Eris avait été engueulée comme une moins que rien. Si elle n'avait pas perdu son titre de médecin, cela tenait du miracle, mais peut être que le Conseil ou que savait-elle d'autre discutait encore de sa situation. Elle avait empoisonné une louve, la petite Kaleea, cousine de son compagnon, sans expérience aucune de la médecine qu'elle appliquait, sans prendre conseil, sans consulter un médecin plus apte à ce genre de pratique. Peut être n'avait elle encore son poste que parce que Kaleea avait failli mourir, sa survie était entièrement dûe à Eris, qui avait usé toute l'énergie de son pouvoir pour limiter les dégâts.

Mais la honte de la démonia n'en était pas moins profonde. Kaly était restée dans le coma quatre jour, et aveugle un jour de plus. Eris avait fini par lui signifier qu'elle pouvait rentrer chez elle, alors malvoyante et encore fragile, mais rester à ce moment là dans la tanière de la médecin ne lui apportait rien de plus qu'un éloignement alors que la louve cendrée avait eu besoin de sa famille.

C'était les chaleurs, de nouveau. Mais elle n'en avait pas besoin pour se tenir éloignée des autres. Elle avait raconté la totalité de ce qu'il s'était passé à Aymeric, lui avouant qu'elle avait quasi tué sa cousine, alors que son compagnon avait déjà trop perdu de membre de sa famille en si peu de temps. Elle faisait son travail, même si plus beaucoup de gens venaient la voir après que le bruit de l'empoisonnement de Kaleea n'aie parcouru le clan entier. Si les médecins ne la radiaient pas de la profession, le reste du clan le ferai à leur place.

A l'écart du camp et de ses odeurs affreuses, Eris s'était assise près de la rivière et observait son reflet. Ses quatre cornes, ses yeux étranges, son museau épais... Sans nul doute, elle était une démonia une vraie de vraie. Mais son nom actuellement ne lui apportait que malheur. Elle devait se préserver pour un loup qu'elle n'aimait pas au dépend de celui qu'elle voulait pour elle seule. Elle devait donner sa vie pour sa famille parce qu'elle savait son frère et sa soeur loin de toutes ces idées. Si c'était un nom qu'elle portait avec honneur, et qu'elle aimait sa famille et ne voulait pas voir son nom disparaitre, c'était une destinée qu'elle ne voulait plus, qui avait déjà trop longtemps régit sa vie.

Mais Eris n'avait plus le choix, elle avait promis.

Une vois l'appela et elle se figea, plaquant ses oreilles sur son crâne. Elle ne se retourna pas vers Aymeric et baissa la tête vers l'eau qu'elle voyait, la honte revenant en un ras de marée en elle. Pourquoi venait il maintenant, alors que les chaleurs les avaient trop souvent tentés? Quelle était cette chose si importante? Il avait une voix grave, peu assurée. La louve dans un instant de parano ne pouvait lier qu'une seule raison à ces deux actes. Il ne l'aimait plus, il lui en voulait de ce qu'elle avait fait à Kaleea, il n'était plus affecté par les chaleurs, et il venait lui dire qu'il ne voulait plus d'elle. Eris ne bougea pas, n'émettant aucun son, tandis qu'elle fixait son reflet.

Sa respiration se coupa, ses pupilles se rétrécirent. Il aurait voulu être là.

Elle tourna lentement la tête vers lui, pour le voir complètement gêné et perdu. Donc il ne venait pas pour ça? Alors qu'une vague de soulagement aurait du la prendre, l'air dramatique que prenait Aymeric la rendait plus inquiète encore. Ses oreilles se redressèrent un peu mais restèrent tendues arrière, elle fit un pas de plus pour mieux se tourner vers lui.


Elle se figea alors, son coeur se glaça, un frisson parcouru on échine, sa respiration se bloqua à nouveau. (Sang froid : 47)

Son air étai féroce, mais Eris pris une grosse inspiration, calmant son coeur et sentant ses poils se coucher sur son dos. Elle ferma les yeux un instant, quelqu'un avit touché à son compagnon, mais il croyait... Il n'en était pas sûr?

