Le mâle à la crinière blanchie c'était doré sous le soleil de midi pendant de longues heures. Appréciant les premiers rayons bien chaud de l'astre divin. Il aimait autant l'hiver que le printemps. La seule saison qu'il n'appréciait que très peu c'était l'été. Pour lui il faisait bien trop chaud durant cette saison et la chaleur lui était presque insupportable. Mais il n'avait jamais vécu d'été sur les terres du feu, alors il ne savait pas ce qu'il en était ici. En attendant il avait bien apprécier de se réchauffer sous les rayons du printemps, après quoi il s'était lancé dans une petite escapade pour dégourdir ses pattes endolories de sommeil.

Xef aimait la tranquillité et le silence qui lui permettait d'observer le monde d'un regard attentif et beaucoup plus doux que s'il avait été accompagné. Ici le territoire lui semblait beaucoup plus petit que ce qu'il avait connu autre fois. Et d'énorme falaises éternellement couvertes de neige lui manquaient fréquemment.Mais il songeait toujours qu'il parviendrait à s'habituer à ces nouvelles terres, à condition de ne pas s'y perdre... Encore aujourd'hui après quatre mois depuis son arrivée, le mâle pensait régulièrement à retourner sur ses terres d'origines. Un voyage qui ne lui ferait peut être pas de mal, et qui lui permettrait sans doute de faire son deuil et de tirer enfin un trait sur son passé bien sombre. Mais bien qu'il y pensait encore, l'idée lui paraissait de plus en plus douloureuse car ici il s'était enfin fait quelques connaissaient qu'il voyait comme des amis. Même s'il y avait elle qui avait un petit quelque chose en plus .

Secouant doucement la tête le mâle au pelage sombre rayée de rouge vif s'arrêta devant l'eau clair de l'oasis et observa son reflet un petit instant. Souleva alors ses cheveux blancs pour croiser son propre regard, il se trouva aussi hideux que la première fois qu'il c'était vue dans un cristal quand il était encore louveteau. Il remit alors sa grosse mèche sur son visage pour cacher ses yeux aux reflets démoniaques.
Le loup rapprocha alors ses pattes arrières de ses membres de devant pour se retrouver assit. Puis soudain il dresser les oreilles, certain d'avoir entendu quelque chose.

"Il y a quelqu'un ?"

Il espérait que non. Ou que l'individu s'il existait, était de bonne humeur. Car il n'avait pas envie de tomber sur quelqu'un qui soit de mauvais poils. Il avait plutôt envie de rencontres agréables, et non de disputes ou de discordes pour il ne savait quelle raison obscur.

Finalement il y avait bien quelqu’un. D’ailleurs l’individu vint s’installer sans gênes à ses côtés. A première vu il sembla que c’était une femelle. Elle n’était pas désagréable à regarder, mais elle n’était pas non plus attirante selon les critères de beauté du loup de Feu. Xef fut incapable de pouvoir certifier qu’elle était plus petite que lui ou non. Mais en tout cas il en avait l’impression. Enfin, après tout lui était relativement haut sur pattes, il n’avait pas souvent croisé des individus plus grand que lui. Le mâle agita doucement les oreilles en entendant la réponse de la louve.

Surpris par la douceur de sa voix, il en fut également heureux. Elle ne semblait pas déranger par le fait qu’il soit du clan des Feux. Après il ne sentait pas chez elle d’odeur d’autres loups, mais il ne pouvait pas non plus assurer qu’elle était un solitaire. Après tout il avait connu une louve extraordinaire qui pouvait faire disparaître toute trace de son passage ou des passages des autres sur son corps. Elle n’avait pas d’odeur ni de consistance réelle dans la voix et le geste, alors il n’avait aucune preuve que cette femelle là n’est pas un don similaire.

Néanmoins sous le son de sa voix, le jeune loup avait dressé les oreilles et couler son regard caché sur la louve à ses côtés. Il remarqua d’ailleurs qu’elle était plus large d’épaule que lui, et qu’elle avait sans doute une masse musculaire également plus importante. Sans nul doute était elle plus âgée. Du moins, il le croyait. Il l’observa longuement sans répondre. Il trouva étonnant les couleurs qu’elle portait. Le bleu de ses oreilles se mêlant étrangement au roux ocre de sa chevelure bien longue et légèrement ondulé. En l’observant il remarqua d’ailleurs qu’elle avait une queue plus féline que lupine et s’en étonna également mais ne fit pas de remarque quand l’image de sa chère demi sœur lui vint à l’esprit. En fait la queue de chat était sans doute bien plus ordinaire que les queues qu’avait portées sa demi.

