Me roulant dans un tas de feuilles mortes, je poussais des couinements de bonheur et de joie comme il n’avait jamais été permis d’en exclamer. Me remettant alors sur le flanc en entendant des pas, je croisais mes pattes avant et dressé les oreilles en direction de l’individu qui arrivait, la froideur presque étonnante que je dégageais allait sans doute déranger surtout pour une créature de ma taille. Qu’à cela ne tienne, je ne suis pas d’humeur à faire causette avec l’imbécile de la meute. De toute façon tout les loups sont bêtes, éphémères et parfois risiblement inutile… Je me moque éperdument de la vie ou de la mort de mes confrères. Sheek fait ses affaires dans son coin mais il me semble particulièrement utile et ça m’arrange bien. Mère est restée égale à elle-même et je ferais tout pour elle. Et ensuite il y a l’autre abruti de Brasio… Il croit vraiment que j’ai six mois et l’intelligence ridicule qu’un louveteau ? Quel idiot, il s’en mordra les griffes mais tant mieux pour moi. Ma queue balayant le sol quelques feuilles se soulevèrent avant que je ne vois une sombre silhouette arriver. Je l’ai déjà vu, je ne sais plus où et je ne sais plus vraiment de qui il s’agit… Levant le museau je reconnu l’odeur de la maison, mais cela ne m’empêcha pas de mettre les oreilles à l’horizontal.

L’individu en approche n’a pas l’air bien méchant, au contraire il a l’air aussi intelligent que la souris que j’ai essayé d’attraper. La garce m’a filé entre les griffes, mais la prochaine fois je l’aurais. Il faut bien apprendre après tout, et pour apprendre il faut quelques ratés. Je ne suis pas parfais et je n’ai pas finis ma croissance, mère me couve comme si j’avais deux semaines, et en plus de ça il y a cette espèce de nourrice collante qu’il faut absolument que je berne pour pouvoir sortir. La vie de louveteau n’est franchement pas facile. Et la vie d’adulte à l’air fort divertissant, j’ai bien hâte de grandir.

Tiens, c’est une femelle, laisse moi deviner grande dinde, tu vas croire que je suis un louveteau ? Ne t’inquiète pas je vais jouer le jeu, a part mère et Zal, personne ne sait et personne n’a compris. Je suis bien trop bonne actrice et bien trop craquante pour attirer les soupçons. Je suis peut être aussi un tout petit peu tarée, mais qu’à cela ne tienne, j’aime ce qui est fou… Bon alors, qu’est ce que tu fais là toi ? Je remettant sur le dos je vis une abeille passer, parait que ça pique ces choses là, alors pourquoi j’ai l’irrésistible envie de la foutre dans la gueule d’un certain loup gris qui joue de la basse ? Me relevant en voyant l’insecte s’éloigner je fis la bêtise de lui courir après et de me prendre la femelle que j’avais pourtant vu venir. Je retrouvant sur le postérieur je lachais un couinement de plainte, bah oui, je suis censé être une loupiote.

Assise sur les fesses la femelle que j’étais observais la grande idiote qui se tenait devant moi. Elle avait un air de cruche timide et perdu. Mais elle allait me servir, il fallait bien avoir quelques attaches fourbes pour se nourrir de la stupidité et de l’affection des autres. Ma queue jouant dans les feuilles dans mon dos, j’agitais les oreilles en penchant la tête, quoi tu ne me reconnais pas ? Pourtant je vie au campement du clan du feu, ma mère et la belle et douce Midéro et toi tu es une idiote qui finira sur mon tableau de chasse. Ma queue se rabattant sur mes pattes je hochais la tête à la question de la louve avant de voir un papillon passer et de le suivre en ignorant si la femelle me suivait où non. Mais quand je perdis l’insecte du regard je me redressais et lançais un regard à la femelle dans un mouvement élégant qui traduit la grâce que j’aurais une fois adulte. J’agitais ma queue et agitais les oreilles avant de revenir vers elle en quelques petits bonds pour finalement lui sauter dessus avec toute l’innocence grotesque d’un louveteau.


