It's made up of ordinary things, the same words...

Mon bandeau.
Relevé dans ma chevelure, laissant entrevoir ce regard rebutant, ces iris si clairs, se mouvant dans ces abysses noirs que sont mes yeux. Mes sclères atypiques dérangent mes semblables. J'observe la surface sombre du puits, appuyé avec précaution sur le bord. Je fini par grimper sur celui-ci. Il y a beaucoup de légendes qui traînent sur ce petit trou d'eau. Je soupire, comme exaspéré au simple fait d'y penser, je me laisse lourdement tomber sur le rebord dur. Relevant la tête pour observer les étoiles. La voûte astrale s'est parue de sa plus belle robe scintillante ce soir.

J'ai toujours eu le don.
Pour me faufiler au dehors du camp sans me faire repérer, de jour comme de nuit, les territoires sont si vastes. Il y a tant de chose à voir, tant de lieu emplis de calme, tant d'endroits où être seul. Je me redresse bondissant avec légèreté à côté du puits si réputé. Je m'étends au sol, roulant sur le dos à côté de la pierre froide, étalé dans l'herbe ainsi, à regarder les étoiles, je me sens bien. Je devrais dormir tranquillement, dans la tanière commune réservée aux chasseurs et aux messagers. Seulement, je ne sais pas pourquoi, mon lit de mousse que j'ai pourtant changé au matin ne m'a pas attiré, bien que le calme des respirations de mes camarades assoupis ait pu me tenter un instant, rien.

Encore une fois.
Ma litière de lichen allait encore être froide, je reviendrais aux aurores, me glisser sur celui-ci feignant avoir dormi à poings fermés. Je soupirais en pensant au fait que déjà, la couleur sombre du ciel nocturne commençait à prendre une teinte plus claire. L'aurore n'allait pas tarder. Je froissais mon museau en me redressant, de ma patte antérieure droite je faisais glisser mon bandeau sur mon regard inspirant malchance et ténèbres aux canidés qui l'ont croisé. Je n'arrive pas à croire que le matin est déjà là. Pourtant, je n'ai pas envie de rejoindre ma couche.

Résolu.
Je prends appuie contre la pierre froide et dure du puits, si quelqu'un me demande, je n'aurais qu'à inventer un mensonge comme j'en ai le secret, et tout ira bien. De toute façon, ce n'est pas comme si quelqu'un avait un quelconque intérêt à où j'ai posé mon postérieur cette nuit tant que je rempli mes tâches avec la même perfection habituelle. Ah je vous jure. La meute à beaucoup d'avantages, et heureusement, sinon je vivrais certainement mon existence en vrai solitaire.

Ma tête.
Pivotant sans même voir. Je sens son odeur, il faut dire que discrétion n'est pas nécessaire entre membres n'est-ce pas ? J'incline la tête légèrement vers l'avant avant de la redresser dans une salutation silencieuse. Installé avec placidité je laisse les premiers rayons des aurores caresser ma fourrure sable. Nul besoin de mots ou de mes yeux, je sais que tu es là. Je sais où tu es. Qui tu es ? Peu m'importe, seul ma propre vie à un intérêt. Je n'esquisse pas un mouvement, inexpressif, gardant une respiration lente et calme, seule trahison de mon état comparable à celui d'une statue.

I've always hated this world...
...One morning, I met a girl.