Le soleil présent au dessus de nous voulait à tout prix nous réchauffer. Pourtant malgré sa lumière douce et caressante il faisait froid. Je n’aimais pas tellement se froid qui avait déposé une couche dure sur mes plumes. J’avais d’ailleurs certaines douleurs à les bouger. Mon duvet plumeux ne me protégeait pas de la fraîcheur alors que ma sœur Saladem vivait très bien avec. J’étais un peu jaloux à ce sujet, mais je n’en montrais rien de toute façon l’expression physique ou oral ça n’était pas mon truc. Je n’étais pas doué avec les mots, encore moins avec le corps, surtout pour faire comprendre ma jalousie. Enfin si, je savais montrer ma jalousie, mais elle était réservée à mon père. Un père que je respectais et que j’appréciais dans le fond, mais don je supportais mal la présence. Il était toujours trop gentil avec nous à tel point que je le trouvais niais. Et surtout, il avait toujours maman prêt de lui. Hors, je suis égoiste et pas prêteur, et ma mère, je l’aime trop pour la partager. Mes sœurs et mon frère c’est normal, comme moi ils ont encore besoin d’elle. Mais père est grand… C’est bon maintenant il peu la laisser un peu tranquille.

Ce matin je m’étais levé assez tôt pour suivre les instructions de mère et de père pour la chasse. Je comptais m’entraîner seul et à ma manière, et j’espérais que mère serait fière de moi. J’aimais la voir sourire et j’adorais quand elle me féliciter. C’était important pour moi de lui plaire, mais je voulais aussi l’attention de Nephtys et surtout de Saladem. Mais bon tout cela se voyait peu à cause de mon caractère détaché et ennuyé. Les personnes importantes de ma vie ne sont que des femelles, l’une que je compte protéger toute ma vie, l’autre que je respecterais jusqu’à mon dernier souffle peut importe ses décisions. Secouant mon petit corps fin et élégant, je songeais que je n’avais pas la masse de mon père, ni celle de ma mère. Néanmoins je pense qu’un jour je serais aussi haut que mon père, mais tout en finisse et en élégance.

Assit à quelques mètres des tanières, je détaillais le sous bois du regard, attendant que la proie finisse par se montrer. Mes oreilles se dressèrent au bout d’une vingtaine de minute. Un animal était sorti de son trou, petit, blanc, un lapereau né à la portée précédente sans doute. Mère m’avait apprit à savoir ce genre de chose. Le petit animal insouciant s’éloigna du terrier pour chercher de quoi manger dans la poudreuse. Le laissant s’éloigner je finis par me lever et par suivre ses traces d’un pas calme et détendu. Il ne neigeait pas, ses pattes laissaient donc un léger creux dans la neige. Je le suivis ainsi calmement sans me faire repérer à cause de notre distance et du côté absorbant de la neige pendant une bonne trentaine de minutes. Puis je le vis enfin s’arrêter et un sourire effleura mes babines. Voyons voir si ma technique personnelle va fonctionner…. Montant calmement sur un rocher le surplombant, je relevais le train arrière et fit un mouvement d’épaule avant de bondir.

Mais voilà… Le verglas, ça glisse… J’ai déjà testé quelques semaines plus tard, et là encore j’ai glissé. Sans élégance et dans un boucan affreux je me suis écrasé en contre bas du rocher. Mais en me relevant je vis que j’avais complètement sonné ma victime. Tout content je me mis à remuer la queue et à trépigner de joie. C’est en trépignant que je sentis une douleur dans mon aile. Sans doute ma chute. Et puis j’avais mal à la machoire, parce qu’en plus de m’être mordu la langue, j’étais tombé la tête la première dans la disgrâce et la lourdeur…

Mais quand je relevais enfin la tête je poussais un cri ridicule en voyant cette statue de loup pleine de toiles d’araignées. Je ne savais pas où j’avais atterrit, mais je venais d’être surpris par ce qui se trouvait devant moi. Déglutissant je rassemblais mon courage et décidait de laisser ma proie assommée pour m’enfoncer dans ce territoire jonchés de pierres et d’ossements…


