LAIDA

Laïda avait quitté les terres cavernes quelques jours plus tôt, elle avait voulu y rester pour étudier les peintures rupestres, mais l'annonce par sa mère que son père était mort alors qu'elle était si loin avait fini par définitivement la refroidir et, arrivée à la moitié de son étude, elle avait décidé de partir. Elle y retournerai probablement dans quelques semaines, mais elle avait besoin de faire un peu le vide sur ce qui lui rappelait le vieil estropié.

Avec les nouvelles frontières, et la meute des tanières, elle avait dû prendre les souterrains pour traverser le pays. Mais la louve n'aimait vraiment pas être privée de lumière aussi longtemps et elle avait fini par en sortir avant d'arriver à bon port. Evidemment, elle était sur les terres maudites, un territoire où elle ne trouverai probablement rien de plus gros à manger qu'un rat. Et pour combler son humeur délicieuse, elle était en chaleurs.

Jusqu'à présent, elle avait relativement mal vécu ses chaleurs, elle devenait hyper sensible, incapable de se concentrer deux minutes sur une tâche et étrangement elle se retrouvait subitement au milieu du territoire de chasses de plusieurs mâles, d'après leurs dire. Elle espérait qu'au moins ici elle serait tranquille, la probabilité qu'un solitaire vive par ici était relativement faible.

LAÏDA

Elle s'était assise pour regarder les ruines du chateau d'Akui. Elle se rappelait qu'un ancien lui avait dit que la guerre avait pris fin en partie ici, elle, bien sûr, n'était pas encore née, mais elle avait toujours été impressionnée par cette histoire. D'après lui, un dieu s'était incarné sur terre pendant de longues années et avait mis une énorme pagaille, forçait les quatre clans à se réunir pour n'en former plus que deux, Le Désert au nord-est et la Source au sud-ouest. Son père était venu ici avec l'alpha Hydromos de l'air pour libérer les prisonniers des cachots, pendant que le grand Ware et Leone affrontaient le dieux avec les guerriers des deux clans.

Elle se demandait comment elle pourrait explorer ces ruines sans se mettre en danger d'un effondrement quand une odeur puissante la frappa. Un mâle... Et pour avoir une odeur aussi puissante, ce ne pouvait-être qu'un dominant. Elle bondit sur ses pattes et regarda autour d'elle précipitamment. Elle pouvait relativement facilement se défaire d'un mâle lambda, mais un dominant c'était en général une toute autre affaire, un tout autre morceau. Elle pesta, à tout les coups c'était l'odeur de ses chaleurs qui l'avaient attiré...

Elle l'aperçut enfin, il était assis au loin, laissant le vent lui porter son odeur en l'observant. Un frisson d'excitation la parcourut... Foutues chaleurs... C'était un mâle énorme, a peu près autant que l'avait été son père, il était foncé, du brun et du noir, avec des rayures crème... Un caverne? Elle avait pensé en croiser aux cavernes troglodytes mais leur odeur en avait disparu depuis longtemps, elle ne pensait pas en croiser ailleurs. Pour tout dire elle pensait qu'ils avaient tous fini par quitter El.

Elle avait très envie de le rencontrer, mais était-ce juste sa curiosité, ou bien ses chaleurs lui faisaient-elles perdre la tête ? Elle fit un pas dans sa direction mais sa raison repris le pas sur son instinct (43/100). C'était un dominant, s'approcher c'était se mettre en danger, elle devait le fuir. Elle savait parfaitement ce qu'un mâle en rut pouvait lui faire si elle le laissait l'attraper et c'était hors de question d'être prise par un inconnu, en plus il pouvait très bien être une masse de muscles sans cervelle, et elle refusait de se donner à un abruti.

Elle tourna les talons et s'élança vers la sécurité relative de la forêt, malheureusement elle était prisonnière des frontières du clan et du désert, cet espace n'était qu'une enclave solitaire au milieu des clans, et elle ne se risquerait pas à fuir dans les souterrains...

