Il y a de ça quelques jours, elle avait appris de la part d'un petit groupe de louveteaux, qu'il existe un endroit en ruine dans le clan de l'Air. Rien de plus banal me direz-vous. Hors, cet endroit serait semblable au fameux cimetière des Âmes Damnées. Dans le sens où, il serait possible d'y voir des fantômes qui reposent en ce lieu. Elle n'en sut cependant pas plus, juste le nom : le château du Crépuscule. Apparemment, ce groupe de petits mâles y serait déjà allé. Ils auraient bien vu ou entendu quelques fantômes se balader dans les ruines du domaine. Visiblement, ces fantômes étaient une fois de plus semblable au cimetière : farceur, joueur, passif, adoptant un comportement normal comme s'ils étaient vivants. Puis, ils lui rapportèrent également qu'à la nuit tombée, d'étranges esprits à la couleur verte apparurent. Seulement, ceux-ci avaient un caractère plus anarchique, ils étaient moins prévisibles. Tantôt passifs, tantôt agressifs. En clair, il faut se méfier d'eux.

Tout ceci avait piqué la curiosité de Cynthia à vif. Elle partit à la rencontre de son père et lui demanda. Tout en expliquant, elle vit la tête de son père se décomposer légèrement. Finalement, son père expédia la discussion en disant qu'ils en parleront plus tard. Et Cynthia harcela ses parents pour en savoir plus et surtout pour y aller seule. Les deux parents tinrent bon, jusqu'à ce qu'un soir, Gothic craque et lui dise, excédé, qu'elle pouvait y aller. Maman n'avait pas été contente sur le coup, mais Papa lui avait répondu que Cynthia était assez grande, forte et entraînée pour cette aventure en solitaire dans ce lieu mystérieux. Il ajouta ensuite que de toute façon, tôt ou tard, elle aurait connu ce lieu. Elle en conclut donc que ses parents lui cachaient exprès l'existence de ce domaine... Et elle eut encore plus envie d'explorer ce lieu.

Le jour du départ, aujourd'hui, elle partit seulement en compagnie de son père. Celui-ci l'accompagna jusqu'à la frontière avec le clan de l'Air. Sur le chemin, il lui donna des directives, des règles qu'elle ne devait pas transgresser, car ils étaient en bons termes avec le clan de l'Air. Il lui donna également des règles de sécurité, car ce lieu pourrait lui tomber dessus pendant son escapade. Elle assimilait tout ça sans brocher. Elle ne voulait pas dire quelque chose de travers qui donnerait suite à un retour direct au camp, ou inciterait son père à l'accompagner pendant sa découverte. Arrivés à la frontière, un petit au revoir, et les deux se séparèrent. Gothic resterait dans la forêt des rêves bleus. Ils s'étaient donné un point de rendez-vous. Cynthia devait rentrer avant la tombée de la nuit à cause des phénomènes de la forêt et du domaine du château. Elle avait naturellement râlé, avant de se faire remettre les pendules à l'heure par son père. Il lui rappela qu'elle était bien chanceuse d'avoir toute une journée toute seule, dans un lieu inconnu d'elle et chez un autre clan qui plus ait. Elle avait un peu boudé, mais juste pour la forme.

Maintenant qu'elle était séparée de son père, elle pouvait vaquer à ses occupations. Son frère et sa sœur n'avaient pas souhaité l'accompagner, tant pis pour eux ! Un petit rire espiègle traversa ses babines avant qu'elle ne se mette à courir vers ce qui semblait être une tour. Elle traversa un bois, dont les arbres n'étaient pas ceux d'une forêt classique. Elle tomba sur une grande devanture de jardin avec en arrière-plan, une grande bâtisse. Elle s'arrêta un instant et contempla tout ça. Le jardin n'avait plus rien de structuré : il y avait des ronces et la végétation poussait comme bon lui semble. Elle s'avança vers l'objet de ces désirs : les ruines. Le bâtiment était fait de pierres et était grand ! Elle se demanda qui pouvait bien avoir eu l'idée de construire ça et surtout, pour qui. La réponse lui vient assez rapidement : les nobles. Elle ne voyait que ça. Pour elle, il n'y avait que ces "nobles inutiles", comme disait son père, pour avoir l'idée saugrenue de posséder quelque chose leur étant propre. Elle voyait bien les nobles vivre ici, seulement entre eux, plutôt que dans le campement avec la populace. Mais l'idée en fut abandonnée au fil des années.

