Midéro avait passé la matinée avec sa fille. Les deux louves s'étaient ensuite quittées pour l’après-midi, Skandyème allant avec Sheek. La noble cornue avait arpenté le château seule, profitant du calme, bien que par moment, elle entendit les adeptes parler trop fort voir crier pour des raisons qu'elle ne chercha pas à comprendre. Mais sans doute se fut parce qu'ils sont trop heureux d'être libre de tous mouvements ou parce qu'ils se battent entre eux ou qu'ils sont tout simplement trop enthousiaste...

Sur sa route, passant à côté d'elle, elle croisa Maurëen avec ses trois petits. Elle s'arrêta un instant, les regardant passer. De ce qu'elle comprit, Ren a en lui trois autres personnalités : il est schizophrène. (Néanmoins, leur dieu avait pu séparer les entités. Laissant Sheek comme un être à part puis cette louve, Ren et un autre toujours dans un même corps. Donc, il avait séparé son adepte des inutiles.) Mais les inutiles étaient maintenant piégés ici, obligés de servir les adeptes. Ren continuant d'exercer son rôle de chasseur et Maurëen servant simplement de mère et sans doute de nourrice si d'autres petits viennent au monde dans ce château, comme ceux d'Imryu très prochainement.
Elle les observa en silence, ils l'avaient dépassé maintenant. La petite Zeera, telle est son nom, est le portrait craché d'Adès. Cette mère devait probablement regretter son batifolage avec lui, en sachant maintenant que c'est un adepte du dieu et qu'il est vil. Et qu'elle, elle est enfermée ici à voir ses petits se faire endoctriner et appartenir à Akui sans qu'elle ne puisse rien faire. Midéro afficha un sourire moqueur et pouffa. Pathétique louve. Son rire se fit plus distinct, résonnant sur les murs, tandis que Maurëen disparut derrière un tournant.

Mlle.Midéro reprit la route, arrivant à l'aile est. Elle monta l'étage, se dirigeant vers la fin d'un couloir où un trou rectangulaire y avait été fait afin de laisser passer la lumière, mais aussi pour permettre de voir à l'extérieur. Arrivée devant l'ouverture, elle s'assit et observa le jardin. Soudain, elle entendit quelqu'un hurler dans la pièce d'à côté. Ce cri soudain la fit sursauter. C'était un cri d'à l'aide et elle reconnut la voix déchirée d'Imryu. Elle se précipita dans la pièce en suivant. Elle la trouva allongée sur le sol, crispée. Est-elle tombée ? Dans ce cas, les petits pourraient avoir pris un sacré coup ! Elle se mit à côté d'elle :

Calme toi. Que se passe-t-il ? Es-tu tombée ? Ou as-tu mal ?

Elle savait qu'Imryu était proche de son terme. Aussi, elle se dit que les petits étaient peut-être en train d'arriver. Mais elle préféra d'abord écarter l'hypothèse de la chute. De toute manière, elle aurait vite la réponse. Si les petits arrivent, alors elle pourra l'aider. Elle savait que c'était la première portée de la louve et suivant les louves, la première fois pouvait s'avérer plus difficile que les potentielles autres. Néanmoins, s'il n'y a pas de difficulté particulière et qu'ils sont de taille normale, tout se passera bien. L'ex-espionne et nourrice a un bassin basique à l'inverse de Midéro qui ne pourrait jamais mettre bas sans difficulté, car trop petit. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle ne souhaite pas donner naissance et qu'elle est bien contente que sa fille soit apparue par le biais du pouvoir de Xef ou autre chose.

Imryu semblait rassurée de la voir elle. C'est sûr que si ça avait été Médée ou Adès, ça ne serait pas du tout pareil. Néanmoins, les petits naissant dans l'enceinte de ce château appartiennent forcément à Akui après, donc au moins, ces deux cavaliers ne les auraient pas tué sous peine d'avoir les remontrances de leur dieu.

La future mère ouvrit la gueule pour répondre, mais à la place, elle se mit à crier. Elle réussit à dire qu'elle était effectivement tombée, mais c'est tout. Pas de doute, elle était en train de mettre bas et Midéro le sentit bientôt grâce à l'odeur caractéristique du liquide placentaire et des hormones. La poche venait de se briser : ils arrivent. La chute avait probablement provoqué la mise bas. A moins qu'elle ait chuté à cause d'une contraction. Mais peu importe à présent.