Je lui donnais un coup de museau avant de repartir. Levant les fesses, le buste contre le sol je remuais le postérieur. Voilà que j’étais prise d’une envie folle de jouer à chat. J’avais vu d’autre louveteau y jouer et j’avais très envie d’essayer. Bon pas sur que la grande courge qui se trouve devant moi comprenne la demande. Mais tout de même. Ma queue s’agitant dans mon dos je me redressais finalement avant de m’asseoir et de ramener ma queue sur mes pattes. Penchant la tête j’observais la femelle


Maman elle au moins elle joue avec moi quand je suis excitée comme ça. Je sais que je n’ai pas trop le droit de jouer, et d’embêter les autres, mais parfois les idées de louveteau me traversent et je fais l’idiote. Mère ne me gronde pas elle se contente d’essayer de calmer mes ardeurs de loupiote. Mais quand même j’aimerais bien que cette damoiselle joue un peu.

La femelle se mit enfin en mouvement, sa réponse me fut satisfaisante et quand elle commença à jouer je reculais. Quand elle me toucha un grondement m’échappa avant que je ne la vois faire l’andouille dans les feuilles. M’asseyant au niveau de sa tête je levais la patte et hésitais un moment avant de lui donnais un petit coup de patte sur le museau et de reculais calmement. Agitant les oreilles j’observais cette adulte agir comme une enfant, dire qu’elle est adulte et se comporte comme une gamine. Moi je suis une gamine et j’aimerais pouvoir me comporter comme une adulte.


Ma remarque était faite dans une voix amusée et moqueuse. La laissant faire je me couchais en sphinx et attendit qu’elle ai finit de jouer seule avant qu’elle ne croise mon regard. Je plongeais mon regard dans le ciel avant que mes pupilles ne changent rapidement de couleur a cause de Cio qui avait fait une tentative de forcing.


Je lui avais posé la question dans un grand sourire avant qu’elle ne redevienne sérieuse et ne se poste vers moi. Je levais alors la tête vers elle et me mis sur le dos. Observant les feuilles et le paysage de ce ciel bleu nacré qui me narguait de toute sa hauteur. Je tournais la tête vers elle.


Et j’étais sur qu’elle savait qui était Midéro, tout le monde sait qui est ma mère. En même temps elle est belle, élégante, et magnifique, elle mérite d’être connue. Et puis même, une noble aussi délicate et élégante qu’elle ne passe pas inaperçu, ça jamais !

Couché sur le dos je détestais ce ciel inerte qui me narguait de sa hauteur et de sa splendeur. J’étais une louve d’une nature froide et agressive, il ne fallait pas oublier ce que j’étais à l’origine. Ma queue balayant le sol couvert de feuille, j’agitais les oreilles avant de me retrouver sur mes pattes puis sur le dos de la femelle. Entendant sa remarque je fus rapidement vexée et sautait de son dos avant de ramener ma queue contre mes pattes et de lui montrer mes petits crocs. Je n’aimais pas du tout son attitude et ma position en attestait. Ma queue fouetta les feuilles qui volèrent dans mon dos je mis les oreilles en arrière.



Je vois très bien de là où je suis, je vois votre bêtise et votre caractère fortement grotesque, je vois l’amusement et le jeu. Je vois les manipulations de mon amour, les plaisanteries sombres des autres individus, et le regard affligeant des autres individus. Me couchant sur le flanc dans les feuilles mortes je fermais les yeux en tendant le cou pour humer les lys de feu. Rouvrant lentement les paupières je tournais mon regard vers la femelle. Même mère ne me traite pas ainsi. Je me relevais alors lentement avant de lui envoyer des feuilles au museau et de m’éloigner en quelques bonds.


C’est dommage, moi j’aimais bien ce jeu. Ça m’occupais et me divertissais tout à la fois. C’était intéressant aussi de se lier dans un jeu sans queue ni tête ni même intérêt. Mais jouer et le meilleur moyen de découvrir la personnalité d’autrui. Car la chasse est un jeu, au même titre que la torture et la guerre.