LAÏDA

Elle venait d'atteindre le couvert des arbres quand elle l'entendit hurler. Elle s'arrêta et regarda en arrière, il l'avait poursuivie mais s'était couché. Il lui avait demandé de ne pas fuir. Mais était-ce un piège? Et en même temps, quelle était la probabilité qu'elle rencontre un caverne ici? Elle pensait que sa famille en étaient les derniers représentants d'El... Elle avait chaud, elle secoua la tête, elle était incapable de réfléchir avec toutes ces hormones...

Elle l'observa un moment de loin, ne sachant pas que faire. Il paraissait très calme, très loin de l'attitude des mâles qu'elle avait pu croiser pendant cette période auparavant. Mais il était imposant, et si elle s'approchait trop, il pourrait très facilement la maîtriser. Mais s'il restait couché et elle debout elle aurait un peu d'avance non ?

Elle finit par avancer dans sa direction, partiellement apaisée par son calme. Elle s'arrêta à quelques mètres de lui. Il était en plein dans le vent et son odeur puissante lui emplissait la truffe. Elle se sentit saliver et serra les babines pour ne pas le montrer. Tout son corps pulsait, lui hurlant de s'approcher plus de ce partenaire potentiel de choix, mais elle tenait bon. Cinq mètre, c'était assez près et ça lui laissait le temps nécessaire pour s'enfuir. Oui cinq mètre, pas plus, pas moins.

Elle le regarda d'un air curieux. Il était plus vieux qu'elle, peut-être deux ou trois ans de plus. Sa fourrure était épaisse, et caractéristique des Ytens Elle remarquait maintenant qu'il n'avait pas seulement la rayures, mais aussi les pommellures spécifiques des Ytens. Son sang était pur, ça ne faisait aucun doute. Elle n'en avait jamais vu un, son père était à moitié Oshur, et sa mère une pure Oshur. Elle n'en avait vu que sur les peintures dans les cavernes, ils étaient souvent représentés sur les scènes de guerre, elle comprenait mieux pourquoi maintenant qu'elle le voyait. Il était massif, ses énormes pattes étaient presque aussi larges que deux des siennes et sa nuque puissante ne laissait aucun doute quant à la force d'une de ses morsures. Elle déglutit, sentant son ventre palpiter d'anticipation et aussi, un peu, de peur. Ses yeux de nuit étaient fixé sur elle, la détaillant de la même manière.

Elle n'osait pas bouger, craignant que le moindre mouvement de sa part ne provoque les deux situations dont elle ne voulait pas, un combat, ou un rapprochement un peu trop amical.

LAÏDA

Je me nommes Jeremiah. Et toi?

La voix grave du mâle résonna entre eux, elle frissona. Son nom ne lui disait rien, vu son âge il avait pourtant probablement fait partie de la Source mais sa mère n'avait jamais été très loquace sur leur race. Pourquoi fallait il qu'elle soit en chaleur ? Ce mâle aurait pu lui en apprendre tellement... Mais elle savait très bien qu'elle fondrait totalement quand il se remettrai à parler...

La.. Laïda

Elle begayait maintenant... Son cerveau envoyait des informations à son corps mais celui-ci était en roue libre. Elle voulait lui poser un millier de questions, mais ses hormones la laisseraient ils faire ?

Elle n'osait pas s'asseoir, ni s'approcher. Le vent ne cessait de lui porter l'odeur musquée du mâle par vague et son cœur battait la chamade.

LAÏDA

Jeremiah ne semblait pas être perturbé par ses hormones, il restait parfaitement calme alors que la jeune louve ne savait plus où ni comment se mettre pour ne pas avancer ou fuir. La tension était palpable pour elle, elle mettait toute sa volonté à ne pas franchir les quelques mètres qui les séparaient. Le mâle se coucha sur le coté, et elle se détendit un peu plus, commençant à s'asseoir.

