De bonne humeur depuis mon départ, j’étais heureuse d’avoir vu mon loup si peu de temps, ça m’avait remonté le moral. Je m’étais levée tôt, sortant rapidement de ma tanière de fortune pour chercher du gibier. Ma chauve-souris voletait au dessus d’une partie de la forêt depuis un moment déjà. Dans la pénombre il m’était si simple de voir que ça en été troublant. Ma queue se mouvant lentement dans mon dos, la proie idéale se présentait enfin à moi. Un jeune faon qui me servirait pour plusieurs jours si je ne le partageais pas. Tuant le jeune d’un coup de crocs net et précis dans la nuque, je me mis à le tirer jusqu’à mon coin de repos avant d’entendre un souffle et des pas. Mes oreilles se dressant je levais la tête en lâchant ma proie. Pourvu que je n’ai pas attiré l’attention de quelqu’un qui veut ma peau…

M’avançant doucement dans les taillis, j’en sortis calmement, laissant ma proie dans mon dos avant de croiser un loup gris et bleu. A son apparence je le savais affamé. Mais je n’eus le temps de rien dire qu’il me sauta dessus. Un couinement violent m’échappa avant que sa voix rauque et lointaine ne passe la barrière de ses babines. Il semblait épuisé, et mort psychologiquement. Je baissais les oreilles, peinée pour lui, avant de glisser ma queue entre mes pattes et d’observer le loup.


Ma voix était douce, calme et rassurante. Je ne devais pas lui faire peur, ni l’angoisser d’avantage, sinon qui sait ce qu’il serait capable de me faire. Pour appuyé mes mots je lançais un regard vers les taillis, entre eux, de là où j’étais apparu, on voyait les pattes de l’animal mort. Il pouvait manger s’il voulait, j’étais en forme, je pourrais retrouver quelque chose à manger facilement. Lui au contraire avait l’air mal en point et je voulais qu’il reprenne des forces. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne comptais pas le laisser dans sa détresse.

Le loup bleu et gris qui se trouvait sur moi et me maintenait au sol commençait à se faire lourd. Et moi je commençais à en souffrir sérieusement. Agitant les oreilles je le vis l’air dubitatif tandis qu’il répétait mon prénom. Cela me fit pencher les oreilles, j’étais un peu intriguée par son attitude, je devais bien l’avouer. Alors que je commençais à souffrir de mon dos enfoncé dans le sol et les cailloux, je le vis lever la tête. Il avait sans doute dû apercevoir mon butin car il s’enleva et alla le renifler. Me relevant alors d’un mouvement souple je l’observais en mettant les oreilles à l’horizontal, légèrement inquiète.

Je m’approchais alors lentement de lui, inclinant le museau et me baissant un peu pour lui faire comprendre que je n’étais pas une ennemie. J’étais légèrement stressée, j’avais peur qu’il me fasse du mal, mais je ne voyais pas pour quel raison il pourrait m’attaquer plus sérieusement. Je soufflais alors avant d’entendre sa question et de dresser les oreilles.



Je m’assis prêt de lui, tournant le museau en sa direction et pointant les oreilles vers lui. Je le voyais très méfiant, comme s’il connaissait une créature capable d’être vraiment dangereuse. Je pensais alors aux vampires que j’avais déjà croisé et ouvrit grand la gueule pour lui montrer que j’avais des crocs ordinaires.


Ma voix n’était toujours pas agressive, au contraire elle était douce et chaleureuse, mais surtout bienveillante. Je ne voulais pas le blesser, pas lui faire peur, et pas non plus qu’il aille plus mal. Je voulais l’aider à mon petit niveau, parce qu’il serait impensable pour moi de le laisser ainsi.

Assise calmement je ne savais pas à quoi ce mâle pensait mais il semblait se voir comme un loup hideux ou quelque chose dans le style. Soit il avait le poil sale et il était amaigrit, mais il ne me paraissait pas sincèrement méchant et pas laid pour un sous non plus. Au contraire il en était presque agréable à regarder. Tranquillement assise, je le vis se détendre quand je lui montrais mes crocs pour prouver ma nature neutre.

Il m’observait d’un œil attentif et je comprenais totalement cela mais je n’étais pas tendu en sa présence. En fait je lui faisais confiance pour ne pas m’attaquer il l’avait fait une fois et m’avais relâché. Il n’aurait donc aucune logique à m’attaquer de nouveau à moins d’être fou ou stupide et je le croyais être ni l’un, ni l’autre. L’entendant alors je haussais les épaules


Ce n’était pas faut du tout. Je me souvenais parfaitement de ma relation loup-phoque avec Stargate qui avait commencé par chercher à me bouffer. Et puis bon, j’étais aussi terriblement proche d’un autre sadique du même genre. En fait, ce qui fait de moi ce que je suis c’est mon goût du partage. Et bien malheureusement pour moi je peux partager des loisirs parfois bien sombre juste par plaisir et amusement, mais aussi pour être en présence de ces loups que je rencontre…

Il avança violemment sur mon pour me faire sursauter mais mon corps n’eut aucune réaction et mon visage resta de marbre. Par pur instinct de jeu, je lui donnais un coup de langue sur la joue pour lui faire comprendre qu’il ne me faisait pas peur et qu’en plus, je l’aimais bien.


