Le vent d'hivers soufflait avec hargne dans l'immensité de la prairie du monde, obligeant les fleurs géantes à ployer et danser à son rythme endiablé. La neige était absente en ce jour glacial et le ciel daignait se découvrir de son manteau blanc afin d'offrir aux mortels les quelques tièdes rayons de ce timide soleil hivernal.
Depuis peu Milenko s'était à son tour exilé du clan afin d'éviter au possible la présence d'Akui. Il était terrifié à l'idée que celui-ci veuille récupérer son jouet afin d'en faire définitivement son servant et plus encore, il craignait de devoir un jour se battre contre ceux qu'il aime. Il n'avait pas pris le temps d'expliquer la situation à ses supérieurs ni même à ses proches de crainte que le capricieux Dieu des éléments ne se montre à ce même moment où il daignerait fouler à nouveau l'enceinte du campement. C'est ainsi donc qu'il suivait machinalement la voix tracées par Platalya, marchant dans ses empreintes sans s'en rendre compte. Il devrait toutefois prévenir sa mère de la situation afin que celle-ci ne s'inquiète pas inutilement, elle qui semblait être si préoccupée ces derniers temps.
Il ne savait toutefois pas encore quand il reviendrait au campement ni même si il était prêt à affronter le regard emplit de haine de ses congénères une fois de plus. Ici il se sentait en sécurité, d'une certaine manière. Rohemween n'était certes plus là pour calmer ses cauchemars mais il n'avait plus à subir les murmures craintifs de son clan ni même le poids de leur jugement. Et à partir du moment où il était près de la guerrière immaculé, personne n'osait les approcher. Il n'avait plus à subir leurs raillerie et remarquait à peine leur présence. Deux monstres à un même endroit.. De quoi dissuader les plus courageux de s'approcher dans le but de les moquer car au contraire de lui, la chienne n'était pas patiente avec ce genre de choses.

Au contraire de la dogue argentin; Milenko ne craignait ni le vent, ni le froid. Il s'était donc décidé à vagabonder un peu dans l'enceinte des terres appartenant à son clan lorsqu'ils eurent fini leur entraînement quotidien. Il était certes fatigué mais il appréciait ces moments de solitude. Avec le temps, il avait fini par en avoir besoin de temps à autres et il avait besoin de plus qu'une poignée de jours pour s'habituer à vivre au quotidien avec une autre personne. Oh ne vous méprenez pas, c'était agréable pour lui d'avoir quelqu'un sur qui compter et cela lui rappelait l'époque où Rohemween était bien plus présente pour lui; mais il avait quand même besoin de s'éloigner un peu par moments. Aussi, il ne voulait pas trop empiéter dans l'espace de vie de son mentor.
Ainsi donc ses pas l'avait mené au bord du fleuve Hibiscus. Celui-ci était calme mais le froid ne l'avait pourtant pas gelé. Le loup blanc avait décidé de s'asseoir au bord de l'eau et observait son reflet dans l'onde rosâtre d'un air distrait. Les couleurs irréelles que donnaient le miroir d'eau lui donnèrent l'impression que ses iris avaient cette-même couleur sanglante qu'il possédait lorsqu'il n'était plus lui-même et un frisson lui parcourut l'échine et il inclina ses oreilles vers l'arrière.

Un léger battement d'aile résonna alors dans le ciel. Celui-ci était beaucoup trop fort pour appartenir à un oiseau et bien trop proche pour que son propriétaire ne soit que de passage. L'assassin fit pivoter l'une de ses oreilles en direction du bruit et entendu l'individu se rapprocher à pas feutrés. Tout d'abord à la fois tendu et agacé d'un tel comportement, il fut immédiatement surprit lorsque la bise glaciale lui porta l'odeur de Néphélée.

« Bouuuuh! »

Au même moment où il tournait la tête, la petite femelle bondit à quelques centimètres de lui. Milenko inclina de nouveau ses oreilles en arrière, peu amusé d'un tel comportement. A vrai dire, les seuls jeux auquel il s'était prêtés étaient en compagnie de Rohemween et cela remontait à si longtemps qu'il avait oublié comment faire. Ceci dit, Néphélée recula rapidement afin de reprendre une distance plus respectable et s'assit à son tour.

« Je ne te déranges pas trop j'espère ? »

Milenko replaça ses oreilles droites sur le sommet de son crâne. Il hésita quelques secondes avant de pivoter à son tour pour s'asseoir face à son interlocutrice. Bien que son visage ce soit quelque peu radoucit après la question de la demoiselle, il restait méfiant envers elle. Simple habitude. Sa présence l'intriguait toutefois au plus haut point et il se demandait ce qu'elle pouvait bien avoir à lui demander. Il préféra toutefois garder une expression relativement neutre face à elle.

« Si tu as besoin de quelque chose, demandes-le moi directement. »

Au contraire du contenu de ses paroles qui sonnaient relativement sèche, sa voix était calme - presque douce - comme à son habitude. Il ne concevait pas réellement le fait qu'elle soit venu simplement pour lui faire la conversation et il n'aimait pas jouer aux devinettes alors autant aller droit au but.