-Kaleea-

Seule, Kaleea était seule. Depuis sa dernière rencontre avec Kelekt, pas un mot venant de la blanche. Sa famille continuait son deuil, et elle n'en pouvait plus. Une lumière s'était éteinte avec la mort de sa mère et de son frère, et elle ne pouvait la rallumer. Tout ce qu'elle se contentait de faire était de traîner sa carcasse la journée, de s'alimenter parfois, lorsque ses cousins le lui rappelait, et parfois d'aller boire au fleuve pour tenter d'oublier sa douleur. Le monde continuait à bouger autour d'elle, à avancer, mais Kaleea en était tout simplement incapable. Des petits naissaient, des vieux mourraient, et elle restait statique.

Elle avait fini par devenir oméga, tout comme son frère. Devenir ce qui la rebutait le plus au monde avant : un poids pour la société. Mais peu lui importait. Cependant, une chose l'avait fait sortir un peu de sa léthargie : elle avait pour la première fois déclenché ses chaleurs. La sensation était étrange, un titillement d'abord dans son ventre, puis quelque chose ressemblant à des brulures. C'était désagréable, et venait s'ajouter à son lot de douleurs quotidienne qu'elle ressentait, comme si son corps avait mille années. Cependant, elle avait vite compris le principe de ces chaleurs : lorsqu'elle s'était levée pour aller manger, ses sens se retrouvaient comme décuplés, et les odeurs qui l'entouraient étaient bien plus puissantes qu'avant. Surtout celles des mâles, qui lui faisait tourner la tête et battre plus fort le cœur. Pour la première fois depuis de long mois, la louve avait senti son instinct ressurgir. Et ça lui faisait du bien.

D'abord hésitante, elle avait peu à peu repris un peu d'assurance, et s'était baladée, se gorgeant d'odeurs et de regards, jouant du désirs des autres et du sien. Son inexpérience la faisait redouter ce qu'il se passerait si elle allait plus loin, mais plus les jours avançaient et plus elle désirait ce qu'elle s'interdisait. Alors que les jours passaient, la louve devenait de plus en plus sensible, sur les nerfs, comme si son ancien "elle" revenait à la vie. Et elle aimait ça.

Ce soir là, elle avait décidé de se balader dans la forêt des lys de feu. Cet endroit l'avait toujours enchanté, depuis toute petite, mais elle évitait d'y aller car il était à présent gorgé des souvenirs de sa mère. Elle évita le chemin que les deux femelles prenaient habituellement, se contentant de suivre son instinct. Alors qu'elle hésitait à rentrer, ses long cheveux se prenant dans les branches derrière elle, elle sentit une odeur. Une odeur Source. Une odeur mâle. Ses oreilles se redressèrent. Elle était bien au courant des Jeux qui se passaient, ayant assisté au départ de la course il y a peu ou certains de sa famille participait. Mais elle n'avait pas tellement suivi le reste. Cependant, rencontrer un Source .... Elle s'approcha d'un pas léger, souple, son corps entier frémissant avec elle, et l'aperçut : un grand mâle beige et bleu, tout à fait incongru dans cette forêt peuplée d'anciens Feux et Air. Le regard de Kaleea glissa le long de son échine, de ses épaules bien bâties, s'attardant sur ses pattes larges et ses yeux cachés par une touffe de poils bleu adorables. Uniquement guidée par ses tripes, la louve sorti du couvert des arbres, laissant son corps encore maigre caché par les fleurs enflammées qui l'entouraient, l'odeur des lys et particulièrement de ceux roses l’envoutant presque comme dans un rêve. Elle lança un regard charmeur, brulant au mâle en face d'elle, cherchant à le titiller. Jusqu'ou irait-il avec elle, une Desert qu'il ne connaissait pas ?

Salut toi, tu n'es pas d'ici.

-Kaleea-

Le mâle, qui s'était allongé pour se détendre, se redressa les oreilles en avant, visiblement surpris de la voir approcher. Malgré ses chaleurs, les odeurs des lys en feu couvraient presque l'odeur délicieuse que dégageait Kaleea, mais elle savait qu'en s'approchant un peu ... Elle prit le temps de détailler le crème, qui la regardait d'un air enfantin. Ses traits portaient encore le souvenir de l'enfance, tout en présentant la force et l'affirmation d'un jeune adulte. Kaleea pouvait en dire autant, mes ses traits légèrement émaciés la faisaient paraitre plus vieille que ce qu'elle ne l'était en réalité. Le mâle balbutia :

N-n-non j'm'appel de la Source et j'suis Balder, et toi ?