Je lui tirais la langue en me relevant. Faisant un bon prêt de lui. Je lui fis un petit sourire doux. Ma voix était restée douce tout le long de notre échange. Jamais je n’aurais en idée de lui faire du mal. Il avait l’air trop blessé par la vie pour que j’ai envie de le détruire un peu plus. M’approchant alors de ma proie je la tirais dans la clairière où nous étions et me rassise devant. Lançant un regard au loup.


Je mis une oreille à l’horizontal, penchant la tête tandis que mon regard brillait d’une lueur douce et amicale. La méchanceté ne m’avait jamais approché. Je ne l’étais pas. Je savais le devenir pour vivre avec les plus mauvais. Mais je ne l’étais pas par nature. J’étais l’incarnation parfaite de l’adaptation.

J’étais toujours aussi douce que sensible et je ne pouvais pas m’en empêcher. J’avais besoin de rendre les autres heureux. C’est comme ça que j’avais fais des plus méchants mes amis… Ma queue s’amusant doucement dans mon dos, à la question du loup gris et bleu je me penchais vers ma nourriture. Me couchant alors en sphinx j’attrapais une cuisine de l’animal et mangeait à plein crocs avant d’avaler, mangeant comme une barbare je lançais un regard au loup.



Mangeant tranquillement quand il posa sa question je dressais les oreilles en regardant le mâle. Soufflant longuement je replongeais mes crocs dans de la nourriture avant de bailler longuement.


Recommençant à manger je m’arrêtais pour pousser la proie vers lui afin qu’il puisse également manger un peu. Puis, observant ce loup si méfiant qui l’était encore plus que moi, je me redressais pour m’asseoir et ramenait ma queue contre mes pattes. Pointant mon museau vers lui je mis les oreilles à l’horizontal en le fixant.


Je trouvais cela normal de se présenter si l’on partager un repas avec un individu. Surtout que ce loup là semblait avoir de bonnes manières et savoir comment se comporter pour survivre. Je savais faire aussi, a la condition d’avoir une bonne raison. Je savais être affreusement méchante et m’adapter à … toutes les situations.

Assise calmement, je regardais le loup manger pour la première fois. Cela me fit sourire, j’avais du le forcer et lui tirer les vers. Ma queue s’agita doucement dans mon dos alors que je l’observais avec une douceur presque fraternelle dans le regard. Je penchais la tête en observant Keiss.

« Comme un petit frère » marmonnais-je pour moi-même.

Me couchant finalement en sphinx devant Keiss qui avalait goulument, l’idée de le revoir, et l’envie d’être amie avec lui se fit plus forte. Je ne savais pas pourquoi j’avais envie d’être en sa compagnie. Mais je ne comptais pas lui dire de peur de le brusquer ou de le mettre mal à l’aise. Puis je l’entendis me dire qu’il avait vécu là il y a longtemps. Je levais alors la tête, détaillais le paysage, puis reposais mes yeux sur lui. En vue de son attitude méfiante il avait dû quitter sa meute pour y revenir seulement maintenant. Mes oreilles se mirent à l’horizontal tandis que j’observais le loup bleu et gris en face de moi.



Moi je ne pourrais pas revenir en arrière. Ma voix douce et chaleureuse avait posé la question avec simplicité. Le but était de créer des liens avec lui, pas de le renvoyer sur la défensive. J’espérais seulement que ma question ne serait pas trop indiscrète sinon je risquais de me sentir mal. Mais bon il semblait plus apte à me répondre et plus tranquille également qu’il ne l’avait été précédemment. Mais maintenant qu’il mangeait c’était moi qui était tendue et qui surveillais les alentours car je ne voulais pas qu’il soit dérangé pendant son repas et moi je ne voulais pas me faire attaquer inutilemen

Tendue à cause de ma méfiance en ce monde inconnue et de ma prudence, je ne pensais pas un seul instant que cela puisse stresser le jeune mâle prêt de moi. Alors qu’il mangeait goulument moi je surveillais que personne ne trouble son repas et sa quiétude passagère. Je voulais qu’il puisse repartir l’âme plus en paix et le ventre remplie. Alors quand il me déclara que j’avais assez d’informations cela me fit sourire et je hochais simplement la tête.


Puis il se leva après s’être léchait les babines. Il n’en laissait pas une miette. Il me salua maladroitement en me remerciant, je hochais la tête d’un mouvement doux et élégant avant de le laisser partir et de me relever lentement.


Je voulais le revoir, et je ferais ce qu’il faut pour cela. Mais avant je voulais vivre ma vie et retrouver l’amour qui me faisait tourner la tête. Je pris un chemin aléatoire, ne suivant pas le loup car j’avais compris que cela le stressais. Je partis alors loin en direction d’un territoire qui m’étais inconnue. J’avais hâte de finir mon tour du pays, j’avais hâte de revoir Tanyxoth et je savais que je me languirais bientôt de revoir ce loup.