Laïda... Est-ce que tu es seule ici? Ou quelqu'un t'attend quelque part?

La voix et la question du mâle la firent se relever d'un bond, la peur lui tordit l'estomac. S'était-il comporté calmement jusqu'à présent parce qu'il ne savait pas si elle était sous protection? Si elle répondait oui, allait-il lui faire du mal? Elle avait toujours sa petite marge d'avance et elle jeta un regard en arrière. Il dut comprendre qu'il avait fait un faux pas, car il précisa sa question.

Autrefois j'étais roi de tout un clan puis... la Famine est arrivée et mon clan n'a plus existé. Aujourd'hui, il y a une meute, nous ne sommes que six mais... nous sommes tous caverne.


Elle se détendit de nouveau, il lui demandait simplement si il y avait d'autres cavernes. Lui aussi devait penser que son groupe était composé des seuls survivants... Elle s'assit, il était sur le coté, elle serait debout plus vite que lui et elle était plus fine et plus agile, elle aurait le temps de lui échapper si ça tournait mal. La curiosité était la plus forte, surtout que une fois n'était pas coutume, ses hormones s'étaient alliées à elle pour lutter contre sa raison.

Hem... Ma mère, mes frères et ma soeurs sont restés à la Source, j'ai déserté il y a un moment maintenant, vous êtes le premier caverne que je croise depuis ma naissance en dehors d'eux. Enfin, à part les peintures dans les cavernes.

LAÏDA

Les oreilles du mâle s'étaient dressées quand elle avait mentionné la Source. Il devait donc savoir que les cavernes y avaient longtemps vécu, peut-être en avait-il lui même fait partie ?

Tu es la fille de Gaor.

Ah voilà pourquoi il avait dressé les oreilles. Sa lignée était connue, son grand père était le tyran qui avait causé la perte des cavernes qui avaient si longtemps vécu en harmonie avec le clan de la Terre. Il était la raison pour laquelle elle n'avait jamais vu d'autre membre de sa race à part sa famille avant Jeremiah. Il plongea ses yeux dans les siens et elle frissonna, comme brulante d'une fièvre dont elle ne voulait pas se remettre. Il haussa les épaules. Elle fronça le museau, ne ressentait-il rien du feu qui faisait bouillir ses veines ?

Ca n'a pas d'importance, que tu sois la fille d'un grand guerrier comme Gaor, ou d'un autre caverne.
Laïda, si un jour tu cherche une meute, tes semblables et moi seront ravi de te compter parmi nous.


Il la quittait des yeux pour mieux l'hypnotiser de nouveau la faisant plonger dans son océan de nuit. Elle se retrouvait à vouloir que ces yeux la regardent, elle voulait le voir réagir. Elle fit un pas en avant. Elle ne comprenait pas pourquoi elle devait lutter pour se contrôler alors que lui ne semblait même pas remarquer qu'elle brûlait. Pourtant, le vent avait tourné, il devait ne sentir plus qu'elle, comment faisait-il pour ne pas être un peu perturbé?

Cette idée l'intéressait et la mettait en colère à la fois. Elle était tellement perturbée qu'elle n'avait pas compris qu'il lui proposait de rejoindre sa meute.

Vous ne le sentez pas ?

Elle ouvrit de grand yeux, réalisant ce qu'elle avait dit. Elle avait mis les pattes dans le plat... Elle baissa les yeux essayant de contrôler son coeur qui palpitait brutalement.

LAÏDA

Il grogna à sa question et elle laissa échapper un couinnement d'anticipation ridicule. Si son moi habituel avait pu se dissocier de son corps d'idiotes sous hormones, elle se serait giflée. Mais le corps avait pris le contrôle et le cerveau suivait comme il pouvait, essayant de limiter les dégâts.

