir, elle ira forcément là bas par curiosité. Je secouais la tête, en sentant un insecte venir jouait prêt de mon oreille je l’agitais furieusement. Puis je me rappelais des marécages et soufflais.


J’avais mis un ton noir comme un loup qui raconte une histoire de fantôme à un jeune sur ma dernière phrase. Mais finalement je lui souriais en remuant la queue. J’avais encore beaucoup de territoires à lui présenter, mais si elle voulait me poser des questions, ou s’imaginer d’abord cela, alors je lui en laissais le temps.