Imryu avait peur, elle tremblait et avait mal. Midéro lui répéta une fois de plus de se calmer. Elle prononça des mots se voulant rassurant en lui disant qu'elle n'était pas seule et qu'elle était là pour l'aider.

Pousse au moment des contractions, jusqu'à ce qu'elles passent. Et tu prends de grandes inspirations entre elles. Ne t'inquiète pas, tu es jeune : tu les sortiras vite et il ne doit pas y en avoir beaucoup !

Elle ne pouvait l'aider plus que ça. C'était à Imryu de les sortir de là, elle ne pouvait pousser à sa place. En tout cas, s'il y a un problème de placement, elle pourra y aller pour les retourner : ses pattes fines sont un sacré avantage pour ça. De même si le petit a du mal à sortir de lui-même, elle pourrait essayer de le dégager. Elle récupérera les petits pour les stimuler à respirer si besoins est et pour les mettre à ses mamelles.

Imryu se calma et reprit ses esprits une fois qu'elle eut fini de parler. Bien. Elle pourra se concentrer sur sa tâche posément au lieu de paniquer à chaque contraction. Midéro n'osa même pas imaginer comment la mise bas se produirait si elle n'était pas à ses côtés. Ce serait une catastrophe ! Enfin, maintenant la mère était calmée et pouvait s'atteler à les mettre au monde sans se crisper à chaque fois.

Imryu commença le travail, appliquant les conseils de la cornue. Midéro était au niveau de ses pattes arrières, attendant que le petit sorte, pour le récupérer. Il sortit assez rapidement et sans trop de difficulté. Si c'était pareil pour tous, ce serait bien. Mais en principe, ça devrait aller. La mère eut un instant de soulagement dans sa mise au monde. Seulement, elle n'eut que le temps de se redresser dans l'espoir de le voir avant de devoir se remettre au travail. La cornue approcha le petit corps d'elle et lui donna un coup de langue sur la tête. Puis elle le frotta de sa patte et le poussa de son museau pour le stimuler, mais il ne réagissait pas.

Tandis que la fine louve essayait de faire vivre le premier, le second sortit. Lorsque l'enveloppe le recouvrant s'ouvrit et que l'air passa pour la première fois dans son organisme, il ouvrit la gueule sans émettre de son. Comparé au premier qui visiblement était mort-né, celui-ci était plus rachitique. En voyant cela, Midéro l'emmena de sa patte délicatement sous la fourrure du ventre d'Imryu pour le maintenir au chaud. La cornue n'était pas sûre qu'il vivrait, mais il peut y avoir des surprises. Un petit sortant faible, peut tout de même survivre. Elle avait décalé l'autre à côté d'elle.

Est-ce fini ? Si c'est le cas, ce n'est pas très guet, même pas du tout. Un mort-né et un autre entre la vie et la mort, Imryu serait accablée par le chagrin. Ils savaient qu'Imryu ne s'était pas fait attraper par Arkadius parce que lui seul l'avait voulu. Non, c'était un accord commun, parce qu'elle voulait engendrer une descendance. En l'absence de l'Amour, autant choisir un mâle fort et beau, mais il semblerait que les petits n'aient pas hérité de cette robustesse. Midéro essaya de cacher son air grave, bien que ses oreilles sont moins dressées qu'ordinaire et que ses babines sont quelque peu pincées.

Après un instant de répit, Imryu se remit à pousser. Il y en a d'autres alors ! Espérons qu'ils soient plus vivaces que les précédents. Ça sauvera la catastrophe de ceux déjà nés.

Elle vit qu'Imryu eut du mal à sortir le troisième. Elle poussait, mais rien ne sortait. Il y avait un problème, il devait être dans une mauvaise position. Alors, Midéro se coucha derrière elle et passa sa fine patte dans son corps. Elle sentit deux corps. Le troisième, celui qui posait problème, était en siège. Rien d'étonnant à ce qu'elle n'arrive pas à le sortir. Midéro arriva à le mettre "à plat" afin que les pattes arrières se présentent en premier. Elle ne pouvait pas le retourner, alors le mettre bien était le seul moyen. Elle tira le louveteau vers elle, pour l'engager sur la voie de la sortie, puis elle le lâcha et sortit sa patte. Imryu se remit à pousser, le faisant enfin sortir.

