Je n’avais pas eus envie de me lever, comme les autres matins depuis la mort de Lester d’ailleurs. L’Alpha de l’Eau était venue me poser des questions, j’y avais répondu sans plus d’âme, est ce que je suis morte ? Comme j’aimerais… Pas envie de manger pas envie de boire, juste envie de rien… Je voyais bien la détresse de Gaor à mes côtés mais je n’avais plus de joie à lui donner, plus de sourire et plus de bonheur non plus. Mais je voulais retrouver tout ça et ne pas me laisser dépérir. Je voulais qu’il soit heureux aussi, mais est ce qu’il accepterait de rester avec moi, alors que tout cela était de ma faute ? Oui c’était ma faute, j’avais tué Lester, je l’avais conduit à sa fin, tout ça parce que j’étais faible, incapable de me défendre et que Gaor avait souhaité me protéger.

Une larme puis une autre, roulèrent sur mon visage. J’avais envie de hurler à la mort alors finalement je me levais et quittais la tanière puis le campement de l’eau. Courant à en perdre haleine entre les plaines et les bois, mon cœur battant la chamade et la douleur dans mes muscles me rappelaient que j’étais vivante. Ma gorge me brulait de la douleur la plus intense qui soit, et quand je m’arrêtais se fut le souffle cours et la tête complètement envahit par le bruit de mon cœur et de ma respiration. Je m’arrêtais alors une seconde avant d’entendre la nature me dire de me calmer, de me détendre, mais je n’en avais pas envie. Je me mis à grogner, à courir sans destination, à mordre dans le vide, a griffer la terre meuble, à faire battre inutilement mes ailes, à charger contre des arbres innocents. J’avais trop de haine, trop de détresse et trop de peine dans le cœur.

Quand mon corps ne fut plus en mesure de m’obéir je me laissais tomber dans la poussière et les feuilles d’automnes volèrent grâce au souffle d’air créer par ma chute. Le corps étendu dans le bois, j’ignorais où je me trouvais, quelque par entre le clan de l’Eau et l’infinie. Un endroit où je mourais peut être sans vraiment le vouloir. Qu’importe, de toute façon la vie est amère et le cours du temps est traitre. Que l’une s’anime et que l’autre se meurt. Je ne rêve que de la mort et n’aspire qu’à la souffrance. Je suis une loque, quelque chose de casser, une espèce de carcasse, un fantôme ou peut être bien une âme errante. Gaor je t’aime, mais c’est la vie que je n’aime plus… J’ai encore tuée, suis-je un monstre ? Est-ce la ma punition, ou bien c’est là le dû que je dois à Rhéa pour être revenu ? Une vie ne peux revenir sans une autre … C’est cela ? Mais je ne voulais pas prendre Lester ni personne d’autre. Je veux voir la vie, la joie, la beauté et l’innocence, je veux retrouver la vie en somme.

Si le charme de la vie m’a fuit, j’ai pourtant encore l’adrénaline de la vie qui court dans mes veines. A croire que mon âme est mourante mais que mon corps se bat seul…. Je fermais les yeux, soufflant longuement, que le vent emporte mon âme et le temps mon corps. Qu’à cela ne tienne de toute façon personne ne me regrettera, et Gaor se trouvera une autre compagne, je le sais, parce qu’il est fort, qu’il est beau et que rien ni personne ne peut lui résister.

Mais alors que le désir de mort planait au dessus de ma tête j’entendis des pas, quelque chose de fluide et de doux à la fois. Soulevant alors timidement les paupières, j’observais une silhouette venir. Observant alors une jeune louve je relevais la tête, puis ramenait mes pattes et me relevais à la manière d’une biche avant de tendre le cou vers la femelle. Que fait-elle ici ? Elle a l’air jeune pourtant, elle ne devrait pas être auprès de ses parents ?


Je lançais timidement cela, on ne sait jamais sur qui on tombe. Peut être qu’elle m’attaquera parce que je suis sur le territoire de sa meute et non sur celui de l’Eau. Peut être aussi qu’elle m’ignorerait tout simplement parce que j’ai l’air d’un cadavre avec mes ailes froissées et mes plumes vers le bas, avec mon pelage sale et ma tête de malheureuse. J’ai d’ailleurs les oreilles à l’horizontale et je peine à les redresser, comme je suis misérable, Gaor doit avoir tellement honte en me voyant.

La petite femelle qui arrivais vers moi était une vraie terre, ça se sentait tout de suite dans sa démarche. Elle me ressemblait un peu étant enfant, moi, l’ex Terre qui avait quitté ce clan après le décès de mon père. Parfois je pensais à y retourner sans jamais le faire. J’avais trop de choses qui me retenais ailleurs désormais. La petite louve se présenta de but en blanc et cela me fit sourire malgré la peine qui habitait mon cœur. Ma queue se mit à agiter l’air dans mon dos alors que je pointais les oreilles vers elle. Puis elle me posa une question fatidique et de détournais le regard avant de regarder en direction de la statue. Je laissais alors mon postérieur tomber dans la poussière.

Gaor voudrait-il encore des enfants avec moi si je venais à le lui demander ? Pourrait-il accepter de fonder une famille avec la louve immonde que je suis devenue ? Mon cher et tendre don je ne connaissais même plus la nature des sentiments. Je regardais la petite louvette en haussant les épaules.


Je regardais la femelle, j’étais sur qu’elle pourrait comprendre la situation, je la soupçonnait d’avoir des frères et sœur en vue de son jeune âge. Je crois me souvenir avoir croisé une famille de la terre à l’époque ou j’étais solitaire. Enfin je le suis encore, je n’ai pas revue Kaporal et j’ignore encore si je peux vivre dans le clan de l’Eau. Observant la petite femelle je lui fis un sourire, elle était trop craquante et me rappela la douceur et la joie que m’apportaient les enfants. Mais je ne savais si Gaor en voulait avec moi, et je n’aimais que lui.