Si, je le sens.
Mais je suis roi, et je n'ai pas le droit de céder

Il avait profité que le vent tourne pour prendre une profond inspiration, malheureusement c'était son odeur musquée qui enveloppait maintenant Laïda. Elle ferma les yeux pour mieux la capter, elle ne trouvait pas l'odeur des mâles si agréable que ça en temps normal, son corps devait comprendre que c'étaient les chaleurs qui parlaient. Mais le corps vivait dans l'instant présent, l'anticipation était un truc de cerveau.

Et mon titre m'interdit de me laisser aller sans en assumer les conséquences. J'ai aussi vu ta méfiance. Je le sens, fort et c'est puissant, mais si je perds le contrôle, je perd tout.

Tout ? Que perdrait-il ? Elle savait ce qu'elle y perdrait, un pan de sa liberté chèrement acquise, mais lui ? Il avait une meute, il aurait des descendants, il risquait de la perdre elle, oui, une fois qu'elle aurait retrouvé ses esprits. Mais elle n'était pas à lui, pouvait-on perdre quelque chose qu'on ne possédait pas ? Une chose était sûre, elle s'était promis de ne plus appartenir à personne d'autre qu'à elle même quand elle avait quitté la Source, il faudrait plus qu'une période de chaleurs pour qu'elle y renonce.

Elle avait reposé les yeux sur le mâle, sans s'en rendre compte, elle avait fait un pas de plus dans sa direction. Une part d'elle même, celle qui devenait folle en cette période avait envie de voir jusqu'où il serait capable de tenir, si elle pouvait lui faire confiance. Jusqu'à présent sa vie de solitaire lui avait appris une chose, ne pas accorder sa confiance trop vite, ne pas croire que les mauvaises choses n'arrivent qu'aux autres, la marque sur son flanc en était la preuve.

Alors pourquoi, pourquoi cherchait elle à tirer Akui par la queue aujourd'hui ? Peut être parce qu'elle était face à un dominant et que son odeur était plus puissante que n'importe lequel des mâles qu'elle avait rencontré avant lui pendant ses chaleurs ? Peut être parce qu'en plus il avait l'exotisme de l'inconnu tout en ayant le confort de ce qui est proche ?

Je n'ai plus peur.

Sa méfiance avait été repoussée dans les tréfonds de son cerveau cartésien, le reptilien avait pris le dessus, et pour lui elle n'avait rien à craindre, au contraire c'était un mâle tout à fait indiqué pour perpétuer l'espèce lupine.

Elle s'empecha néanmoins de faire encore un pas. Elle ne savait pas si elle reculerait ou si elle resterait là s'il se levait, son esprit était confus sur cette décision.

LAÏDA

Le mâle gronda la faisant frissonner d'excitation. Ce grondement l'aurait en temps normal inquiété, mais il avait un tout autre pouvoir alors que de la lave parcourait ses veines, provoquant des fourmillements dans ses membres tendus.

Il s'assit secouant la patte sur laquelle il avait été appuyé et qui devait être engourdie. Cela la rassura un peu plus, elle pourrait fuir si nécessaire, l'insensibilite temporaire de sa patte le ralentirait.

Il ferma les yeux et sa truffe s'agira, humant son odeur enivrante avant de gronder de nouveau. La louve ne put empêcher un léger sourire de fierté à l'idée d'avoir brisé la réserve de l'énorme mâle.

Si cela doit arriver, ça ne sera pas mon choix.

La fille de Gaor fronça le museau, son regard se durcissant. Il fallait être deux pour s'accoupler, si les deux étaient d'accord, on ne saurait remettre la responsabilité de l'acte que sur un seul des deux partenaires. Comme si en plus elle pouvait le forcer.

Il s'était mis debout maintenant et la louve devait lever la tête pour continuer de le regarder dans les yeux. L'idée qu'elle puisse s'accoupler avec lui sans son consentement semblait complètement incongru. Le grand roi se défilerai donc si d'aventure cette rencontre devait se finir de façon plus intime.

