Cela faisait un moment qu'Hydromos n'était pas venu ici. Cette terre lui manquait. Lorsque c'était encore le clan de l'Air, il lui suffisait de descendre la montagne du campement pour s'y promener. Maintenant, il devait faire un trajet de quelques jours aller-retour depuis le nouveau campement, passant par les souterrains des montagnes. Avec tout ce qui s'était passé : la seconde attaque, la réunion de crise qui avait suivi, la mise en quarantaine du clan qui s'était prolongée jusqu'à 60 jours environ pour la zone des cachots, de multiples maladies, des morts, l'intégration et le suivit de Lydia (une fille d'adepte "prisonnière"), les entrevues des comptes-rendus des recherches dans les montagnes pour l'artefact ; il avait bien besoin d'une pause. Il devait s'éloigner un peu, se ressourcer, prendre du bon temps. Ware devrait en faire de même si ce n'est pas déjà fait. Tous deux ont la truffe dans le travail depuis novembre... Heureusement, ils pouvaient compter sur leurs bêtas : Aslan majoritairement, Fahrenheit continuait d'apprendre sur le terrain et un peu Okazeh qui devait plutôt se concentrer sur ses petits. Lorsqu'ils auront cinq ou six mois, elle pourra de nouveau s'investir véritablement dans les actions du clan, car les nourrices pourront les lui garder.

Hydromos gardait bien en tête qu'une troisième attaque pourrait arriver. Il semblerait que les adeptes aiment les attaquer avec de grands moyens. Cela pouvait avoir une explication. Les adeptes s'amusent avec les sentinelles et autres gardes/guerriers de la Source à leurs frontières. Eux, avec le désert et la rivière faisant tampons, ils avaient juste les grands assauts... D'un côté, cela leur permettait d'être relativement tranquilles, car les adeptes étaient obligés de venir à plusieurs pour espérer faire des dégâts et apparaître dans la forêt des lys de feux. C'était surtout aux frontières éloignées du campement qu'il y avait un peu plus de grabuge, comme la prairie du monde et la forêt Talaïala. La cavalière responsable des maladies était intelligente pour attaquer ceux loin du campement. D'autres adeptes faisaient comme elle. Quelques affrontements ont eut lieu au désert, mais les sentinelles et guerriers postés là-bas étant capable de vivre convenablement dans le désert, ils avaient largement l'avantage face à des adeptes ne supportant pas bien la grande chaleur du lieu ou se fatiguant vite par les 50°C voir plus qu'il peut y avoir. Ainsi, les adeptes avaient bien plus d'opportunité et d'amusement personnel à titiller la Source qu'eux.

Cela faisait une vingtaine de jours tout au plus que tout était redevenu normal. Les escadrons s'étaient pleinement remis en action. Lord Jarodin poussait ses membres jusqu'à l'épuisement pour rattraper tout le retard. Les patrouilles étaient composées d'un nombre un peu plus conséquent de loups dans la forêt des lys de feu et la forêt Talaïala autour des chutes, afin qu'une potentielle troisième attaque échoue très rapidement, que les adeptes soient repérés très vite. Tout roulé bien, le clan s'était remis en ordre. Ainsi donc, Hydromos avait pu prendre cette fameuse pause, car c'était le meilleur moment pour tout oublier quelques instants.

Arrivant par un début d’après-midi à la prairie du monde, il arpenta le territoire avec calme, le sourire aux babines, observant tout ce qui l'entourait. Il avait l'impression que cela faisait une éternité qu'il n'était pas venu ici et qu'il n'avait pas contemplé toutes ces couleurs se mélangeant. Le cri d'un paon se fit entendre, il tourna la tête, mais tomba truffe à truffe avec un immense visage coloré de la taille d'un monstre des marais. Il sursauta sur le moment avant de se souvenir des papillons géants. Il ricana de sa petite peur et poursuivit son chemin.