Elle monta sur un tas de gravas et renifla le tout. Il y avait quelques odeurs de canins par-ci par-là, dont des anciennes. Elle s'aventura dans le tas de gravas, empruntant un passage qui la mena à un semblant de couloir. Elle trottina là-dedans, débouchant sur le hall d'entrée qui était encore munit de son toit et de tout ses murs. En face d'elle, il y avait un grand escalier n’ayant pas subit les dommage du temps. Ici, il s'y dégageait une odeur de terre et de poussière. Sans nul doute que des solitaires s'aventuraient en ce lieu et y avaient peut-être même élus domicile.

Tandis qu'elle s'amusait à tirer sur un rideau, elle entendit un bruit. Elle tourna la tête et entendit une voix lui disant de regarder au-dessus. Chose faite, elle vit en haut des escaliers un renard blanc aux yeux bleus. Sans réfléchir, elle partit monter les marches en courant. Une fois la totalité des marches pratiquement montées, le renard inconnu disparut sous ses yeux. Cynthia s'arrêta nette et en resta bouche-bée. La même voix refit surface derrière elle, ainsi que le mystérieux renard, maintenant en bas des escaliers. Elle lâcha un grognement de frustration et dévala les escaliers. Au moment où, elle sauta sur le renard, elle le traversa. Ne s'y attendant pas, elle tomba tout bonnement sur le sol carrelé. Il se ria d'elle avant de lui passer devant. Il la nargua. Elle grogna, se leva d'un coup et le poursuivit. Ils passèrent dans une grande pièce remplit de bustes représentant des canins, sans doute les divers habitants lointains de ce lieu. Le renard traversa un rideau. Cynthia, trop absorbée par son envie de l'attraper, fonça dans le rideau et se prit le mur qu'il y avait derrière. Elle couina sur le coup et se recula, sonnée. Elle se prit les pattes dans le rideau trop long et s'y retrouva enroulée lorsque celui-ci se décrocha et qu'elle fit trop de gestes désordonnés en voulant s'y échapper. La voilà maintenant sur le sol, en ayant mal à la tête et ensevelit sous un lourd rideau rouge et affreusement poussiéreux qui la fit éternuer bruyamment. Ce renard paiera.

Tandis qu'elle essayait de trouver un bout de lumière dans ce tas de tissu, dans le but de s'en extirper, elle sentit soudain une masse s'appuyer sur elle. Elle arrêta de bouger un instant. Le tissu se réchauffa de plus en plus. Elle se mit à grogner et vociféra. Sa voix fut quelque peu étouffée par l'épaisseur du rideau, mais Cynthia gueulait bien assez fort pour que l'autre l'entende.

Dégage de là saleté de renard ! Je vais te faire la peau !

Soudain, elle sentit une forte chaleur au niveau de son dos et sursauta fortement tout en couinant par réaction, dès le contact. Elle n'avait pas eu véritablement mal, s'étant échappé à tant de cette soudaine chaleur, mais ça l'avait surpris. En sursautant, elle s'était aussi débattue comme une furie, déséquilibrant probablement l'être appuyé sur elle sans retenu. De ce fait, elle s'échappa de ses pattes, mais elle s'était encore enroulée dans le rideau en se déplaçant. Néanmoins, elle ne sentait plus cette sensation de feu sur elle pour l'instant, s'en étant éloigné provisoirement.

Une patte sortit tout d'un coup de sous le rideau, se posant brutalement sur le sol carrelé. Elle se leva brusquement en criant et secoua la tête, dégageant le rideau de sa tête. Elle grogna puis se retourna. Elle vit alors le rideau en feu et s'en échappa le plus vite possible. C'était donc ça cette sensation de chaleur. Il allait vraiment lui payer. Une fois sortit de ce piège qui aurait pu lui être mortel, dans un excès de rage, elle attrapa l'extrémité opposée au feu et secoua le long tissu rouge violemment. Ayant de la marge avant qu'il ne brûle jusqu'à elle, elle en profita pour arracher des morceaux. Une fois chose faite, elle posa le regard sur une inconnue. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était là, mais une chose est sûre, elle avait assisté à cette scène. Cynthia s'approcha dangereusement d'elle, les poils hérissaient et lui demanda, colérique :

Toi ! T'as vu un renard blanc aux yeux bleus ?

Elle allait le dégommer et le transformer en tapis ! S'il faisait partit du clan de l'Air, alors au diable les règles données par son père ! Elle ne se gênera pas pour l'enterrer et le laisser comme ça en plan. Après lui avoir flanqué la raclée de sa vie bien évidemment, parole de petit monstre !

À l'heure actuelle, Cynthia se fichait de savoir qui elle avait en face d'elle. La seule chose qu'elle voyait, c'est que cette louve inconnue, faisait la même taille qu'elle. À quelques petits centimètres près. Elle détourna le regard de cette individue et regarda les alentours. Aucun signe de ce satané renard. Il avait dû filer. Encore. Elle lâcha un autre grognement, d'agacement.

