Fichu Gaor, tête de mule. Fichu Lester, squatteur de patient. Cela faisait presque trois jours maintenant qu'il crapahutait dans le pays à la recherche de son assassin. Il suivait sa trace depuis le campement. Un moment, Gaor avait bifurqué sur l'oasis Doushite. Ne prenant pas la peine de s'y attarder, il avait continué. Sachant pertinemment que Lester était reparti aux tanières, c'est là-bas qu'il trouvera Gaor. Enfin, il l'espérait. Manquerait plus qu'il le rate. Il n'avait guère envie de faire un détour par l'oasis et le désert pour se retrouver aux tanières. Avec sa patte en moins, il aurait encore plus de mal à marcher dans ce sable. Il avait donc abandonné la filature de Gaor pour se diriger tout droit vers les tanières. Il le chopperait ou l'attendrait là-bas.

Il arriva finalement aux tanières. Ce qui l'étonna en premier, c'est qu'il ne distingua pas l'odeur fraiche de Gaor. Il persistait une odeur de sa part, mais ce n'était pas une trace datant d'aujourd'hui ou d'hier, c'était bien plus ancien. Par contre, l'odeur de Lester était fraiche, datant bien d'hier, il devait être dans le coin. Gaor n'allait sans doute pas tardé, Lester aussi.

Il regarda les alentours, détailla les intérieurs visibles des tanières. Il entendit un chant et croisa du regard un congénère lupin. Il s'en approcha. Celui-ci était couché et chantonnait une mélodie qui lui était inconnue. Kaporal décida de l'interpeller.

Hey toi ! S'exclama-t-il de son accent russe. Tu n'aurais pas vu un loup des cavernes ?

Son ton s'était fait neutre, bien qu'un peu brusque. Sans doute dû au fait de son accent.
Il s'approcha encore, se postant au final devant la tanière. Il garda une distance convenable entre eux par mesure de respect et sécurité, car après tout, ils ne se connaissaient pas. Il n'avait pas envie de rentrer dans son espace personnel. Il sait depuis môme qu'entre deux individus inconnus, une distance est de mise. Le pirate russe observa plus en détail cet inconnu. Il eut du mal à repérer son odeur clanique, ou non, parmi toutes celles régnant ici. De plus, il n'avait pas spécialement envie de se concentrer sur l'odeur de ce mâle. Il avait deux autres pistes à trouver et suivre. De ce fait, son clan importait peu ! Il fera en fonction de l'attitude de l'individu.

Kaporal se tenait bien ancré au sol, du haut de ses trois pattes. Il se dégageait de lui une aura de dirigeant, accentuée par son bandage à la patte coupée, ses cicatrises et son bandeau qu'il avait soigneusement positionné sur son œil aveugle. Il avait d'ailleurs pris son cure-dent entre les crocs. On aurait dit un briguant vu comme ça. Un espèce de loup de mer ou un pirate. Hum, un pirate n'était pas chose courante sur Élémenloups. C'était d'ailleurs inexistant. Dans sa contrée natale, il y en avait. Dans son clan d'origine, il y en avait. C'est peut-être pour ça que Kaporal dégageait cette image de pirate. Il mâchouilla un peu le morceau de bois calé entre ses crocs, sans quitter l'individu des yeux. Il ne se dégageait aucune animosité de la part de Kaporal.

Xef qui était tranquillement en train de chercher à se détendre finit par capter une odeur étrangère. Il espéra que si le loup venait lui rendre une visite, il aurait au moins la courtoisie de ne pas se montrer agressif. Il vit alors bientôt un mâle au pelage blanchis se pointé devant lui. Il reconnu rapidement son odeur comme appartenant à celle de la même meute que Gaor, ou alors c’était qu’il avait croisé le loup et que leurs odeurs s’étaient mélangées. Mais la senteur des loups de l’Eau était tout de même bien présente chez le mâle. Il constata alors rapidement que celui-ci avait laissé une distance de sécurité. Xef n’avait aucune intention ou raison de se montrer hostile, mais il remercier intérieurement le mâle de ne pas s’être approché d’avantage.

Il trouva sa position similaire à celle d’un loup qu’il avait beaucoup admiré. Il dressa alors les oreilles en entendant la voix du mâle résonner. Il cligna des yeux avant de secouer doucement la tête. Il ouvrit la mâchoire pour dire quelque chose, mais rien ne sortie et il la referma donc. Il était subjugué par sa ressemblance comportementale avec Kaporal…

« Dis Kaporal tu m’avais caché que tu avais un frangin… » marmonna-t-il pour lui-même.