Je réétère ma proposition. Si tu souhaites trouver ma meute, nous t'accueillerons avec plaisir. A six nous arrivons à chasser pour subvenir à nos besoins, tout en défendant notre territoire. Si tu nous cherche, va voir au sud de la forêt, près de la mer.

Cette fois elle avait pu être suffisamment concentrée pour comprendre sa proposition. Il lui demandait de rejoindre sa meute. C'était une proposition détournée, elle pouvait venir si elle voulait, mais elle ne l'aurait, lui que si elle le rejoignait. C'était limpide (8/100).

La liberté était ce qui comptait le plus pour Laïda et pourtant ses hormones ne la laissaient pas en paix... (fail sur 100) elle fit un pas de plus en avait, il n'y avait plus qu'une longueur de patte entre eux et elle devait pencher la tête en arrière pour le regarder.

J'ai quitté la source pour la liberté. Serai-je libre dans ta meute ? Ou serait je de nouveau un outil ?

Elle avait abandonné le vouvoiement, son instinct lui disait qu'il n'était plus question de cela alors qu'elle devait exposer sa gorge pour le regarder...

LAÏDA

Elle le regardait droit dans les yeux et elle savait que ça devait le faire doublement bouillir, d'abord car c'était une provocation délibérée alors qu'il était dominant, ensuite parce qu'il ne pouvait plus échapper à son parfum maintenant, ils étaient trop proche pour que le vent ne puisse leur donner de répits. Il combla le dernier espace qu'il y avait entre eux, la fourrure épaisse de son poitrail se mêlant à celle de sa gorge exposée, l'emmitouflant dans son musque. Sa truffe était saturée de son odeur et son ventre se tordait douloureusement d'envie.

Un outils?
Non... Pas un outils. Chez moi chaque vie est égale.

Il grondait et murmurait, provoquant de délicieux frissons sur l'échine de la louve. Elle haussa un sourcil, elle doutait que chaque vie soit égale dans un groupe qui comptait un dominant. Ils n'aimaient pas qu'on s'opposent à eux, malheureusement, Laïda était une forte tête, elle était un cauchemar vivant pour ce genre de mâles.

Vraiment ?

Il grondait de plus en plus, et elle sentait qu'il atteignait les limites de sa résistance, cependant, elle devait reconnaître que jusqu'à présent il avait fait preuve d'une maîtrise exceptionnelle, ce qui lui donnait envie d'avoir confiance. Mais la partie raisonnée de son cerveau continuait d'envoyer des signaux d'alertes que le corps ignorait, et si son but justement, était de gagner sa confiance?

Dans ma meute, tu pourra aller et venir à ta guise, nos frontières ne sont là que pour éloigner les intrus, mais elles ne sont pas une prison. Tu es libre de chasser, de défendre, ou tout autre chose. Tu es libre de choisir tes compagnon de chasse, si tant est qu'une chasse en groupe t'intéresse. Mais... Nous sommes une meute, et donnons tous pour la survie, la vie du groupe. Si tu ne fais rien pour les autres, tu seras éjectée.

Elle fit un pas de coté, séparant leurs fourrures. Elle voulait l'observer sous un autre angle, elle ne l'avait vu que couché. Elle ne répondit pas tout de suite, elle voulait réfléchir, et elle avait du mal à se concentrer avec sa truffe dans sa fourrure. Elle tourna avec une extrême lenteur autour de lui, observant ses muscles sous sa fourrure dense, la solidité de ses aplombs.

Et si je veux partir pendant plusieurs mois pour étudier les peintures rupestres de nos ancêtres? Si ma contribution n'est pas matérielle mais intellectuelle?

