Elle se réveilla après le cinquième jour.

Non, ceci n'a rien à voir avec le mythe de la genèse. Sa genèse a elle n'est pas belle, n'est pas joyeuse et charmante. Cinq jours étaient passés depuis le départ du vampire. Depuis ce loup qui avait été le premier auquel elle avait réussi, osé, s'attacher. Et elle s'en est mordu les pattes. Elle était restée amorphe, dans la tanière de son bien aimé, dans son odeur qui faisait croire à la louve qu'il était encore là, qu'il ne l'avait pas abandonné.

Elle avait oscillé entre colère, chagrin et désespoir. Détestant, puis pleurant, puis rageant contre son aimé parti. Elle avait laissé les débris de son masque devant la tanière. Débris du petit passé qu'elle avait acquis depuis sa chute. Ils avaient été emportés, par des loups curieux, par le vent, par le temps, suivant ce même chemin que tout ce qui finissait par l'abandonner, elle.

Sans compter ce type là. Le grand blanc, qui semblait tout savoir, tout connaitre, et qui lui a balancé son passé en pleine gueule comme une vulgaire motte de terre. Ce qui était sûr c'est qu'il manquait de finesse. Et puis elle. Cette petite louve. Petite louve plus grande et plus jeune. Cette petite louve qu'elle avait frappé. Sa fille.

Elle mis du temps à se rendre à l'évidence, mais plus elle y pensait, plus les faits étaient irréfutables. Cette petite, qu'elle avait vu en rêve, et qu'elle avait frappé. Elle n'osait plus la voir. Si elle la recroisait, que dirait elle? que ferait elle? Comment sa fille dont elle ignore le nom réagirait elle? Tant de questions. Tant d'angoisses. Et elle au milieu, comme un amas de poussière ballotté par le vent.

Alors, à l'aube de ce cinquième jour, elle se leva, laissant une trace sans poussière dans cette tanière à présent abandonnée. l'odeur du vampire était partie, alors elle partait. Elle sortit. Plissa les yeux sous la lumière brute du soleil naissant au point du jour, et dirigea sa carcasse vers la foret. Instinctivement, elle retourna à ce trou, cette tanière qu'elle avait tenté d'habiter, mais qu'elle avait finalement fuit en même temps que sa fille.

Il n'y avait plus aucune trace du dieu, de son apparition et de la réunion qui s'était tenue ici. La pierre sur laquelle Urion s'était tenue était déserte, elle y grimpa pour scruter les alentours. Il n'y avait aucun signe de vie, parfait. Lorsqu'elle rentra dans le trou, elle constata qu'une famille de rats y avait élu domicile, ils furent les premiers habitants du garde manger de cette tanière.

Une fois l'installation faite, elle sorti et se secoua mollement. Elle avait sans doute mauvaise mine, elle n'avait pas regardé son reflet. Alors elle s'assit et entrepris de nettoyer ses plumes. Se tordre lui fit mal, elle qui était restée couchée cinq jours, était à présent parcourue de crampes. Elle n'avait plus l'age pour ces conneries.

Elle était en train de lisser la plume principale de la première rémige de son aile droite quand elle entendis un craquement sec non loin. Elle dressa la tête, tendue. Une odeur forte surgit alors. Elle se releva lentement alors que son poil se gonflait. Elle gardait les ailes tendues à l'horizontal, prête à bouger. Ça sentait le Feu.

Pour la seconde fois elle tentait de s'installer, pour la seconde fois on la dérangeait. En plus c'était un feu. Elle espérait que ça ne soit pas la louve à deux queue. Cette louve sensée être sa fille. Rien ne dit qu'elle accepterait déjà la présence de cette clanique.

Elle qui s'était battu pour retrouver sa mémoire, fuit a présent la seule personne qui la connaissait d'avant sa chute. Mais elle n'était pas prête à s’adresser à qui que ce soit. Elle sentait la présence du clanique, elle savait qu'il n'était pas loin, mais elle ne le voyait pas. Elle grondait en tournant lentement sur elle même, regardant de tous les côtés. Le soleil se reflétait sur son immense cicatrice. Elle venait de se laver le visage.

Qui que vous soyez, identifiez vous ou dégagez!

Elle n'avait pas hurlé, mais ses mots étaient forts. Secs. Si l'étranger ne faisait rien, elle n'hésiterai pas. Elle en avait marre de ne rien faire. Elle allait se protéger au moindre signe hostile. Et si cela impliquait la mort de quelqu'un, elle n'oserai pas. Sans doute le dieu blanc l'avait il suffisamment perturbé l'autre jour pour qu'elle n'aie plus envie de parler à qui que ce soit.

Ca se rapprochait, et ça puait de plus en plus le feu. Elle gronda plus fort. Rapidement une louve sombre se dégagea des fourrés. Liessen baissa la tête en gonflant le poil de son cou. Mais la louve semblait calme, bien que sans doute un peu tendue par l’agressivité apparente de la louve ailée. La solitaire cessa de grogner, mais ne dégonfla pas son poil pour autant. Elle s'appelait Asoka, et venait bien du feu. Elle connaissait certainement sa fille.

Elle ne répondis pas de suite à la question. D'abord elle restait figée, préférant se calmer face à l'apparence très peu hostile de la louve en face d'elle. Elle restait entre la Feu et sa tanière. Protégeant son maigre butin. Lorsqu'on est solitaire, il est dur de se trouver à manger. L'autre en tant que clanique avait tout un monticule de carcasse à disposition, jamais la louve ailée ne la laisserai s'approcher de son garde manger à elle.


fit elle finalement à voix basse, sans quitter la clanique des yeux. Pourquoi un Feu se baladait il si loin de chez lui en des temps pareils?

La louve ailée remarqua bien le regard que la Feu glissait derrière elle. Elle affermit sa position, empêchant la Feu de tenter de passer. l'odeur de nourriture fraiche devait bien se faire sentir. Au même moment, le ventre de la clanique se mit à gronder, vallant à Liessen de prendre un regard étonné pendant quelques instants.

Elle sortit alors une excuse. Valable ou pas, c'était facile de sortir ça. Cependant ça se voyait qu'elle mourrait de faim. La louve gronda, exaspérée. Elle détendit ses muscles. Elle n'était peut être plus dans la fleur de l'âge, elle se savait capable de rétamer la clanique si elle attaquait.

Elle commença à faire demi tour, et jeta un regard mi neutre mi sévère à la clanique.


Menaces en l'air ou pas, Liessen attendit de voir que la louve avait bien compris, avant de s'enfoncer dans sa grotte. Elle se dirigea vers son garde manger, et fouilla. Elle allait se contredire, oui, elle allait aider la louve. Pas de bon coeur mais Liessen n'était pas un monstre. Elle finit par trouver une carcasse à moitié mangée d'une dinde tuée la veille. La viande ne serai certes pas la meilleure, mais c'était ça ou rien. Elle sortit en tenant la bête par l'aile, et la jeta aux pattes de la louve.

Elle s'assit alors devant chez elle, et attendit. Soit la louve mangeait et voulait taper la discut, soit elle prenait sa proie non méritée et s'en allait. Dans tous les cas, Liessen ne laissera pas sa tanière accessible. Elle n'avait cependant plus l'air malveillante, et était parfaitement détendue.