Il était mignon, à perdre ses mots devant une jolie femelle. Kaleea fit un pas, laissant ses cheveux blancs dégringoler devant son visage, cachant ses yeux rouges comme dans un geste de timidité. En réalité, elle se jouait de lui, et ne rêvait que de le rejoindre, de venir sentir son odeur d'un peu plus près. Un Source était passager, un soir avec lui et le clan ne le saurait pas. Il repartirai aussi vite qu'il était venu ... Elle s'avança encore, laissant apparaître son visage à présent plus proche, trop proche de celui de Balder :

Moi c'est Kaleea.

Elle s'approcha, jusqu'à frôler le museau du mâle, laissant les sensation l'envahir. Le désir, la peur, la frustrayion? Puis d'un geste, elle s'éloigna, rompant en un jeu subtil la tension qui s'accumulait entre eux. Elle pointa du museau les lys qui les entouraient :

Tu les avais déjà vus ? Les lys s'enflammer. C'est beau le soir.

-Kaleea-

A son contact, le mâle se tendit, son poil se dressant sur son échine, et il grogna sans découvrir les crocs. Kaleea n'était pas une louve des plus expérimentée en amour, mais ses premières chaleurs lui avaient bien montré l'effet qu'elle pouvait avoir sur les mâles. Ce Balder était jeune, et sa façon de se trémousser inconfortablement et de fuir légèrement son regard tout en le cherchant lui permettait de lire en lui comme dans un livre ouvert : elle l'avait sous son emprise.

Alors qu'elle s'éloignait légèrement, jouant avec la tension du mâle et son propre désir frustré, elle le sentit se détendre. Il se racla la gorge, continuant la conversation comme si de rien n'était, comme si les pulsions primitives qui les prenaient n'étaient tout simplement pas là :

Non jamais. C'est sublimes oui, un peu comme ... euh vous Dame Kaleea.

La louve tendit un regard presque doux au loup, puis sourit. Elle aimait les compliments. On lui en faisait rarement à cause de son caractère, et même si le mâle semblait plus guidé par un autre appendice que son cerveau actuellement, cela lui faisait plaisir. Elle voulait continuer de se jouer de lui, ou plutôt de jouer avec lui à ce jeu dangereux qu'est l'amour. Mais était-ce bien raisonnable ? Kaleea n'était pas stupide, et elle savait qu'elle ne voulait absolument pas devenir mère. Cependant, c'était le plus vivant qu'elle ne se soit jamais senti en quelques mois, voir plus. Depuis la mort de sa mère et de Yoru en fait. Et elle ne voulait absolument pas que ça s'arrête.

Elle fit un pas vers le mâle, sentant immédiatement tout son corps se tendre et un frisson parcourir son échine en anticipation, puis répondit d'une voix d'abord timide :

Vous êtes gentils, monsieur Balder. Vous aussi vous ...

Elle fit encore un pas. leurs fourrure s’effleurèrent, ils étaient plus proches que jamais. Un silence flotta autour d'eux alors que la femelle sentait son odeur enivrante, une odeur de plantes, de terre mouillée, de chasse. Elle glissa tout doucement son museau dans le cou du crème, tremblant légèrement , et de désir et d'un sentiment indescriptible, qui l'emportait dans un tourbillon délicieux. Le contact était timide, presque plus une brise d'un véritable vent, mais il avait emporté toute sa raison. Elle finit sa phrase, laissant ses émotions transparaitre dans sa voix devenue légèrement rauque :

Vous savez me charmer.

-Kaleea-

Il était à sa merci, elle était à la sienne. Son cœur battait si fort dans sa poitrine qu'il manquait de lui faire exploser les côtes, et l'excitation lui tendait tout le corps, lui hérissant les poils d'un frisson délicieux. Alors qu'elle s'était approchée, testant ses limites, le mâle craqua enfin. D'un geste, il passa une patte au dessus d'elle, lui mordillant avec force et un peu de maladresse l'encolure. Elle ferma les yeux, la douleur irradiant son corps d'une sensation forte. Elle n'était jamais allé aussi loin, jamais. Pas question de s'arrêter maintenant.