Je ne savais pas pourquoi je lui répondais aussi sincèrement, mais sa présence innocente était agréable. Elle me réchauffait le cœur et me rappelais que je ne devais pas rester seule et qu’il fallait que je retourne voir mon amour. Il fallait que je me batte pour lui, que je retrouve mon courage que je relève la tête. Lester m’aimait joyeuse et souriante, et il n’aimerait pas me voir dépérir, je le savais. Je secouais alors mon pelage et mes plumes avant d’observer la petite à nouveau et d’agiter les oreilles avant de tendre une aile vers elle.


Je n’étais pas méchante mais j’espérais ne pas croiser la foudre violente de ses parents. Qui savait ce que des parents de la terre pourraient faire à une étrangère telle que moi ? Je secouais la tête en souriant, n’y pensons pas. De toute façon je ne sens pas d’adulte à l’horizon et la nature aura vite fait de me prévenir si jamais quelqu’un arrive et qu’il s’agit d’un membre de la famille de Verd.

Quelques part au fond de moi j’étais bien heureuse d’avoir croisé cette petite. Au moins elle ne me chassait pas, et au contraire elle me réchauffait l’âme. Moi qui avais le cœur glacé par la peine et la confiance rendue bancale par tout ces morts. Je n’en voulais plus, plus jamais… Je deviendrais sans doute un monstre s’il arrivait quelque chose à mon cher Gaor… Essayant de m’imaginer la vie sans lui je réalisais que s’il devait mourir je me battrais pour ses convictions. Je me souvenais que Gaor aimait les enfants autant que moi, alors j’en aurais, pour lui. Et je protégerais le clan de l’eau, ce clan qu’il aime tant. Pensant à lui j’eus envie de le voir. Mais il devait sans doute avoir besoin d’être seul autant que moi j’en avais eus besoin.

Au final la petite Verd approcha et m’aida à retirer la boue et la crasse de mes plumes. Je l’en remerciais en souriant. Ça me faisait du bien de nettoyer mon plumage. Je me sentirais sans doute plus légère, et plus belle aussi une fois qu’il sera propre. Ma queue se mouvant lentement dans mon dos j’entendis la remarque de la femelle qui me fit sourire. Ainsi il est important d’être triste ? Je l’ignorais… J’avais toujours pensé qu’il fallait s’en cacher. Et j’avais toujours cru qu’il ne fallait pas déranger les personnes malheureuses. Je fis un petit sourire à la femelle en hochant la tête.


Un soupir me prit, la suite de ses mots rappelaient à mon esprit que je ne devais pas dépérir, ni me laisser aller à la peine. Je devais me relever, me montrer aussi belle que forte, et prouver que j’étais une louve digne. Je secouais lentement la tête en mettant les oreilles en arrière alors que je retirais encore un peu de boue de mes plumes.


Alors qu’elle m’aidait elle me demanda de quel clan je faisais parti. A sa question j’eus un doux sourire et passé une patte dans sa chevelure verdit en souriant joyeusement. Non je n’étais pas de l’Air, j’étais à la fois de la Terre et de l’Eau. Je levais alors le museau vers le ciel et la cime des arbres, cette nature que j’aime temps.



J’étais né ici, là où la nature est si puissante et si fière. Là où la terre donne aux femelles une force que je ne soupçonne pas. Là où les loups sont robustes et bagarreurs, mais à la fois doux et sensibles. Parfois j’aimerais retourner vivre ici, mais j’aime trop ce que je suis devenue. Mais je ne renierais jamais mes origines, et jamais je ne pourrais faire la guerre à la patrie qui m’a vue naître.

Je m’étais rassis, calme et droite, essayant de chasser ma peine et ma détresse, je le devais, je devais les faire fuir. C’était important pour mon honneur et pour l’amour de Lester et aussi celui de Gaor que je voulais conserver. Il allait sans doute falloir que je passe un moment loin du clan pour aller vraiment mieux, mais les mots de la petite m’ont déjà aidé un peu et m’ont bien rappeler une chose, je veux des enfants, avec Gaor. Mon tendre aimé, j’espère qu’il va mieux qu’il a trouvé quelqu’un qui lui remonte le moral. De toute façon il est bien entouré avec Kaporal et Nansaa, ils ne le laisseront jamais tomber.

La petite louve me regardait, et m’écoutais aussi, mais elle ne semblait pas trop comprendre que j’avais quitté les terres. Je l’écoutais alors me parler de ses parents et eut un sourire en haussant un sourcil. J’eus un sourire en l’entendant faire les éloges de ses parents



L’écoutant dire qu’ils s’aimaient fort mon regard s’assombrit, moi j’avais laissé tomber le loup qui avait volé mon cœur. J’étais une honte pour toutes les compagnes du monde. Je n’avais pas été prêt de Gaor dans un moment si difficile. J’avais très peur qu’il me rejette quand nous nous reverrons… Mais je ne voulais pas trop y penser maintenant, ça n’était pas le bon moment pour cela, il fallait que je me remette avant de retourner le voir. Entendant sa question j’eus un doux sourire et la décoiffait tendrement d’un coup de patte affectif.


L’écoutant alors me parler de Karara je me relevais et secouais mon corps puis mon plumage avant de lancer un regard doux à la petite louve qui se trouvait devant moi. Je hochais la tête en lui souriant

« Je serais très prudente, merci petite Verd »