Elle fit la même chose qu'avec les deux précédents. Le petit réagit en suivant et émit un cri aiguë en respirant pour la première fois. Elle le déposa contre le ventre d'Imryu, à côté du faiblard. Entre temps, le dernière petit était sortie et se porta tout aussi bien que le troisième. Là aussi, elle le déposa contre le ventre de sa mère. Cette fois, c'est finie, Imryu peut souffler.

C'était le dernier. Je t'ai laissé le soin de les lécher. J'ai juste dégagé leurs visages.

C'était à Imryu de le faire, étant la mère, mais surtout pour récupérer les quelques traces de placenta et de liquide, pour ainsi récupérer de l'énergie. De toute façon, elle le ferait par instinct animal.
Midéro, sortit le mort-né de sous son ventre et constata sa raideur. Il n'y avait plus d'espoir pour lui. Le faiblard tétait au ralentit, prenant quelques petites gorgées, avant de s'arrêter.

Désolé, mais le premier est sortit mort-né et... Le second ne survivra probablement pas. Il peut y avoir une surprise, mais il est faible.

Imryu la remercia avec respect, puis le silence. Elle ne dit rien de plus, ne parla pas, restant dans ce silence non pesant, regardant ses petits, les léchant, les couvrant de ses queues telle une mère aimante. Midéro l'avait aidé, son rôle était à présent terminée. La cavalière ne brisa pas ce silence.

La noble cornue avait gardé le cadavre du petit près d'elle. Elle le gardait, car il était inutile que sa mère s'y attache. C'était sans espoir, il ne fallait pas qu'elle le garde. Elle était prête à partir avec pour le donner à Némésis, pour ne pas que la mère ait à le faire. Seulement, Imryu amena le corps sans vie contre elle. Elle ne dit rien et la laissa faire. Elle pouvait comprendre qu'elle veuille malgré tout le voir. Épuisée, la mère posa sa tête sur le sol, recroquevillée sur elle-même pour maintenir les bébés (le cadavre comprit) contre elle et leur offrir une chaleur de tous les côtés. Avant de partir, Midéro brisa le silence avec une question dure.

Veux-tu que j'emmène celui qui est mort à Némésis ?

Par la suite, elle tourna la tête vers l'entrée de la pièce. Elle avait entendu des bruits de pas et elle n'avait pas halluciné. Akui apparut dans leurs champs de vision et passa l'ouverture, coupant le futur échange entre les louves. Mlle.Midéro se recula d'Imryu, tandis que le dieu s'avançait vers la nouvelle mère. Le cavalier de La Peste, s'inclina respectueuse.

Bien le bonjour, seigneur Akui.

Joué par Licorneor

Imryu était en train de mettre bas, il le sentait. Il sentait la présence de ces nouvelles vies naître dans son château. D'abord, Sheek ou plutôt Maurëen avec trois louveteaux, maintenant elle. Plus de petits qui seront parfaitement éduqués et dressés à ses visions, ses idéaux et qui l'aduleront lui et aucun autre dieu, qui seront de parfaits adeptes, prêt à lui louer une entière allégeance jusqu'à la fin de leurs vies.

Bien qu'il n'aime pas trop les louveteaux, il faisait de bon cœur l'effort de les honorer de sa présence au minimum une fois par semaine. Ce, afin de leur raconter des histoires sur l'Histoire du pays et des dieux. Récits qu'il raconta à sa sauce, donc qu'il arrangeait à sa convenance pour qu'il ne passe pas entièrement pour le pur méchant qu'il ait, mais en décrivant que ce sont les autres dieux qui le faisaient passer pour un dieu maléfique aux yeux des mortels. Et que les dieux ne voulaient pas comprendre ses idées, ses façons d'agir ou simplement, ne voulait pas l'écouter. L'endoctrinement doit commencer dès le plus jeune âge, quand ils ont les yeux ouverts et qu'ils peuvent écouter. Il compte bien en faire de parfait enfant soldat et des pions, pour lui. Les petits d'Imryu n'échapperont pas à ça, ni aucun autre marmot naissant dans ce château !

Akui, qui avait tout observé grâce à l'un de ses pouvoirs de vision, vit que la mise bas était finie. C'est à ce moment qu'il décida de sortir de sa salle du trône, se téléportant à l'aile est. Il marcha dans le couloir menant à la pièce où était Imryu et Mlle.Midéro. Lorsqu'il arriva à quelques pas de l'entrée, il entendit la voix de sa cavalière. Elle demanda à la mère si elle voulait qu'elle emmène le mort-né à Némésis. Akui fit la grimace. Non pas pour cette proposition, mais parce que l'un d'eux est mort. D'un côté, ça fait un chiard de moins, mais de l'autre, ça fait un futur parfait adepte en moins. Donc, l'un dans l'autre, c'était une perte qu'il n'appréciait pas. Enfin, c'était les lois de la nature et du destin. Il ne pouvait pas en vouloir à la mère pour cette perte.