Il ferma les yeux un instant aussi court que long selon le point de vue. Le silence qu’il avait conservé lui permettait de savoir à peu prêt s’il devait se montrer réserver ou pas. Il était encore mauvais dans l’art de créer de bonnes relations. Et se comporter correctement avec les autres individus n’était pas encore une chose aisée pour lui. Mais la femelle avait parlé avec douceur et elle ne lui paraissait pas désagréable alors pas question pour lui de se montrer agressif ou repoussant ou quoi que ce soit d’autre. Mais il aurait tout de même espérer être seul car les loups d’ici avaient tendance à se montrer curieux et il n’aimait pas cette curiosité mal placée.

« Physiquement je ne suis pas seul… Moralement je suis complètement abandonné »

Il avait avoué cela avec autant de douceur que la femelle avait pu parler. Mais dans la voix douce de Xef c’était mêlée cette douleur dont il était encore incapable de se séparer. Parfois il aurait aimé être un solitaire qui aurait choisi sa condition de solitude physique ou moral. Et il était un solitaire malgré lui. Un solitaire psychologique, car il était seul à ressentir tant de peine et de souffrance, et ne savait pas en parler correctement…

« Oh… J’espère que l’odeur de mon pelage ne vous dérange pas… Elle a tendance à en repousser plus d’un »

Il dégageait un peu de cette fumée noire et nausée à bonde qui faisait parti de son pouvoir. Celle-ci s’échappant de son dos depuis les perles rougies qui y étaient incrustés. Xef savait qu’elle incommodée de nombreux loups. Alors si elle incommodée cette femelle il partirait sans plus attendre pour ne pas qu’elle en ai des problèmes d’odorat.

Resté en position assise, le noir et rouge observait la femelle de son regard dissimulé. Elle semblait agir à son aise, comme s’ils se connaissaient déjà depuis longtemps ou qu’elle se fichait totalement de sa présence à ses côtés. Pourtant elle ne lui paraissait pas irrespectueuse. Il avait même vu sa moue après ses mots et avait sentit qu’elle l’écoutait. Il la laissa jouer avec les remous de l’eau, observant son reflet se striait de cercles d’eau. Puis à l’entente de la voix de la femelle il dressa les oreilles et les fit pivoter en sa direction. Ce qu’elle disait avec du sens, beaucoup même. Mais il ne voulait pas s’ouvrir…

Son regard se dirigeant vers le ciel, les songes aussi flous que passagers l’envahir rapidement. Il ne voulait pas s’ouvrir, alors cela signifiait-il au fond qu’il ne voulait pas perdre cette solitude qui le ronge ? Pourtant il était convaincu de vouloir s’en débarrasser. Mais s’ouvrir aux autres était aussi dangereux que de se jeter dans les flammes, du moins selon lui. Cela signifiait avoir des attaches plus ou moins profondes, ou du moins d’en créer les bases et de se mettre au danger de perdre des êtres chers. Et puis cela contenait aussi le risque que l’un de ces êtres que l’on aime se retourne contre nous. Et il ne voulait pas haïr à nouveau, car il savait que plus on aimait plus la haine que l’on pouvait éprouver était violente. La preuve la sienne l’empêchait de dormir ou de vivre sa vie comme il l’entendait.

Un profond soupir lui échappa alors que sa courte queue se mouvait dans son dos. Il glissa alors son regard vers la femelle avant de reculer et de faire glisser ses pattes avant. Se retrouvant alors rapidement dans la position du sphinx, il posa sa tête sur ses pattes et ferma les yeux.

« J’aimerais avoir choisi ma solitude. Ou être un solitaire qui a choisit de le devenir, pas qui le devient contre sa volonté… »

Il resta couché ainsi un long moment avant d’entendre la réponse de la femelle quant à sa fumée. Un sourire effleura ses babines. Il agita alors les oreilles et redressa un peu la tête pour la remercier d’un léger hochement de celle-ci. Xef ne s’était pas encore présenté, ce n’était pas dans ses habitudes. Mais avec la louve il n’en sentait pas le besoin. Si elle voulait connaître son nom elle pourrait toujours le lui demander. Mais lui avait le sentiment là que cette rencontre serait aussi agréable que passagère.