La louve du Feu ne sembla pas le moins du monde intimidée par l'air colérique de Cynthia. Celle-ci était pourtant impressionnante avec sa carrure et ses poils gonflés. Cette inconnue semblait plutôt intriguée et curieuse vis-à-vis du louveteau. Ainsi, au lieu de répondre d'abord à sa question, elle en posa.

Tiens ? Toi t'as une odeur. T'es donc pas un habitant d'ici ?

Suite à cette remarque, Cynthia renifla dédaigneusement avant de répondre du tac au tac :

Ben, toi non plus. T'es du clan du Feu. Mais contrairement à toi, j'ai le droit d'être ici.

Elle faisait bien évidemment référence à l'entente Feu-Air qui s'était effritée. Elle n'avait pas bien compris tout cela du haut de ses 10 mois, mais elle savait, en gros, que les Airs n'aimaient pas trop savoir un Feu chez eux. De son côté, elle se fichait bien de toute cette histoire. Côtoyer cette louve ne la dérangeait pas, elle tenait simplement à le souligner.

Toi, t'as rencontré Blanco à ce que je vois. C'est moi qui lui ait donné ce nom, vu qu'il ne m'a jamais dit le sien. Il aime bien jouer des tours à tout le monde, surtout les nouveaux.

Ah ! Elle connaissait donc cet énergumène. Bien, elle pourra la conduire à lui. Elle n'aurait pas à crapahuter dans tout ce domaine pour le trouver. Maintenant, elle avait un guide. Si elle le connaissait, elle devait bien savoir où il traînait, non ? Alors qu'elle s'apprêtait à répondre, elle se ravisa en remarquant un détail non-négligeable. Cette louve avait la queue en feu. Elle n'en souffrait pas, Cynthia en conclut donc qu'il s'agissait de son pouvoir. Elle, elle n'avait pas encore eut l'occasion de le déclencher. Elle espère tout de même que ça ne tardera pas. Elle serait extrêmement contente et fière d'obtenir son pouvoir en première. Jusqu'à preuve du contraire, ni Rahawk, ni Verd ne l'avaient encore. Depuis quelque temps, elle faisait des cauchemars mettant en scène un personne qu'elle a croisé durant la journée. Elle ne sait pas ce que cela signifie, mais ça ne l'effraie pas. Enfin, dans le cauchemar, oui, plus ou moins, car elle est dans la peau de la personne. Mais sinon, non. Et ça ne l'empêche pas non plus de dormir convenablement. En soit, elle trouve plutôt cela "amusant" de rêver de personnes de son entourage, vivant des choses plus ou moins terribles dans son sommeil. Mais bizarrement, ces mêmes personnes l'observent différemment le lendemain, presque avec crainte. Elle n'y prête pas attention, ne s'en accommodant pas.

Maintenant qu'elle avait remarqué ce détail, elle posa un regard suspicieux à cette louve. Ce n'était tout de même pas elle ?

Dis, c'est toi qui a voulu me rôtir ?

Les poils de son échine s'étaient un peu redressés. Une petite touffe de poils au niveau de sa croupe, avait quelque peu noircit, dû à la soudaine piqûre de feu qu'elle avait subit tantôt. Si c'était elle, au moins, cela signifiait que le renard mystérieux l'avait laissé tranquille. Enfin, pour l'instant. Et si c'était elle, ce n'était carrément pas cool de sa part !

Oh... C'était donc elle qui avait manqué de la brûler vive ! Par sa faute, elle avait des poils cramés. Cynthia lâcha un grognement, mécontente, le poils quelque peu gonflé. Cette louve du Feu avait cru qu'elle était l'un de ses amis. Accueille-t-elle tout ses amis de la sorte ? Parce que si c'est le cas, elle ne doit pas en avoir beaucoup... Et en plus, elle se plaignait que la petite Terre l'ait éteint. Était-elle folle ? Cynthia le pensa clairement. Elle l'observa d'un regard douteux.

La femelle du Feu n'y fit pas attention et elle se leva. Elle s'avança vers un couloir. Cynthia ne la suivit pas, ne souhaitant pas continuer son chemin avec cette folle. Tandis qu'elle tournait aussi le dos pour arpenter de nouveau le château, la voix de l'inconnue l'interpella.

Tu viens ? Si tu veux voir Blanco faut le chercher.