Mais il se ressaisit assez rapidement, espérant que le loup ne l’ai pas entendu, ou qu’il n’est pas était assez audible pour être compréhensible. Il n’avait absolument pas envie de devoir s’expliquer à qui que ce soit. Surtout pas à un inconnu qui déboulait comme ça de nul par pour lui poser une question. Retrouvant alors sa contenance Xef se redressa mais resta néanmoins couché, après quoi il croisa ses pattes avant et tendit le museau vers le loup.

« ça dépends, vous parlez d’Opale ou de Gaor ? »

Les deux pouvaient être considérés comme des « loups des cavernes » Opale vivant dans des sous-terrains, on pouvait sous entendre qu’il était un loup des cavernes. Et Gaor en avait la dégaine. Ne sachant pas de qui parlait l’individu en face de lui, il ne pouvait pas tout à fait lui répondre. Mais quand il aurait la précision, il le pourrait. En tout cas il était surpris d’entendre un ton presque pressé dans la voix du loup blanc. Il avait posé sa question de but en blanc sans prendre le temps de se présenter ou de réfléchir à qui il s’adressait, comme si la question était une urgence. Ou qu’elle était fondamentale. Xef se demanda alors soudain si le loup ne serait pas un tant soit peu inquiet pour Gaor ou Opale, mais en se souvenant de la tête que Gaor avait tiré à un moment, il songea que si on devait se faire du soucis pour quelqu’un, c’était plutôt pour lui.

Restant calme tout comme sa voix qui c’était faite sans émotion, le loup attendait la réponse du mâle blanchi et bandé. Enfin, s’il lui donnait une réponse, parce qu’il pouvait aussi ne pas le faire pour ne pas dévoiler qui est le loup qu’il cherche. Qui sait peut être que c’est un secret ou qu’il est en mission ou qu’il ne savait encore quoi. Xef connaissait encore mal le mode de vie des loups du Feu, alors le mode de vie et de travail des autres meutes… Ola il ne voulait même pas y réfléchir… Il attendit donc patiemment la réaction de l’individu d’en face, espérant au moins qu’il aurait le tac d’être un peu moins péremptoire dans sa prochaine réponse.

L'individu dressa les oreilles et leva doucement la tête en sa direction. Le simple regard de Kaporal et l'absence d'autre personne, firent vite conclure à l'individu que s'était bien à lui qu'il causait. L'inconnu sembla l'observer. Enfin, c'est ce qu'en déduisit le russe. L'inconnu murmura quelque chose. Kaporal dressa les oreilles un instant. Il lui sembla avoir entendu son nom. Il fit une légère moue suspicieuse. Non. Il ne le connaissait pas. Ce loup ne devait pas le connaître non plus. Cela n'avait été qu'une hallucination auditive, rien de plus. Ou alors, l'inconnu avait déjà entendu parlé de lui...

Ça dépends, vous parlez d’Opale ou de Gaor ?

Cette question arracha un léger sourire à la mine autoritaire de Kaporal. Tient, Gaor est du genre sociable envers les autres personnes hors clan, apparemment. Finalement, ce loup avait peut-être bien prononcé son nom. Cela n'étonnerait guère Kaporal de savoir que son assassin parlait de lui. Néanmoins, Kaporal n'interpella pas l'individu à ce sujet. Quoiqu'il en soit, ce loup connaissait son assassin. Kaporal n'aura donc pas besoin de fournir un descriptif : les choses iront plus vite !

Oh tu connais Gaor alors. C'est bien lui que je cherche ! Je suis son chef ! L'as-tu croisé ici ou aux environs, aujourd'hui ? Ou hier.

Son ton se faisait le plus neutre possible, toujours aussi bien accentué par son empressement et son accent fort. Il fixa d'autant plus l'inconnu de son œil bleu unique. Il fronça légèrement les sourcils. Rien que de penser que Gaor pourrait en ce moment même se faire soigner par ce mécréant de Lester, avait le don de lui mettre les nerfs en pelote ! Il avait réussi à chasser ce sale solitaire squatteur et maintenant, Gaor lui courrait après ! Il ne manquerait plus que son assassin convint ce sale opportuniste de rejoindre le clan... Il faillit lâcher un grognement, qu'il retient au dernier moment. Ce n'était pas le moment de déverser un semblant d'animosité. L'inconnu pourrait mal le prendre en croyant que ce relent d'agressivité s'adresse à lui. Et là, il faudra s'expliquer. Et il n'a pas envie de s'expliquer. Ni de créer un quiproquo ou une discorde quelconque avec cette personne.