Il avait beau dire, si elle devait chasser ou se battre pour les autres, c'était qu'elle servait, qu'elle redevenait un outil au détriment de ce qui l'animait plus que tout, la découverte scientifique, l'histoire... Elle continua de lui tourner autour, se trouvant maintenant derrière lui. Maintenant qu'elle ne croisait plus son regard, elle se sentait un peu mieux, moins sous le joug de ses hormones, elle avait l'impression de retrouver son souffle.

LAÏDA

Elle se sentait plus sereine derrière lui et elle doutait que cela inquiète le mâle, elle n'était pas une menace pour lui, il pourrait la maîtriser très facilement. Elle n'était pas sans savoir que les cavernes, et en particulier les Ytens, étaient très rudement entraînés depuis leur plus jeune âge et à la vue de sa musculature, elle était d'avis qu'il n'avait jamais vraiment cessé de s'entraîner, à la différence d'elle qui n'en avait plus vraiment pris le temps depuis qu'elle avait quitté son clan.

Mais il finit par se retourner, très lentement et par à son tour tourner autour d'elle. Cette fois, elle commença à avoir peur, si venant d'elle ce geste n'était pas une menace, fait par lui... Elle se sentait prise au piège comme une proie. Il s'arrêta contre elle, épaule contre épaule. Ça ne serait pas de son fait disait-il quelques minutes plus tôt, pourtant, c'était lui qui avait franchi le dernier pas qui les séparaient, et, alors qu'elle avait repris un peu de distance, c'était de nouveau lui qui la prenait au piège de son odeur, lui imposant ce contact fourrure à fourrure.


Le savoir de notre peuple me tient à cœur et nous n'avons personne pour accomplir cette tâche. Si c'est ce que tu veux, alors fait. Il m'est important d'éduquer ma meute, et ces études peuvent être indispensables.
Mais pour bénéficier de la sécurité de ma meute, et des proies de mes chasseurs, tu dois accepter la condition que tu reviendras, ma meute sera la tienne aussi à cette condition.

Il acceptait de lui laisser sa liberté et sur ces mots, il lui mordilla la nuque et les oreilles. Le feu de ses veines se mua en lave. Elle se laissa aller contre lui, sachant parfaitement qu'il avait la puissance de la retenir et lacha dans un souffle.

D'accord...

LAÏDA

Il se pressa encore plus contre elle et en elle se mêla terreur et envie violente. Elle appréhendait ce qui allait se passer, il lui mordillait la nuque, les oreilles, instinctivement elle savait ce qui allait suivre. Elle ne voulait pas être mère, du moins pas encore, il était trop tôt. Et son corps lui était en désaccord sur ce point, il voulait le grand mâle, peu importait les conséquences, ou plutôt pour lui il fallait qu'il y ait des conséquences, il en allait de la survie de l'espèce, l'amour n'avait pas sa place, juste le potentiel génétique...

Quelle est... cette sorcellerie qui te rend si... Désirable...

Elle frissonna sous son souffle rauque et chaud sur sa nuque, il lui serait tellement simple de la prendre ou de la tuer. Il gronda violemment et elle se tendit, terrifiée qu'il choisisse de lui planter les crocs dans la nuque mais il lâcha son oreille et s'écarta d'elle. Un mélange de frustration intense et de grand soulagement la submergèrent. Il n'avait pas craqué et elle lui en était reconnaissante.

Elle soupira, elle avait retenu son souffle depuis tout ce temps ? Le mélange d'émotions forte et de ses hormones la laissait pantoise, haletante, parcourue de frissons glacés. Allait-elle pleurer ? Elle sentait les larmes lui brûler les yeux. Voulait-elle pleurer de soulagement, parce qu'elle avait eu peur? Parce qu'elle allait perdre un pan de sa liberté ? Parce qu'elle était frustrée que ce désir brûlant ne soit pas contenté?

Dans ce cas, je te propose de rentrer. Faire connaissance avec le reste de la meute ne serait pas à mal. Une fois les présentations faites, tu seras libre.