Il apparut dans le champ de vision des deux louves et passa l'ouverture. La louve svelte se reccula tandis qu'il avançait vers la mère. Elle s'inclina respectueusement et le salua poliment, comme elle savait toujours le faire.

On peut dire que ton aide fut précieuse pour Imryu, tu peux être contente de toi. Lorsqu'elle t'aura répondu, tu pourras disposer pour te nettoyer.

Il se tourna ensuite vers la mère et s'approcha d'avantage. Il se plaça juste derrière elle et observa les petits endormis.

Il t'en reste trois alors. Leur as-tu donné des noms ?

A sa vue, Imryu se ratatina un peu, rapprochant ses petits contre elle dans ce geste. Elle voulue se lever, mais se ravisa bien vite après s'être hissée à quelques centimètres du sol. Les petits s'accrochaient à elle et elle était encore faible de la mise bas. Elle ne pouvait tout simplement se lever pour le saluer. A la place, elle baissa la tête.

Après sa salutation, elle observa le mort-né sous les paroles d'Akui. La proposition de Midéro ne plaisait pas à la mère. Ce que les mères peuvent être susceptibles ! Il est mort, il ne va pas ressusciter ! Plutôt que de l'enterrer, autant nourrir le petit Némésis avec... Il aura une utilité finalement.

J'irai l'y conduire, quand le moment sera venu. Merci de votre proposition.

Face à cette réponse, Midéro tourna des talons et partit.
Oh, intéressant. Une fois de plus, Imryu l'étonna. Il n'aurait pas pensé qu'elle se chargerait elle-même de cette tâche douloureuse pour une mère. L'ex-espionne et nourrice du Feu s’endurcissait de jour en jour à leurs contacts. C'est bien. Moins elle sera peureuse et faible, plus elle pourra assouvir ses soifs de vengeances plus facilement. Par contre... L'ami qu'elle s'était faite ici, Kyu, n'avait pas intérêt à la faire dévier de ses objectifs et l'empêcher de devenir plus forte. Il voulait voir le spectacle qu'offrira les différents paliers de vengeance de la louve rouge et noire. Liessen Idril est morte récemment, il en reste trois.

Lorsqu'il lui se posta juste derrière elle et pencha sa tête au-dessus des marmots, Imryu s’aplatit comme une flaque et ouvrit ses pattes pour le laisser les voir plus en détails. Lorsqu'il demanda s'ils avaient des noms, elle lui répondit en les montrant :

Voici Saël, Shaïlin et Lydia.

Elle avait omis de présenter le mort-né, mais peut-être ne lui a-t-elle pas donné de nom. Certaines mères le font quand même, mais il n'en voyait pas l'utilité... Il ne rebondit pas là-dessus, il s'en fichait bien pas mal ! Shaïlin et Lydia lui plaisaient. Ils étaient bien formés et semblaient vigoureux. Seul l'avenir leur montrera s'ils ont hérité des gênes robustes d'Arkadius. Saël est le plus faible et pour Akui, il ne fait aucun doute qu'il ne survivra pas. Ou alors, ce sera très étonnant. Il releva la tête.

Bien. Occupe toi bien d'eux. Je me demande ce qu'ils deviendront... J'enverrai peut-être Arkadius les voir. Autant qu'ils s'habituent à leur présence puisqu'il prendra part à leur éducation au combat !

Peut-être qu'Arkadius ne souhaitait pas entendre parler de ces petits et qu'il ne voulait pas les éduquer et les entraîner, mais il n'aura pas le choix. Il est hors de question que les petits n'aient pas des séances de combat dispensés par leur père. Arkadius est un bon élément et son caractère teigneux et impétueux déteindra sans doute sur ceux des petits, leur donnant de la niaque.

Sur ces paroles, Akui recula, se retourna et partit. Il n'avait plus rien à faire ici. Il avait vu ces futurs fidèles, ça lui suffisait. Maintenant, c'était aux parents de leur inculquer les valeurs des fidèles et l'adoration pour lui. Le concernant, il avait de nouveau un très jeune public pour écouter ses histoires.