Je dois absolument lui parler, alors si tel est le cas, ça m’arrangerait.

Il ne voulait pas non plus presser l'inconnu, mais il avait ajouté cette phrase afin que celui-ci abandonne toute cachoterie ou autres. Il ne voulait pas tourner autour du pot et aller droit au but. Néanmoins, il doutait fortement que Gaor soit passé aujourd'hui ou hier, car il n'arrivait pas à trouver une piste fraiche de sa part, autour de lui.

Merde, il sembla que l’individu en face avait entendu son murmure. Il c’était agit d’une taquinerie envers le peut être fantôme de Kaporal. En fait il ne savait pas trop si le mâle drapé d’une veste de l’armée était réellement mort. Il ne savait pas si les fous furieux qui avait détruit les siens avaient fait la chasse aux absents après avoir annihiler le clan. Mais si son mentor avait été trouvé avec sa femelle alors celui-ci aura sans doute choisit la voie de la survie à cause de son amour inconditionnel pour la petite aveugle à trois queues. Le loup observa alors l’autre individu qui parla de Gaor.

C’était donc à la recherche de ce chasseur de mort que le loup en avait. Il l’écouta lui dire qu’il était son chef. Ainsi le chef des armées de l’eau était un estropié borgne ? Original. Il dressa alors les oreilles avant de réalisé que ce loup aussi s’appelait Kaporal. Il l’avait entendu d’un autre individu ! Il secoua alors vigoureusement la tête avant de lever les yeux vers le ciel. Cerbère souhaitait-il sa mort psychologique ? Non parce que là c’était bien parti. Il secoua alors lentement la tête pour revenir sur terre et arrêter de parler à une entité plus vielle que lui qui ne vie même pas dans son corps. Il ferma alors les yeux et soupira longuement

« Alors oui j’ai croisé Gaor, il avait pas bonne mine d’ailleurs… »

Il releva la tête vers le blanc et se redressa pour se retrouver en position assise. Ses oreilles à l’horizontal.

« En fait je l’ai croisé au cimetière parce qu’il pensait que sa sœur était morte, et comme je lui ai dis que non parce que je connais sa sœur, bah je crois bien qu’il lui court toujours après … »

En se rappelant de Gaor et de ses premières paroles un sourires effleura ses babines. Il avait vraiment ressenti énormément de chose face à ce loup. Ça en avait été très troublant. Mais le mâle beige et brun n’avait pas été désagréable. Xef pouvait même affirmer qu’il n’était pas contre l’idée de le recroiser. Par contre a l’instant même il était sur de ne pas vouloir recroiser le chef du mâle. Pas que sa présence soit désagréable… Juste trop de similitudes avec son passé… Il espéra d’ailleurs soudain que le loup borgne en aurait bientôt finit avec son questionnaire précipité. Il était vif dans ses réponses et ne permettait aucun égarement ni même aucun manque de respect selon Xef.

Bon soit il n’avait pas l’air bien méchant, et il semblait même soucieux de la vie des loups sous son commandement, une chose que Xef ne pouvait que respecter. Il avait d’ailleurs soudain la pensée idiote que si Zal se mettait à penser aux membres de sa meute alors les choses iraient sans doute mieux pour celle-ci. Mais malheureusement l’Alpha ne semblait pas prompt à se soucier des autres. Il poussa alors un profond soupir, enviant soudain les loups de la meute de l’Eau… Au moins si leur Alpha n’était pas ce qu’il y a de plus agréable il pouvait se consoler avec un chef d’Armée qui semblait s’inquiéter de leur existence et de leur vie.

- Alors oui j’ai croisé Gaor, il avait pas bonne mine d’ailleurs… En fait je l’ai croisé au cimetière parce qu’il pensait que sa sœur était morte, et comme je lui ai dis que non parce que je connais sa sœur, bah je crois bien qu’il lui court toujours après...
- Der'mo (= дерьмо = Merde) fut la réponse spontanée que traversa ses babines.

