Le pâle soleil hivernal baignait délicatement l'entrée de la tanière du jeune Atheris de ses doux rayons matinaux. En cette période chaotique il était rare que les claniques se lèvent après l'aurore, pris par leurs obligations journalières. Cependant, la fatigue ainsi que l'absence d'un sommeil réparateur la nuit dernière avaient retenus Nox dans les bras de Morphée quelques heures supplémentaires à son habitude.
L'héritier avait du s'absenter deux jours complets avec son groupe de chasse afin de pouvoir rapporter à la meute de quoi se nourrir convenablement et son esprit torturé ne lui avait offert qu'un repos partiel et incomplet durant leur nuit en extérieur. En effet, il était rare de pouvoir observer un Noxic totalement détendu à l'heure du coucher lorsqu'il était accompagné bien qu'il donnait l'impression d'un être tout-à-fait normal et sans soucis, de plus l'Atheris était en proie aux tourments depuis la venue d'Anjah: Bien qu'il n'en est rien montré, la nouvelle de ses fiançailles l'avait profondément ébranlé et plus encore, il savait qu'il allait devoir chasser Pleione de sa vie d'une manière ou d'une autre si il souhaitait le protéger.
Sur ce dernier point, l'héritier avait déjà envisager plusieurs possibilités et son cœur tanguait de l'une à l'autre, hésitant. Il ne s'était pas encore décidé sur la solution à adopter et craignait que son père l'ait devancé pour bon nombres d'entres elles. Il avait d'abord songer à contraindre le dragon rose à s'exiler dans un autre clan à l'abri de Najah mais le risque était gros si les autres claniques en venait à apprendre que Pleione était en réalité un feu. Il pourrait être considérer comme un espion et dans le pire des cas, mis à mort. L'Atheris avait ensuite songer à offrir à son père un spectacle dont il serait le principal comédien en prétextant disputes et prises de tête avec la sentinelle mais cette solution - en plus d'être inefficace et incompréhensible sur le long terme - était irréalisable: Najah n'était pas un idiot et il ne se laisserait pas berner par un soudain changement de comportement. La dernière - probablement la meilleure de celles que Nox avait pu trouver - consistait à effacer littéralement Pleione de sa mémoire. Nietzsche ne pourrait que confirmer qu'il dit la vérité lorsqu'il expliquera à Najah qu'il venait de perdre son atout majeur.
Un sentiment étrange serra le cœur de Nox à cette idée. L'Atheris avait beau être ce qu'il est à savoir un être glacial dénudé de cœur; il s'était profondément attaché à Pleione avec qui il avait été un complice ainsi qu'un véritable frère durant ces trois dernières années. Il n'y avait pourtant aucune autre solution si ce n'est que céder à Najah en violant celle qui lui avait été imposée jusqu'à ce qu'elle donne au monarque la descendance qu'il désire. Les oreilles du loup venimeux se plaquèrent instinctivement en arrière et sa fourrure se hérissa sur sa nuque à cette pensée. La simple évocation de cette idée de dégoûtait au plus haut point, pour lui qui s'était toujours montré irréprochable avec les demoiselle, agir de la sorte était inconcevable encore plus si c'était sur ordre de son paternel.

Les lueurs tamisées de l'astre solaire vinrent effleurer le museau du mâle d'ébène et se dernier roula sur le dos afin de rester dans les ténèbres quelques minutes encore. Ses deux yeux d'ambre s'ouvrirent doucement dans la pénombre et affichaient une expression triste et vide. Il n'avait pas envie de se lever, de continuer de jouer à ce jeu malsain un jour de plus. Pourtant il n'en avait plus le choix depuis trop longtemps déjà. L'Atheris ferma les yeux quelques instants puis laissa échapper un soupire fatigué avant de se décider à se lever et à s'étirer.
Nox s'occupa rapidement de remettre de l'ordre dans son beau pelage ténébreux avant de se diriger à pas lent à l'extérieur de sa tanière. Dès lors qu'il fut sorti, la lumière du jour l'assaillit et le contraint à plisser les yeux le temps de s'habituer plus convenablement à cette clarté aveuglante. Le soleil n'avait pas encore atteint son zénith mais l'absence de nuages lui permettait de pouvoir baigner les terres de sa lumière éclatante en dépit de son absence de chaleur. Le temps n'était toutefois pas désagréable pour une journée d'hivers. La température était relativement fraîche sans pour autant être glaciale.
L'héritier balaya rapidement le campement du regard avant de se décider à s'approcher de la tanière de Nietzsche. Elle était allongée à l'entrée de ses quartiers et profitait du pâle soleil d'hivers, les yeux mi-clos. L'Atheris s'assit à côté de la vieille philosophe et ils échangèrent quelques instants avant que le beau mâle ne se dirige vers l'antre d'Anjah et son père.
La jolie demoiselle se tenait à l'entrée de celle-ci, dos à lui. Ce n'était pas dans ses habitudes de faire preuve d'une quelconque empathie à l'égard d'autres personnes, tout particulièrement si ces dernières avaient un rapport avec Najah. Toutefois il se devait de faire bonne figure et de prendre part à son intégration au clan. A vrai dire, il n'avait pas vraiment le choix pour le moment et se devait d'agir noblement en attendant de pouvoir saisir l'occasion de s'arracher à sa laisse. Dès lors que son géniteur n'aurait plus aucune emprise sur lui, le jeune mâle se contentera simplement de répondre à ses requêtes et d'agir à sa guise sans plus s'imposer de quelconques contraintes. L'Atheris s'arrêta non loin d'elle l'espace de quelques secondes avant de s'annoncer à elle, affichant un visage amical.

« Anjah ? (Ania) Avez-vous récupéré de votre voyage ? » Il attendit une réponse et reprit. « Si vous le souhaitez je suis disponible aujourd'hui, peut-être pourrais-je vous accompagner visiter les terres du Feu ? » Poursuivit-il, évitant de nouveau ce « nous » désagréable en suggérant « les terres du Feu » plutôt que « notre territoire ».