D'une poussée, Balder la fit rouler sur le dos. Elle se laissa faire, laissant entrevoir son ventre noir, ses faiblesses. Les pattes du mâle l'entourait, et à présent il la dominait de sa stature musclée. Mais son regard était toujours ... insécure ? Elle pencha légèrement la tête. Il était vraiment mignon, innocent. Il était probable qu'une louve ne l'ai jamais poussé aussi loin dans ses retranchement. Elle pouvait sentir presque physiquement son esprit empêcher son corps de se jeter sur elle, et cela la satisfaisait au plus haut point. Elle se sentait désirée, irrésistible, belle.

Euh ... Dame Kaleea, notre jeu pourrait être dangereux vous savez. D'autant plus que nous ne sommes pas du même clan, je ne veux pas vous porter préjudice.

Le mâle pensait aux conséquences, comme toute personne sensée. cependant, Kaleea avait abandonné depuis longtemps ces préoccupations, se concentrant sur ce qui lui faisait du bien. Devenant animale, sauvage, elle tendit le cou et mordilla l'oreille de Balder, puis son cou, faisant courir sa langue sur son corps. Finalement, le souffle court et les yeux brulants, elle répondit :

Ne mentez pas monsieur Balder, je sais que vous le désirez autant que moi ... Alors pour une nuit, oublions les conséquences, oublions les clans, oublions les autres

Elle releva la tête, reprenant ses mordillements, remontant jusqu'à l'oreille du mâle avant d'y susurrer, histoire d'enfoncer le clou. Il avait l'air d'être plutôt lent à la détente ce jeune là, il valait mieux que ses intentions soient claires :

Nous sommes seuls ce soir, et je vous veux

-Kaleea-

La louve savait qu'elle avait gagné, presque depuis le début. Elle s'était jouée de lui, jusqu'au bout, et il lui suffit de lâcher ses derniers mots pour qu'elle sente le mâle perdre le contrôle de sa raison. Le jeune loup tout juste sorti de l'enfance, encore maladroit et mignon, s'est envolé, remplacé par une bête plus animale que sensée. Il la retourna sur le ventre, elle se laissant faire avec délice, et lui grimpa dessus pour se lier à elle. La femelle laissa exploser les sensations dans son corps, satisfaisant ce désir qui la brûlait depuis le début de ses chaleurs, enfin. Elle se sentait mieux que jamais, et pour la première fois la pensée de sa mère ou de yoru ne vinrent pas la déranger. Elle se sentait belle, aimée, et maîtresse de sa vie, dominant les autres. Elle se sentait au dessus de tout.

L'acte en lui-même ne fut pas long, ce qui surpris un peu la jeune louve. Balder, même après avoir cédé à la tentation animale, restait un tendre et doux, dans ses gestes,dans ses mordillements et ses caresses. Elle était plus rêche, sauvage, mais se laissait aller à un peu de tendresse avec lui. Lorsqu'il eut terminé, il se laissa glisser à ses côtés, et elle roula au sol pour se blottir contre lui, senivrant de son odeur. Deux inconnus, deux clans différents, mais pourtant ils s'étaient liés ce soir là en partageant bien plus que simplement leur nom. Kaleea sentait le mâle fatigué, pourtant elle ne s'était jamais sentie aussi pleine d'énergie. Elle frotta son museau contre le sien, chaque caresse faisant frissonner tout son corps devenu hypersensible. Cependant, elle se trouvait si bien que très vite elle ferma les yeux, sombrant dans un sommeil léger.

Le soleil n'avait pas encore pointé ses rayons à l'horizon que Kaleea se réveilla en sursaut. Son corps fourmillant d'une drôle de sensation, mais une seule pensée la ça lait à présent : son père allait s'inquiéter si il se réveillait et qu'il ne l'a trouvait pas. Son museau top a vers Balder, endormi à ses cotée, et elle sourit tendrement. Il lui avait offert son corps, ils avaient échangés leur innocence, et la noire ne regrettait pas le moins du monde. Si elle avait eu le choix, elle serait restée pour le voir s'éveiller, pour le titillé encore un peu. Mais elle devait rentrer. Elle sextirpa avec précautions de l'étreinte du crème, et rentra d'un pas léger, sans un regard en arrière.