Il sut maintenant pourquoi l'odeur de Gaor ne fut pas fraichement présente. Il n'était toujours pas arrivé aux tanières ou peut-être même, avait-il trouvé Lester en chemin. Il abandonna l'idée de croiser Gaor ici ou dans les environs. Il ne lui restait plus qu'à rebrousser chemin en passant par l'oasis Doushite. Peut-être que Gaor était en chemin pour le clan à l'heure qu'il est. Il remercia l'inconnu pour ses informations et le salua brièvement. Alors qu'il s’apprêtait à repartir pour l'oasis cette fois-ci, il capta une information dont il n'avait pas connaissance jusqu'alors.

Une sœur ?! Comment ça une sœur ? Une sœur de sang ou sentimentale ?

Si c'était une sœur amicale ou de cœur comme certains en ont, alors il passera cette information à la trappe. Si c'était une sœur de sang, ou même adoptive, cette information méritait d'être élargie. Gaor ne lui avait jamais parlé d'une sœur. Encore mieux, aucune personne de leur entourage commun ne lui avait un jour communiqué que l'assassin en avait une. Un lien de parenté passé sous clef. Pourquoi ? C'était-il passé quelque chose entre eux ? Peut-être étaient-ils en froid. En tout cas, c'était un peu bizarre que frère et sœur s'appréciant, ne soient pas dans le même clan. Ne pas être dans le même clan, signifiait moins d'occasions pour se voir et peut-être même, une rivalité entre les clans à la longue. Une relation familiale inter-clan pouvait s'avérer être un atout, quand on est haut-gradé. Quand on est de rang normal, cela pouvait s'avérer être compliqué voir dangereux de se côtoyer.

Savoir que Gaor était à la recherche de sa sœur, de cœur ou non, le fit légèrement tiquer. Il ne risquerait pas de retrouver Gaor au campement avant quelques jours. Quand Gaor avait une idée en tête, il le faisait, c'était une vraie tête de mule. Pour preuve, il avait refusé que quelqu'un d'autre que Lester le soigne. Et qu'est-ce qu'il avait fais ? Il était parti rejoindre ce dit Lester. Maintenant qu'il s'était mis en tête de retrouver sa sœur, il pouvait toujours l'attendre. Kaporal n'allait certainement pas se mettre à la poursuite de Gaor plus que cela. Ce serait sans doute interminable et quand bien même il le retrouverait en chemin, que ferait-il ? Il soupira. Finalement, il ne passera même pas par l'oasis Doushite, il n'avait guère envie de crapahuter plus que nécessaire. Il n'avait pas à s'en faire pour Gaor. Il a surement dû le retrouver et il va mieux. Maintenant il cherche sa sœur..., pensa-t-il surtout pour se rassurer. De plus, il ne mettait pas en doute les talents de pistage de Gaor.

Le loup noir et rouge dressa les oreilles à sa remarque. Tiens donc voilà un coup d’énervement. Puis il vit le mâle se retourner en le saluant brièvement mais tout de même de manière respectueuse. Le loup croisa ses pattes avant et ferma les yeux, laissant l’autre partir. Alors qu’il pensait que le mâle allait partir pour de bon, il entendit sa question. Il dressa alors les oreilles avant de soulever les paupières et de poser son regard sur le mâle blanchis. Ses oreilles se mit alors à l’horizontal tandis qu’il agitait les oreilles.

Alors comme ça le chef des Armées de Gaor ne savait pas qu’il avait une sœur ? Voilà qui était très étonnant. Selon lui un loup est sensé dire un minimum de choses à ses supérieures, surtout quand il s’agissait d’une information telle qu’un lien familiale. Soudain le loup se mit alors à douter de la réalité des paroles de Kaporal. Etait-il vraiment le supérieur de Gaor ? il ouvrit la machoire et laissa la fumée de son dos se dévoiler autour de lui jusqu’à ce qu’elle ne remplisse la tanière dans laquelle il se trouvait. Il avait presque totalement disparu à l’intérieur. Seul sa touffe de cheveux blancs et sa tête restant encore bien visible.

« Un chef d’armée qui ne sait pas que l’un de ses subordonnés à une sœur. Etonnante réalité »

Sa voix était devenue beaucoup plus froide que précédemment. Pourtant il ne grognait pas ni ne montrait de signe d’hostilité. Il était juste dix fois plus méfiant et c’était mit sur la défensive. Si ça se trouve ce loup avait jouer la comédie depuis le début. Il savait le nom du chef des armées de l’Eau, beaucoup lui en avait parlé tout comme on lui avait parlé des Alphas. Mais il ne savait pas à quoi ressemblait Kaporal. Il l’avait cru parce qu’il avait eut la sensation qu’il recherchait vraiment Gaor et pas pour de mauvaises raisons. Mais maintenant que sa surprise avait semé le doute dans son esprit alors il n’était plus sur de rien.