Toujours couché il laissa la femelle toucher sa « queue » si tant est que ça en soit une. Car en réalité c’était juste une touffe de poils liés à sa crinière qui s’était attaché à un petit morceau de sa colonne vertébrale. Petit il se souvint que ce morceau d’os n’était pas garnit et qu’il était à l’air libre, lui donnant un air bien étrange. Mais aujourd’hui il était couvert de poils gris et noirs, ce qui était bien amusant. Il avait la sensation qu’elle arrivait à sentir ce qu’il éprouvait. C’était une sensation très étrange qui lui donnait l’impression d’être mis à nu, comme si on venait de lui enlever un masque et qu’on avait repoussé sa touffe blanche qui cachait si bien ses beaux yeux pourtant si repoussant.

Il l’écouta alors avant d’agiter les oreilles. Quelle se rassure, il ne croit en aucun dieu. Chez lui les seuls dieux, et encore, ça n’en était pas vraiment, était la lune et le soleil, base de tout système de vie terrestre. Restant la tête sur ses pattes il observa la louve se mettre à mouvement prêt de lui. Il ne croyait pas non plus au destin. Pour lui les loups mettant les choses sur le compte du destin manquaient cruellement de cran et de courage. Hors il n’en manquait pas franchement. Mais c’est la fin de la remarque de la louve qui le troubla particulièrement. Comment pouvait-elle sentir qu’il avait peur ? Sentait-elle ce qu’il ressentait ? Etait-ce son pouvoir ? Sans doute, en tout cas il ne poserait pas la question, se contentant simplement d’écouter ses paroles.

Mais il ne pouvait pas décider que cela n’avait pas d’importance. Il aimait la vie, il aimait le monde, il aimait ses congénères. C’était tout son complexe d’ailleurs. Il les maudissait et les haïssait autant qu’il les aimait et les chérissait. C’était là tout le problème. Il ne pouvait pas faire comme s’il était insensible. Enfin si il pouvait faire comme si, mais au fond il était atteint… Il ferma les yeux avant de sentir la louve s’éloigner. Après quoi il se redressa avant de la voir un peu plus loin sur la berge légèrement en hauteur. Il agita les oreilles en l’observant avant de relever son postérieur. Il s’approcha alors de la femelle et baissa son museau vers la tête de la louve colorée.

« Des fois des événements arrivent et ne nous laisse pas le choix »

Il s’assit devant elle. La tête inclinée en sa direction. Il l’observait d’un regard aussi neutre que dénué de vie. Son bout de queue avait cessé de se mouvoir. Il laissa le vent caresser sa pelisse et agiter ses poils blanchis. Il réfléchissait à ce que venait de lui dire la femelle. Mais en fait il n’était pas d’accord avec elle. Les choses n’étaient pas sans importances lorsqu’on devenait le maître de notre vie. Bien au contraire, chaque acte et chaque pensée prenait beaucoup plus d’importance. Du moins, selon lui.

« Je n’ai pas peur de m’ouvrir, j’ai peur de perdre »

Il redressa la tête et posa ses yeux sur le ciel avant de descendre son museau sur l’horizon. Son regard se baladant sur le paysage où la seule frontière était l’horizon qu’il n’atteindrait jamais. Il sentit le sable de l’Oasis se glissait dans son poil, et malgré les grains désagréables qui le chatouillaient il ne fit pas un mouvement. Un soupir passa alors la barrière de ses babines avant que ses oreilles ne se mette à l’horizontal.

« En réalité j’ai peur que les choses se reproduise… Je crois que je n’aurais pas dû entrer dans un clan… »

Il disait surtout cela pour lui-même. Tant pis si la louve l’écoutait. Elle pouvait bien en rire ou en dire ce qu’elle voulait, il n’en avait que faire. Maintenant il était tiraillé entre son désir de vivre seul loin des dangers de la trahison et de la guerre, ou de rester et de se lier d’avantage à la louve qu’il trouve aussi mystérieuse qu’attirante.