Libre? Le serait-elle vraiment ? Avait-elle sacrifié ce qu'elle avait de plus précieux sur l'autel des hormones ? (82/100) Mais à cet instant c'était une bouffée de colère qui prenait possession de la louve. Sa meute! Sa meute! Il avait passé près d'une heure à la courtiser pourquoi ? Pour qu'elle rejoigne sa foutue meute. Il s'était servi de ses chaleurs, de son état instable pour la pousser à accepter de rejoindre sa meute et maintenant il lui refusait ce pour quoi son corps l'avait forcée à accepter. Elle recula et dévoila ses crocs.

NON!

Elle se mit en position défensive, elle n'était pas un bête docile pas une jument menée par son étalon. Elle avait quitté la Source, elle avait survécu seule, et il était hors de question qu'elle subisse le joug d'un autre pseudo alpha, fusse-t-il capable de la rendre folle de désir. Elle devait s'éloigner de lui, il l'empêchait de réfléchir et son cerveau était mille fois plus important que tous le reste.

LAÏDA

Non?

Son regard s'était fait menaçant. Il n'était plus temps de fuir, il était debout et il la rattraperait sans effort, elle était donc prête à se battre pour défendre chèrement sa vie. Mais plus que ça, c'était une question d'orgueil, elle était fille de Gaor, elle avait survécu seule, elle avait affronté son lot de péripéties, et surtout elle était intelligente. Elle refusait de se laisser manipuler. L'odeur du mâle, échauffé par la colère, la frappa de plein fouet et une fois encore son ventre se tordit. Il avait été cruel, de lui laisser entrevoir des plaisirs infinis et de l'en priver à la fin, quand il avait obtenu ce qu'il voulait : qu'elle rejoigne sa meute. Il avait joué avec ses émotions, et ça ce n'était pas acceptable, encore moins quand elle était vulnérable comme maintenant.

Il retroussa les babines à son tour, dressant sa queue. Des aiguilles de désir enflammèrent son ventre, faisant grimper sa température. Sa voix par contre, était froide, rien à voir avec les grognements rauques qu'il lui avait servi plus tôt, la confortant dans la sensation qu'il avait juste voulu la manipuler, qu'à aucun moment il n'avait été aussi près de basculer dans l'abandon qu'elle l'avait été.

Je ne te force pas à rejoindre ma meute, Louve.

Non il ne forçait pas, il n'avait pas utilisé la force contre elle, il avait utilisé la manipulation, ce qui était bien plus pernicieux. En soit, elle n'avait rien contre sa meute s'il tenait parole et qu'il lui laissait faire les études qu'elle voulait de temps en temps, qu'il ne se formalisait pas qu'elle ait parfois besoin d'air. Mais elle n'aimait pas qu'on insulte son intelligence comme il l'avait fait.

Elle n'eut pas le temps de répondre qu'il l'avait attrapée à la nuque et plaquée sur le dos, les crocs autour de sa gorge, son corps pressant le sien. Son cerveau cessa de fonctionner devant la vague de chaleur bouillante qui l'envahissait. Elle le sentait tout aussi brûlant qu'elle, elle avait envie qu'il lui donne ce qu'il lui avait "vendu" plus tôt. Il avait osé la séduire pour ensuite la priver de délivrance.

Les yeux de la louve flamboyaient de désir et de colère, il ne cessait de jouer avec elle, il la garda ainsi plusieurs secondes avant de reculer. Elle ne se leva pas, elle ne lui fit pas le plaisir de lui montrer qu'elle avait eu peur, elle roula sur le coté et lui jeta un regard de défi.

j'aurai me douter que les chaleurs te feraient perdre la raison.

La fourrure de la louve se hérissa devant l'affront. Elle était jeune, et clairement inexpérimentée en matière de chaleurs, c'était, après tout, la première fois qu'elle était aussi proche d'un dominant dans un tel moment, et l'évidence était là, aucun mâle inférieur ne lui conviendrait jamais, aucun ne lui ferait bouillir le sang comme un mâle dominant.