« Je ne répondrais pas à ta question tant que je n’aurais pas la certitude que tu es bien le Chef de l’Armée de l’Eau et que tu ne veux aucun mal à Gaor »

Il savait que ça pouvait être très étrange de la part d’un loup du feu de vouloir en protéger un de l’Eau. Mais il avait vu Gaor dans une position indélicate et l’avait également vu souffrir d’un mal qu’il ne comprenait pas. Alors si Kaporal partait à sa recherche mais qu’il n’était pas le vrai chef d’armée et qu’il avait de mauvaises intentions et qu’il arrivait quelque chose à Gaor à cause des informations qu’il lui aurait fournit… Xef ne se le pardonnerait pas car il avait autant apprécié la sœur que le frère…

L'inconnu mit du temps à répondre. Il semblait scruter le russe. Soudain, de la fumée s'échappa de son corps et emplit la tanière. La fumée grise opaque empêcha d'y voir à travers, laissant simplement la tête de l'inconnu visible. Kaporal haussa un sourcil. Comptait-il se battre avec lui ? Ou l'impressionner d'une quelconque manière ? Parce que là, c'était peine perdue. Pour l'inconnu en tout cas. Le chef d'armée avait déjà tué un invisible en le balançant d'une falaise, il pourrait recommencer. Enfin, ça n'allait pas être pareil, mais le principe de l'invisibilité y était en quelque sorte. Au moins, Kaporal avait à présent la certitude que l'inconnu était un clanique.

Un chef d’armée qui ne sait pas que l’un de ses subordonnés à une sœur. Étonnante réalité.

À ce changement corporel s'ajouta un changement vocal. Une voix sombre et glaciale saillant parfaitement avec cet état de fumée. Cependant, une fois de plus, Kaporal resta plantée sur ses appuis et ne changea pas de comportement. Il soupira même. Avec cet état corporel, le chef ne saurait dire si le loup est simplement sur ses gardes ou se montre dangereux.

Il est vrai qu'en tant que chef d'armée, il aurait du connaitre l’existence de cette sœur. Néanmoins, chacun avait des choses qu'il ne souhaitait pas divulguer pour X raisons. Si dans le cas présent, frère et sœur sont en froid, il est plutôt logique que Gaor n'est pas étalé ce sujet. Dans un autre cas, peut-être s'était-il gardé de le divulguer pour la protéger de quelqu'un. Plusieurs possibilités s'offraient à cette absence d'information. Lui-même n'avait pas tout divulgué le concernant : personne, mis à part Frostbite, ne sait qu'il a tué Valentin pour se venger, par exemple. De ce fait, le clan de l'Eau croit encore que ce banni est vivant. S'ils savaient...

Tsk. Ravale ta fumée petit. Tu m'impressionnes pas. J'ai déjà vu plus effrayant qu'une tête mouvante dans une fumée...

Il avait fait la guerre, deux fois. Et peut-être la fera-t-elle une troisième fois quand Akui sortira des souterrains. Ces tours de passe-passe avaient fini de l’impressionner depuis longtemps. La seule louve qui le faisait encore frisonner de peur était La Mort. Il l'avait côtoyé lui-même de près lors de Pandore. Elle l'avait poignardé pour la mort de Luna. Elle l'avait affreusement taquiné, en lui faisant caresser l'espoir de survi, pour la mort de Volk. Heureusement, il lui restait Gaor et Thanatos, mais pour combien de temps encore ? Soudain, face à cette constatation, il se mit à douter de la survie de Gaor vis-à-vis de sa blessure persistante. Un voile de tristesse passa dans son œil unique. Il n'a pas envie de perdre à nouveau quelqu'un qui lui est cher.

Je ne répondrais pas à ta question tant que je n’aurais pas la certitude que tu es bien le Chef de l’Armée de l’Eau et que tu ne veux aucun mal à Gaor

Il soupira derechef. Voyant que cela risquait de prendre un moment, il prit le soin de s'asseoir.

Humf. Et bien va-y, dis-moi comment je peux éclairer ta lanterne. Tu ne m'es aucunement familier. Je ne semble pas t'avoir vu à la bataille de Pandore ni celle d'Ultimate. Alors, je doute fortement que mon nom te renseigne sur quoiqu'ce soit. A part si Gaor t'a parlé de Kaporal. Dans ce cas, c'est moi Kaporal. Sinon, je n'vois pas comment je peux te prouver que je suis son supérieur.