Droit face à elle, le mâle avait finit par sentir sa gêne, mais il n’en avait pas fait cas puisqu’elle s’était redressée. Ses oreilles s’agitant il la laissa se mettre à ses aises. Il se sentait écouter avec elle, c’était très agréable, et il se sentait presque mieux de l’avoir rencontré. Il l’observa alors dans le silence avant d’entendre sa réponse. Ses oreilles se mirent directement à l’horizontal et son regard caché s’assombrit très rapidement. Le loup avait eut la sensation d’entendre la voix de sa mère derrière celle de Mya. La louve lui avait dit exactement la même chose et c’était terriblement troublant. Mais en même temps ça lui avait fait chaud au cœur de trouver une louve qui lui semblait si similaire à celle qui lui avait donné la vie.

Il vit alors la femelle partir et aller se désaltérer. Il la laissa faire sans bouger, se mettant alors à réfléchir à ce qu’elle lui avait dit. Puis il secoua doucement la tête. Le présent était très difficile à vivre correctement, car chaque action qu’il entre prenait sous entendait qu’il pensait vivre sa fin. C’était très déroutant de penser cela, mais c’était ce que l’on lui avait apprit. C’était Aro qui lui avait enseigné. Et malgré son côté fou, le loup avait aussi eut quelque chose de très sage. Mais après la louve se trompait, ce n’était pas la solitude qui le rendait triste, c’était cette sensation d’être un étranger, et également ce remord désagréable qui lui hurler qu’il n’aurait pas dû survivre.

Il souffla longuement avant de s’ébrouer dans un mouvement élégant et fluide. Puis il s’approcha de Mya dans un pas fluide et tranquille, mais tout aussi silencieux. Il était content de l’avoir croisé. Il songea rapidement d’ailleurs que sa rencontre avec la louve était sa plus belle rencontre de la journée. Il s’arrêta alors aux côtés de la louve et baissa à nouveau son museau vers elle pour qu’elle ne soit pas contrainte de lever la tête.

« Merci de m’avoir rappelé une chose aussi importante. Je crois que j’avais oublié l’essentiel »

Il avait oublié que vivre c’était de profiter de sa seconde, du moment. Il secoua alors son pelage et dressa les oreilles avant de relever la tête. Une bourrasque de vent secouant leurs pelisses, le mâle plissa les yeux et tourna légèrement la tête pour se protéger du sable qui vint se nicher sur son visage. Quand le vent se calma enfin, il rouvrit les paupières et reposa un instant ses yeux sur la femelle avant de se redresser et de poser son regard mystérieux sur la louve puis de rediriger ses yeux sur l’horizon. Il inclina respectueusement la tête. Comme s’il la remerciait encore une fois du plus profond de son être. Puis il releva la tête et étira un fin sourire aussi amical que doux.

« Grâce à toi je vais pouvoir honorer correctement les morts de mon passé »

Il avait oublié ce que lui disait souvent sa chère Glimmer, ou même ce que lui avait dis Steykay plusieurs fois dans sa colère. Mais grâce à Mya il s’en souvenait. C’était pour cela qu’il était si heureux de l’avoir rencontré. En plus la présence de la louve était très appréciable. Elle n’avait rien de désagréable ou de repoussant, elle était gracieuse douce et belle dans le moindre de ses mouvements. En plus de cela elle était particulièrement calme et silencieuse ce qui ne déplaisait pas le moins du monde au loup noir et rouge. De plus sa présence était apaisante et sans animosité. Elle avait vraiment tout pour plaire. Mais elle ne lui plaisait pourtant pas de cette manière. Il la voyait plus comme… une amie sans nom. Une personne qui serait venu éclairer sa vie et rallumer la lumière sans lui demander l’autorisation. En fait, elle était arrivée silencieuse dans sa conscience tout comme elle était arrivée calmement à ses côtés. Et il savait que lorsqu’elle partirait ce serait sans doute avec le même calme et la même tranquillité, mais qu’elle aurait calmé en lui la mer en furie qui grondait déjà depuis un moment.

« J’espère que tu resteras toujours comme tu es. Parce que tu es aussi mystérieuse qu’agréable »

Il avait articuler ses quelques mots dans un souffle. Sa voix se faisait légère, douce, et très calme. Elle ne savait pas vraiment si elle l'écoutait et si elle l'entendrait. Mais il se doutait fortement qu'elle écoutait ce qu'il disait. Par contre, il se demandait vraiment comment elle prendrait ses dernières paroles. Espérant alors ne pas la gêner, ni l'agacer. Il s'assit calmement dans le sable à ses côtés et leva la tête pour apprécier les rayons de la fin du jour et la brise qui jouait dans son poil.