Sans vraiment s'en rendre compte, l'alpha de plumes s'avançait vers la statue d'Eden, déesse de la sagesse et mère d'Eléonore, déesse de la justice. Avec la fusion des clans, mère et fille sont à présent affiliées au même clan. C'est lorsqu'il croisa une moniale, religieuse d'Eden, qu'il s’aperçut de là où il allait. Il décida de poursuivre. Rendre visite à cette déesse par ces temps troubles pourrait être bénéfique. Les religieuses qu'il croisait sur son passage le saluèrent. Il arriva à la statue au détour d'un buisson et y vit Cassiopée non loin. Il avait su que la femelle ailée avait fini par rejoindre les religieuses. Il s'était douté qu'elle aille servir l'un de leurs dieux, étant donné sa proximité déjà acquise avec le monde mystique. En la revoyant, la vision dont elle lui avait fait part où il serait son âme sœur lui revint en mémoire. Il se sentit gêné, l'observant quelques instants. Elle était autant belle que la première fois qu'il la vit, si ce n'est plus belle encore aujourd'hui avec son corps guérit et en parfaite santé et ce paysage autour la mettait en valeur. Il secoua un peu la tête et alla la saluer.
C'est seulement après lui avoir dit bonjour et s'être approché quelque peu d'elle, qu'il perçut une odeur particulière : les chaleurs. L'odeur n'était cependant pas trop forte. À présent qu'il avait senti ça, il se dit qu'il serait préférable de partir. Les religieux vivent souvent en grande partie autour de leur lieu de culte, ainsi donc, les femelles ne sont pas souvent en contact avec les mâles et inversement, ce qui atténuent grandement les chaleurs. Mais là, Hydromos se retrouvait dans un groupe de religieuses. Seul mâle dans un groupe de femelles. Cela risquait de raviver certains aspects... Néanmoins, il avait engagé une discussion, il ne pouvait pas s'enfuir après ça. En bon gentleman, il devrait d'abord discuter avec elle. D'autant plus qu'il avait l'intention de prendre de ses nouvelles. Le point positif, c'est qu'il faudrait du temps avant que quelque chose se passe vraiment. Alors pour l'instant, tout va plutôt bien...

Nous étions en train de préparer la cérémonie et... Je vais devoir vous raccompagner un peu plus loin.

Visiblement, en plus d'être là durant la période de chaleurs, il était aussi arrivé au mauvais moment. Cassiopée l'accompagna gentiment à l'écart. Il la suivit simplement, comprenant. C'était le mieux de s'éloigner et de s'entretenir autre part, même s'il n'y avait pas matière à une conversation privée.

Je suis contente de vous revoir. Êtes vous venus pour avoir une vision de l'avenir ?

Hydromos l'observa un temps. Il lui adressa un sourire. Apparemment, la déception qu'il lui avait causé en la repoussant gentiment lors de la révélation de leur potentiel futur lien, était du passé. Elle ne semblait pas rancunière, ce qui était une bonne chose pour lui. Elle ne semblait pas non plus obsédée par cette vision, ce qui aurait pu arriver. Elle aurait pu tout mettre en œuvre, après le refus, pour être sûre et certaine que la vision se réalise par exemple, et elle l'aurait harcelé directement ou non. Mais la magnifique louve n'avait rien fait de tout ça. Ils vivaient simplement de leur côté.
Environ une dizaine de jours après son intégration, elle était venue lui annoncer qu'elle deviendrait moniale. Il s'en était douté, parce qu'elle était déjà religieuse en quelque sorte avant d'arriver sur ce pays. Donc pour lui, soit elle aurait choisi Eden ou sa fille Éléonore. Elle avait pris la voie de la sagesse, devenant une "fille d'Eden". Avec sa beauté sans pareille, elle aurait tout à fait pu être une fille d'Iria, mais cette déesse n'était pas chez eux. Si ça avait été Iria qui l'avait attiré sur EL, alors Hydromos ne pourrait pas admirer son éclatante beauté. Il remerciait donc, intérieurement, la déesse de la sagesse pour avoir pris la voyante parmi ses adorateurs.

En quelque sorte. Je me suis dit que vous auriez pu avoir une vision d'Eden ou d'un autre dieu qui vous aurez parlé de La Pierre. À moins que vous ayez eu une vision du futur concernant la bataille à venir ?