Franchement, il ne voyait pas vraiment comment il pourrait confirmer son identité. Les chefs d'armée n'avaient pas de signe distinctif comme un accessoire ou une marque. Les chefs d'armée étaient connus par leur réputation : qu'elle soit caractérielle, d’apparence et/ou d'exploit. Ou tout comme les alphas et bêtas : parce qu'ils étaient importants au clan. Et si cet inconnu ne le connait même pas, ce qui peut arriver, ou qu'il ne le connaisse que de nom, cela allait poser problème. Son apparence propre de combattant pourrait suffire amplement. On voyait clairement qu'il avait servi à différents combats. De ce fait, il serait logique qu'il soit chef avec une patte en moins, ou retraité. Mais, il doutait fortement que son simple nom et sa simple apparence évidente d'ex-guerrier suffisent. Il faudrait bien plus pour convaincre Cheshire.

L’autre n’eut pas de réaction physique à son changement d’attitude, ou alors il n’y fit pas cas. Et de toute façon cela ne l’intéressait pas. Sa fumée réagissait à ses émotions les plus fortes. Le stress soudain qu’il était en train d’éprouver était donc un facteur suffisant pour permettre à la fumée noire de se dévoiler. Il entendit alors la remarque du mâle et étira un sourire

« Je ne cherche pas à t’effrayer. »

Il n’en avait rien à faire de son état d’âme. Il pouvait bien s’uriner dessus que ça ne changerait rien. Il se plaindrait juste de l’odeur dans ce cas là. Puis il vit le loup blanc soupirer et s’asseoir. Lui secoua la tête pour faire partir la fumée mais cela ne fit que la faire grossir d’avantage. Et il n’arrivait plus à se détendre et à ne pas être totalement méfiant, ce qui n’aidait pas à la faire s’en aller. Il dressa les oreilles quand il prit la parole et l’écouta. Alors il s’appelait lui aussi Kaporal… Et c’était lui aussi un chef d’armée ?

« Cerbère tu veux vraiment ma tête… »

Il avait murmuré ses mots de manière totalement inaudible. Mais une fois que le loup eut terminé il sorti de la tanière, créant d’avantage de fumée alors qu’il avait presque complètement disparu dedans. Il toussa d’ailleurs car elle était en train de prendre une odeur fortement désagréable. Il resta à bonne distance du loup, sachant qu’il avait sans doute dix milles fois plus d’expériences et de force. Il agita alors les oreilles que Kaporal ne voyait sans doute plus du tout.

« Je connais ton nom… Il me rappel de mauvaises choses d’ailleurs »

C’était sortit tout seul, comme naturellement. Si Kaporal ne savait rien de lui, lui savait au moins son nom, son rang, et sa meute. D’abord parce qu’il avait voulu savoir où vivait ce Kaporal si un jour il avait envie de voir sa tête, ensuite parce que beaucoup avait causé de lui comme d’un « héro de guerre ». Puis à sa toute dernière remarque il pencha la tête et il eut une révélation. Il savait très bien comment Kaporal pouvait lui prouver qu’il était vraiment ce loup don avait parlé Gaor. Il s’assit alors dans la fumée et donna un coup de crocs dedans, mais rien a faire madame persistait à être là tant qu’il ne serait pas rassuré sur l’identité du loup. Ce qui n’était pas pour lui déplaire complètement. Mais il n’aimait pas non plus parlait avec cette masse brumeuse autour de lui.

« Moi je sais comment tu peux me prouver que tu es bien son supérieur. Si tu es bien Kaporal alors il y a une chose sur lequel tu mets un point d’honneur à ce que tout tes soldats sachent le faire »

Il parlait du fait que, selon les dire de Gaor, Kaporal mettait un point d’honneur à ce que tout ceux qui sont dans son armée sache reconnaître le clan d’un individu par l’odeur de celui-ci. Si le loup en face de lui répondait autre chose à cette remarque, alors Xef ne dirait absolument plus rien sur Gaor et il chercherait le moyen le plus rapide de partir. S’il répondait juste la fumée devrait théoriquement le laisser tranquillement et il lui dirait ce qu’il voulait savoir.

Je ne cherche pas à t’effrayer.