La petite Cynthia s'arrêta et tourna la tête en sa direction. Elle posa le pour et le contre. Contre : Elle était surement folle et pourrait la cramer de nouveau avec ses flammes. Pour : Elle connaissait ce satané renard et elle savait où il trainait dans ce château. N'ayant pas réellement peur face à cette louve et souhaitant retrouver ce Blanco assez vite, elle choisit de la suivre. Cynthia trottina en sa direction, s'arrêta à côté d'elle et elles marchèrent ensemble cette fois-ci. L'instinct de la petite lui disait de faire attention à cette inconnue et d'en avoir une certaine crainte vis-à-vis de son état mental face au feu. Elle en prit note, mais n'eut pas plus peur que ça.

Alors... Tu t'appelles comment la folle ?

Quitte à passer du temps ensemble, autant que la petite se renseigne sur cette étrangère. Par déduction, elle savait déjà que son pouvoir était lié au feu. Sans surprise, elle aimait le feu, comme elle l'avait souligné plus tôt. De son côté, Cynthia n'était plus trop sûre d'apprécier cet élément après cette petite mésaventure.

- Folle ? Moi ? Peut-être. Mais je suis pas toujours comme ça. Y’a des jours comme ça.
- T'as essayé de me tuer parce que tu croyais que c'était un ami. Y a qu'une folle pour vouloir cramer ses amis...

La réponse s'était faite froide et sèche. Elle n'avait toujours pas digéré le fait de s'être fait cramer des poils de sa croupe. Un peu plus, et elle lui aurait carrément brûlé la peau ! Le pire, c'est qu'elle ne se disait pas folle. Et puis quoi encore ! Ruminant dans sa barbe, elle continua de la suivre malgré tout. Elle avait besoin de cette folle pour retrouver le principal objet de son agacement. Néanmoins, elle scrutait de temps à autre cette femelle du Feu, ne souhaitant pas qu'elle lui saute dessus d'un coup avec l’irrépressible envie de la cramer de nouveau.

- J’m’appelle Uruyendë. Mes parents m'ont donné un nom provenant de leur langue natale, ça veut dire fille du feu. Et toi petite, tes parents t'ont donné un nom ? Ou tu veux que je le fasse ? J’ai pleins d’idées de noms pour toi tu sais !

Elle n'était même pas sûre de pouvoir prononcer son nom convenablement. Uru, c'était très bien. Elle retiendra ça. De toute manière, elle risquait d'oublier son nom entier. Fille du feu, c'est sûr que ça lui allait bien vu son pouvoir. Ça collait aussi parfaitement avec son apparence.
Naturellement, Uruyendë lui retourna la question. Bien sûr qu'elle a un nom ! Comme tout le monde sur cette Terre, non ? En tout cas, elle n'avait jamais croisé quelqu'un ne portant pas de nom propre à lui. D'après elle, c'était la base d'une identité.

Cynthia et je ne veux pas de surnoms de ta part... Qu'on soit clair, je reste avec toi uniquement parce que tu connais ce renard. Une fois que je le trouve, j'te largue !

Pour montrer la véracité de ses dires, elle dépassa la femelle du Feu de deux ou trois mètres. Elle jeta un coup d’œil sur les pièces de droites devant lesquelles elles passaient, tandis qu'Uruyendë s'occupait de celles de gauche. Enfin, ça, c'est que Cynthia supposait.

Un ricanement se fit entendre puis un sifflement. La crêteuse cendrée leva la tête et vit le dit renard blanc au bout du couloir. Sans tarder, elle lâcha un grognement et elle se mit à courir à toute vitesse. Quand elle fut presque arrivée, ce fut le renard qui se mit à galoper. Cynthia tourna à gauche, là où il avait filé, abandonnant complètement Uruyendë, mais peut-être que celle-ci la suivait. Cynthia ne jeta aucun regard en arrière pour voir si la louve de Feu était là, elle s'en fichait complètement ! Tout ce qu'elle voulait, s'était faire la peau à ce satané renard ! La proie et le chasseur couraient comme des dératés, de vrais bolides ! Ils arrivèrent au hall d'entrée et ils descendirent le grand escalier principal. Le renard fit un bon et flotta jusqu'au bas de l'escalier, tandis que Cynthia due se précipiter dans les marches. La porte principale s'ouvrit soudainement, laissant le renard s'échapper. La future chasseuse, commençant à s'essouffler, ne se laissa pas démonter et partit également dehors. Seulement, passé l'encadrement de la porte, elle s'arrêta, la gueule ouverte, la langue pendante et la tête basse, haletant, reprenant son souffle. Elle regarda les alentours. Il devait se trouver dans le même état et ne pas être loin... Peut-être dans cette broussaille, là devant. Hors, seul un oiseau en sortit en volant. Elle regarda derrière elle, la folle n'était pas là. Bon, ça suffit pour aujourd'hui. A présent, elle alla rejoindre son père.