Mais c'était l'insulter que d'imaginer que c'était uniquement ses chaleurs qui avaient guidé ses actes. Certes, elle n'était pas certaine de ce qu'elle voulait, mais la meute n'était pas le problème, ça c'était certains, du moins, s'il tenait parole. Elle se releva avec une extrême lenteur, la colère animant ses yeux obsidienne.

Tu joues avec moi et ce sont mes chaleurs le problème? Tu me courtises et me séduit puis te refuses à moi et je dois avoir confiance en toi pour respecter ta parole une fois dans ta meute ?

Elle lui tourna autour, tête basse mais son regard dirigé vers le sien, soumise à sa force, pas à son esprit. Sa fourrure était hérissé mais son désir pour le mâle toujours ardent, elle fit un sourire carnassier, consciente qu'il la suivait du regard. Sa voix par contre, exprimait clairement sa colère.

Je ne suis pas docile, je peux obéir, mais si on me respecte. En jouant avec moi tu insultes mon intelligence.

LAÏDA

Et tu m'insulte pour croire que je me rabaisse à jouer avec les autres. Si les chaleurs te font perdre le contrôle, alors il faut constater que les tiennes m'ont fait perdre le mien. Il y a quatre femelles dans la meute et aucune ne m'ont attiré comme toi.

Elle ressenti une pointe de fierté à avoir pu rendre fou ce mâle alors que les autres femelles n'étaient arrivés à rien. Fierté stupide... Elle était probablement juste plus jeune. Ou alors ça tenait à son ascendance peut-être? Pourtant, au lieu de s'approcher d'elle, il s'éloigna d'elle. La partie rationnelle de son cerveau était rassurée, il n'allait pas lui ressauter dessus que ce soit pour s'accoupler ou la tuer.

Mon but est de créer un endroit où nous, caverne, pouvons vivre en paix, sans la menace des loups de clans, et sans famine, sans peur. Notre peuple a été décimé par la guerre et l'ambition d'un vieux roi, jusqu'à ce que la famine nous achève tous.

Il secoua la tête, comme pour effacer l'image d'un souvenir passé. Laïda n'avait pas connu ce pan de l'histoire de sa race, elle savait que Yogrenn avait causé une guerre avec la Source, causant la mort de beaucoup d'entre eux, mais elle n'avait pas pu savoir ce qui était arrivé après. Emmeth ne le lui avait jamais dit, on aurait dit que ça lui faisait peur d'en parler. Et bien sûr, les peintures étaient largement antérieures.

Fais ce que tu veux. Je ne suis roi que parce qu'on m'appelle ainsi, je trime autant que les autres, et je tente de protéger ma meute du mieux que je peux car elle me fait confiance. Si tu veux partir, fait le.


Elle ne savait si elle pouvait le croire, cette rencontre l'avait laissée frustrée, en colère, et un peu vide aussi. Si elle n'avait pas été en chaleur elle aurait pu avoir une véritable conversation intelligente... Elle avait besoin de réfléchir et elle en était incapable en sa présence en cette période.

Mais si malgré tout tu acceptes, alors tu n'as qu'à me suivre.

Il se détourna et parti vers la foret. Elle ne répondit pas et fit demi-tour. Finalement il lui évitait d'aller contre sa nature, et il avait ravivé son envie de connaître l'histoire de sa race. Elle se dirigea vers les souterrains, décidée à percer les secrets des territoires cavernes. Elle soupira de soulagement, elle avait probablement failli faire la pire bêtise de sa vie. Si elle le recroisait un jour, elle le remercierai de s'être contrôlé. Peut-être irait elle un jour rencontrer les loups de sa meute, pour poursuivre son étude, mais jamais elle ne serait des leurs.