Dans ce cas, pourquoi ne rangeait-il pas cette fumée au placard ? Si le but n'était pas d'effrayer, il ne devait pas bien maîtriser son pouvoir pour en arriver là... Après tout, l'inconnu était jeune. Peut-être manquait-il simplement d'entraînement. A moins que cette apparition soit volontaire et est un but d’apaisement pour lui... Bref, en tout cas, Kaporal ne chercha pas plus loin et n'émit qu'un simple "Hum".
Par la suite, l'inconnu murmura quelque chose qu'il ne comprit pas. Enfin, il lui sembla avoir entendu quelques sons émaner de la gueule de ce loup, mais il n'en était pas sûr. Le loup de fumé se leva et sortit finalement de sa tanière. La fumée se répendit d'autant plus, faisant même tousser son créateur. Kaporal était trop éloigné de lui pour être englouti, mais il sentit tout de même d'autant plus son odeur. Ce qui le dérangea un peu. Après tout, personne n'aimait sentir l'odeur de la fumée : c'était synonyme de mauvaises choses dans l'esprit des gens. L'inconnu garda la distance établit depuis le départ ce qui n'était pas pour lui déplaire.

Par la suite, l'inconnu lui lança une remarque. Apparemment, il connait déjà quelqu'un qui s’appelle Kaporal. Cette personne, il l'a en opinion négative pour en parler ainsi. Le chef d'armée ne dit rien. Après tout, qu'est-ce qu'il pourrait dire ? Il n'avait pas envie de blablater inutilement. Donc, il ne lui demandera pas quoique ce soit sur ce Kaporal. Il n'était pas là pour faire ami-ami avec quelqu'un. Il était là pour avoir des renseignements sur son assassin qui avait foutu le camp. Rien de plus. La vie de cet inconnu, il s'en fichait royalement.
Finalement, l'inconnu prononça les mots qu'il attendait. Nous y voilà, il allait lui dire ce qu'il souhaitait entendre pour continuer sur la voie des renseignements. Ou non si la réponse était fausse. Le russe l'écouta bien plus attentivement.

Moi je sais comment tu peux me prouver que tu es bien son supérieur. Si tu es bien Kaporal, alors il y a une chose sur lequel tu mets un point d’honneur à ce que tout tes soldats sachent le faire.

C'était quoi cette "remarque" ? Il ne s'attendait pas à ce que le mâle caché dans sa fumée lui demande ceci. Il s'attendait plutôt à d'autres demandes. Cela l'avait prit au dépourvut, ce qui se lu sur son visage dégageant une mine surprise. Il cligna des yeux plusieurs fois avant de répondre.

Ce que j’attends de mes soldats ? Pas très certain sur le départ, il continua sur un ton plus assuré. La discipline, le respect et la maitrise fondamentale des bases.

Il observa d'autant plus l'inconnu, attendant sa réaction. Il se demanda alors ce que Gaor avait bien pu lui raconter à son sujet. S'il n'avait pas misé juste, il était foutu. Kaporal ne savait pas trop quelle réponse attendait le mâle. Il y avait plusieurs points sur lesquels Kaporal était intransigeant et il les avait énoncé. De manière globale pour le dernier point, il n'allait pas non plus énumérer les compétences basiques... Mais si Gaor avait avancé tout autre chose, sa réponse pourtant bonne allait être fausse.

Et bien entendu, à ce qu'ils sachent reconnaître l'odeur clanique ou non d'un individu... Le pistage c'est le plus basique dans ces métiers.

Il préféra préciser ce point qui pour lui était l'une des bases qu'ils devaient le plus maîtriser. Demandant pas mal de pratique, car il fallait souvent rencontrer des loups des trois clans pour apprendre l'odeur, elle n'était pas des plus facile à maîtriser. Pourtant, c'était la clef de toute rencontre. Connaître le clan d'un individu permettait, entre autres, de savoir quelles informations il fallait garder secrète. Mais aussi, quelle attitude à avoir.

Le noir et rouge s’assit le plus calmement possible même si ses muscles tendus à leur maximum commençaient à lui tirailler. Il regardait le loup blanc avec méfiance mais sans aucune animosité. S’il répondait mal il partirait. Il n’avait aucunement l’intention de s’engager dans un combat qu’il était de toute façon convaincu de perdre. Il avait déjà donné dans le combat déloyale, pas question de recommencer pour une erreur. Si ce loup s’était fait passé pour Kaporal il ne risquait rien d’autre qu’une absence d’information et un loup qui resterait alors éternellement méfiant face à lui.