Tu... Crois? il s'est passé quoi Aymeric, avec qui?

Il sembla se décomposer sur place, elle pencha la tête. Il avait honte? Alors que deux minutes plus tôt, c'était elle qui hésitait à se jeter dans la rivière? Bah dis donc, le monde était bien tordu. Mais ça n'était pas de sa faute à lui, si quelqu'un avait abusé de sa confiance et de son corps, même les plus forts pouvaient se faire prendre dans ce schéma. Elle se rapprocha lentement et plaça doucement sa tête sous le menton du loup pour le soutenir. Il n'était pas seul. Et en elle brûlait une rage ardente, pire que celle qui la prenait quand elle voyait sa propre soeur malmener son poulet à elle.


Mais elle se figea, de tous, c'était sur Jarks qu'elle aurait le moins parié. Il se montrait si galant, si gentil d'ordinaire, et il aurait violé un autre loup? Un mâle en plus? Mais pire que ça, le sang de la louve s'était glacé. Plus elle avait vu le loup dragon plus elle était persuadée qu'il était le choix parfait pour une bonne descendance Démonia. Elle avait mis longtemps à trouver, et il s'était arrivé que des loups digne de cet honneur dans le clan, il n'y en avait qu'un et c'était lui. Seulement, avec ça comme antécédant, jamais elle ne le laisserai lui grimper dessus et prétendre être le père de Démonia. Jamais elle ne s'approcherai plus de lui, sauf pour venger l'honneur de son compagnon.

Toutefois, un doute semblait subsister, car Aymeric ne finit pas sa phrase. Elle s'écarta un peu pour lui lécher la truffe, le sentant se vouter au dessus d'elle.

Calme toi mon coeur, respire. Tu ne pense pas quoi?

Elle le regarda en penchant la tête, d'un aspect calme et serein, mais la flamme de rage qui brûlait en elle devait sans doute ressortir dans ses yeux aux pupilles aussi minces qu'une goute d'eau.

Elle sentit Aymeric se détendre peu à peu et se décida à maintenir le contact. Elle ne pensait plus à l'effet de son odeur sur lui, encore moins qu'il pouvait ne plus la désirer. La détresse qu'il ressentait alimentait sa peine et sa rage, mais Eris n'arrivait pas à bien se positionner. Aymeric lui avait avoué être sous l'influence de l'alcool quand c'était arrivé, et voilà qu'il lui disait que Jarks aussi l'avait été.

Elle devait prendre des décisions mais ne savait pas encore les quelles, il y avait tellement de doute dans ce que disait Aymeric. Ho non pas qu'elle ne le croyait pas, elle avait pleinement confiance en lui pour savoir que même s'il faisait une connerie il viendrait le lui dire. Les deux jouaient toujours la transparence l'un avec l'autre, du moins aux yeux d'Eris et c'est pour ça que le loup ailé avait été parmi les premiers au courant de ce qu'il s'était passé avec Kaly.

Il lui répondit et Eris se tut, réfléchissant. elle pourrait l'assaillir de question, mais Aymeric était sous le choc à n'en pas douter, était-ce judicieux de faire ça maintenant ? Ou vallait-il mieux qu'elle les lui pose tout de suite pour ne pas ressasser le passé et remuer le couteau dans la plaie plus longtemps?

Elle allait ouvrir la gueule pour parler, mais il passa une patte autour d'elle et la serra contre lui. Un doute substitait en elle à présent, devait elle lui avouer qu'elle avait voulu demander à Jarks pour ces enfants démonia?


Elle soupira. Oui, c'était le moment. Elle lécha la truffe de son compagnon et lui souffla un "je t'aime" que seul lui pourrait entendre.