La question sur un ton bas était posée à moi-même. Je ne savais pas que ce territoire existait. J’étais allé une ou deux fois dans le marais avec mère. Mais jamais de ce côté des tanières, et c’était la première fois de ma vie que je marchais sur un cimetière. M’arrêtant en entendant un os craqué, je relevais la patte et vis un crâne de loup écraser avant de regard autour de moi. Tout cela était inquiétant et pas forcément très agréable à observer. Mes oreilles glissèrent vers l’arrière, être seul ici ne me rassuré pas, en plus il y faisait plus sombre que sur le territoire des tanières. Et sans Mère ou Mijaw je me sentais frêle, fragile, et en danger…

Il faisait vraiment froid ici, et c’était lugubre en plus… Les oreilles plaquées sur mon crâne j’avançais dans ce territoire inquiétant. Je n’avais pas envie de mal finir, mais je voulais découvrir. J’étais trop curieux pour faire demi tour. J’étais trop dépendant de l’inconnu pour ne pas foncer dedans. Mes pas laissant des traces dans la neige, j’arrivais à une zone dénuée de cette substance. Aussi ne laissais-je plus de trace sauf dans la terre humide entre quelques ossements. Et encore, pas toujours. Le vent m’apporta la voix de ma mère, mais elle me paraissait lointaine. Je m’arrêtais alors et levais le museau pour rechercher son odeur. Elle était effectivement ici mais le territoire était immense, et moi encore petit… J’étais un futur pisteur selon elle, mais je n’étais qu’à mes débuts. Néanmoins la tête vers le ciel je me mis à chercher ma mère en suivant l’odeur et la voix de la louve. Pas la peine de crier à m’en rompre les cordes vocales.

M’arrêtant sur une tombe je balayais l’endroit du regard. Hormis des corbeaux qui rongeait des corps où qui se perchait dans les arbres nus je ne voyais pas mère. Descendants alors je me mis à la chercher calmement en cherchant cette fois à suivre sa voix. Mais ça n’était pas facile à cause des croassements et aussi du vent qui me sifflait dans les oreilles. M’arrêtant à nouveau j’éternuais en secouant mon pelage. Je commençais à avoir froid et à être légèrement stressé. Je n’étais pas habitué à être seul dans un territoire inconnu. Surtout un territoire pareil. Soufflant longuement je finis par lever le museau.



J’espérais avoir parlé assez fort pour qu’elle m’entende. Je réitérais mon appel tout en marchant avant de sentir le sol disparaître dans mes pattes. Mon hurlement eut tôt fait de résonner dans le cimetière tout entier. Coincé entre les os et les tours de la tombe, de la terre me tomba sur le museau. Je battis des paupières en secouant peine la tête, mon dos me faisais mal. J’étais mal tombé. Me retournant difficilement je cherchais à ressortir du trou sans en être capable. A chaque fois que j’essayais le choque que je prenais en retombant faisait doubler ma douleur. Soufflant d’agacement je m’assis entre les ossements en lançant un regard au crâne du cadavre



Je levais la tête vers le haut de la tombe dans laquelle j’étais tombé. Je n’avais pas encore sentis mon propre sans coulé sur mon museau et le long de mon épaule à cause des os qui m’avaient coupés. Mais j’avais mal au crâne ça c’était un truc que j’avais remarqué. Je soufflais avant de prendre une inspiration.



Attendant une réponse je fermais les yeux. Gardant mon calme. Je n’aimais pas du tout ma position actuelle. N’importe qui pourrait m’attaquer, et n’importe qui pourrait attaquer ma mère puisque nous étions seuls ici. Enfin ça je n’en étais pas sur car l’endroit était pleins d’odeur différentes…


Je l’avais entendu, j’en étais sur, je n’avais tout de même pas rêver. A moins que si et que ça soit l’inquiétude et la peur qui m’avait fait croire qu’elle était là. Si elle n’était pas là je n’avais plus qu’à attendre qu’elle remarque mon absence et qu’elle se lance à ma recherche. Moi je ne pouvais pas ressortir au risque de m’enterrer vivant car chacune de mes tentatives de fuite avait fait tomber de la terre au sol.