Les oreilles du mâle de fumée se dressèrent, le loup en face de lui sembla très troublé par sa demande. Il ne devait franchement pas s’y attendre. Mais c’était amusant pour lui de voir l’air dérouté s’afficher sur le visage du blanc qui n’avait pas su masquer sa surprise. Il le vit alors s’asseoir (je crois…) et prendre la parole. Mais il fut bien vite déçu car se n’était pas la réponse qu’il attendait. Il se releva alors dans sa fumée, prêt à partir, mais les paroles suivantes du loup blanc eut vite fait de le retenir. Il se rassit et peu à peu la fumée se fit plus tranquille et commença à se dissiper car il n’en dégageait plus. Il le croyait, c’était bien Kaporal. Il c’était peut être rattrapé mais il n’avait sentit aucune hésitation dans sa voix. Quand il y eut moins de fumée il agita sa patte devant lui pour qu’elle finisse de se dissiper.

« Expression de mes émotions… »

C’était une excuse explication pas vraiment excuse. Juste pour que le loup ne s’imagine pas qu’il aurait essayer de l’attaquer parce que c’était totalement faux. Puis il reposa son regard caché sur le mâle blanc à trois pattes marqué par le vert. Il le détailla une seconde pour bien enregistré à quoi il ressemblait, ainsi si il le revoyait il n’y aurait aucune soucis.

« Et pour ton information, on parle d’une sœur de sang. C’est une solitaire qui lui ressemble énormément et que j’apprécie beaucoup, alors je ne souffrirais qu’un loup de l’eau lui fasse du mal sous prétexte qu’elle a un frère dans votre clan. Si tu essaies de la blesser tu me trouveras pour t'en empêcher. »

Il n’avait rien d’autre à lui dire alors il se leva et commença à partir. Puis il se rappela de Gaor et agita les oreilles avant de tourner la tête de trois quart vers Kaporal.

« Oh fait j’y pense, ton soldat des cavernes avait vraiment l’air mal en point. J’ai faillis le forcer à accepter que je le raccompagner jusqu’à votre campement. Je sais pas de quoi il souffre mais ça avait l’air de lui bouffer pas mal de force et d’énergie »

Le loup se retourna et détendit ses pattes pour s’éloigner tranquillement. Il n’avait plus du tout envie d’échanger avec Kaporal, il avait envie d’être tranquille. De toute façon c’était déjà pour cela qu’il était venu dans les tanières.

« Au plaisir de ne pas te recroiser Kaporal »

Oui il n’avait vraiment pas envie de le revoir, surtout si c’était en tant qu’ennemi… Il n’avait aucune raison de se battre contre le chef d’armée, mais s’il venait à s’en prendre à Mya pour X raison, le loup serait là pour lui mettre des batons dans les pattes qu’il lui reste. Et il ne se gênerais pas pour se battre contre lui.

L'inconnu se leva. Soudain, sa fumée se dissipa peu à peu pour finalement disparaître. Il redevint normal. Après un temps de silence, il lui expliqua que s'était une sœur de sang et qu'elle était solitaire. Il ajouta également une menace à son égard qui n'attend aucunement Kaporal. Même sa petite menace ne lui faisait guère peur. De toute manière, il n'avait pas l'intention de lui faire du mal. Il n'était même pas certain de la rencontrer un jour. Les solitaires étaient de nature très mobile, évitant les claniques au possible, sauf les mercenaires. L'inconnu se mit alors en marche sous le regard bleu du chef d'armée. Cependant, le loup à crinière s'arrêta vite et lui parla de Gaor. Il lui expliqua qu'il était mal en point, ce qu'il savait déjà. C'était pour cette raison entre autres qu'il le cherchait. Il lui avoua ensuite qu'il avait été prêt à le ramener au campement. Ce qui l'étonna un peu. C'était un Feu, son accueil se serrait fait tendu. Mais il ne devait pas être l'un de ces pro-Zal, sinon il n'aurait pas eu cette idée. L'inconnu reprit sa marche et lui lança une dernière phrase en signe d'au revoir et d'espérance de ne plus le revoir. Kaporal le regarda s'éloigner et murmura un "Moi aussi" avant de tourner les talons et partir à son tour.

A l'heure qu'il est, Gaor devait sans doute être auprès de Lester. Il n'avait sans doute plus aucune raison de s'inquiéter. Lester prendrait soin de lui, sauf s'il souhaitait être engueulé par l'assassin, mais aussi par le chef d'armée. Soudain, il réalisa que dans quelques jours, c'était le jour de la mort de Volk et Luna. Puisqu'il n'était pas loin du cimetière, il partit en sa direction pour s'y recueillir.