Elle le fixa, elle pouvait sembler s'acharner, mais les réponses que pouvaient lui apporter Aymeric étaient très importante pour elle, et elle en avait besoin pour savoir comment son avenir tournerait.

La question sembla perturber le loup ailé qui fronça les sourcils, en pleine réflexion. Eris n'intervint pas, les souvenirs étaient sans doute douloureux pour lui, elle lui laissa le temps qu'il voulait pour rassembler ses pensées et ses idées. Elle dressa les oreilles quand enfin il se remit à parler, puis se pressa un peu plus contre lui en sentant le frisson qui le parcouru.

Elle sentit le regard du mâle peser sur elle et elle releva la tête en lui léchant la truffe.


Elle resta un peu plus contre lui, pressant sa tête dans le cou du chasseur , oui elle le croyait. Il s'était passé quelque chose de terrible, et cela impacterait la vie de la louve. Elle ne dit rien, rassurant du mieux qu'elle pouvait le loup déboussolé qu'elle tenait dans ses pattes. Elle gémissait un peu ici et là pour le rassurer encore et lui montrer qu'elle était là, mais elle aussi lui devait la vérité maintenant. Elle baissa les oreilles sans se détacher de lui.

Dans ce cas... Moi aussi je doit te dire quelque chose.

Elle recula la tête pour chercher son regard avant de poursuivre.

Jarksobann était un excellent candidat pour assurer une descendance à ma lignée.

Elle plongea ses pupilles d'or et de feu dans celles azures de son loup, son poil d'échine se gonflant.

Je ne lui ai rien dis, je ne faisais qu'y penser ,mais plus j'y pensais plus ça semblait évident, seulement je voulais te le dire avant de le lui demander, mais maintenant... Je ne serai plus capable de demander quoi que ce soit à ce... ce...

Ses mots se bloquèrent en elle. Elle appréciait Jarksobann, c'était un loup gentil, doux, profondément aimable et serviable, mais jamais elle ne pourrait plus le voir comme ça, il avait violé son compagnon. Elle déglutit, il y avait un autre loup qui pouvait, à la rigueur, faire le travail à sa place mais... Celui là n'était pas aussi prometteur que Jarksobann. Eris se tut, ne dévoilant pas le fond de sa pensée, pas la suite de sa vie venait à l'instant de plonger dans un brouillard épais dont elle ne voyait plus la fin.

La gorge d'Eris s'était bloquée et ne laissait passer plus aucun son, elle regarda son compagnon se décomposer, mais sans doute n'avait il pas encore pleinement conscience de l'impact que cela aurait sur eux deux.

Eris ne lui en voulait pas, c'était pas sa faute, il n'en était pas responsable, il n'était pas responsable de ce qu'on lui avait fait, mais la louve démonia était désormais incapable de dire quoi que ce soit. Elle avait failli croire avoir une solution au problème qui la tenait si éloignée de son compagnon, trouvé le loup parfait pour combler sa famille et ainsi être libéré de son devoir, libre de mener sa vie comme elle le souhaitait, auprès du loup qu'elle aimait, ayant le droit de fonder sa propre famille sans avoir ses tantes et oncles sur le dos.

Tout ça venait de s'envoler. Sans doute l'un ou l'autres tenterait quand même de lui dire de le faire, mais elle se le refusait, elle ne voulait plus se laisser toucher par ce monstre, et se répugnait à l'idée de se donner à lui.

Elle laissa Aymeric la serrer contre lui, de plus en plus anéantie, elle le sentit sangloter, renifler, ses larmes trempaient petit à petit le sommet du crâne de la louve rouge. Elle s'appuya fort contre lui pour le forcer à se coucher sur le flanc, et sans même lui répondre, se roula en boule entre ses pattes, entre les pattes du loup qu'elle aimait. Elle lécha le menton du mâle, ne se souciant plus de rien sauf de lui, ni d'elle ni de ses chaleurs, elle se blottit le plus possible contre lui, rien ne le lui prendrai, il était à elle, et personne n'avait plus le droit de le toucher.