C'était une nuit calme. La lune brillait, éclairant les paysages de sa douce lumière. Celle-ci s'engouffrait dans le vieux château par le biais de fenêtres et de quelques trous dans les murs ou le toit. Bien que le château tenait encore debout, et tiendra encore bien des années, et qu'il était relativement bien isolé quant aux pièces entières, des êtres peu précautionneux l'avaient malmené à travers les âges. Ce, à la suite de conflits comme des combats ou parce que l'envie de détériorer leur avait pris. Le plus récent, ce fut le piège tendu par Ultimate qui avait causé du tort à ce monument historique. Tandis que la plupart avaient essayé de trouver un moyen convenable de s'en sortir, d'autres comme des Feux ou des Terres, n'avaient pas hésité à user de leur force pour faire des trous dans des murs ou du plancher... Adrian avait réussi à en choper quelques-uns pour qu'ils réparent leur dégât. Notamment, les Terres capables de construire des murs de pierre, de terre ou ayant d'autres styles de pouvoir qui aurait pu servir.

Adrian lâcha un grognement face à ce souvenir douloureux. Il détourna le regard d'un trou dans le plancher, menant à un passage sous-terrain, qu'il regardait avec insistance. Il pouvait se consoler en se disant qu'au moins, ce trou lui servait bien pour sortir du château par ce biais... Mais quand même. Il sortit de la pièce vide, et déambula dans le couloir sombre. Bientôt, il arriva à une tour et emprunta l'escalier. Arrivée en haut de cette tour, il avait une vue imprenable sur le devant du château. Le labyrinthe végétal autrefois si bien dessiné, ne ressemblait plus à rien. Tandis qu'il contemplait la vue à travers l’ouverture adéquate, se remémorant cette si belle période, il vit un congénère canin s'approcher. Ni une ni deux, le comte crépusculaire se recula de l'ouverture et se plaça dans l'ombre. Ainsi, il n'était plus sur le devant de la scène et l'individu ne pourrait le repérer à cette hauteur. Le vampire, en revanche, le pouvait aisément. Il reconnut sans mal Adalric, une fois qu'il fut visible entièrement. Son confrère vampire s'approchait de la porte d'entrée.

Le maitre des lieux descendit les escaliers avec hâte et se mit à courir dans le château afin d'arriver rapidement à l'entrée. Il ralentit la cadence, à quelques mètres de sa destination, arrivant au final d'une marche silencieuse afin qu'Adalric ne l'entende pas. Caché au premier étage, derrière un tournant, il passa doucement le museau pour visualiser le bas de l'escalier et la position d'Adalric. Celui-ci était déjà rentré dans le château et reniflait l'air, essayant de déceler les traces les plus récentes de son comparse. Il finit par emprunter un couloir et continua sa marche, essayant tant bien que mal de retrouver Adrian. Mais Adrian ne vient pas à lui. Le comte préférait le suivre de loin, avec sa discrétion légendaire. Ainsi, il descendit les escaliers une fois qu'il fut sûr qu'Adalric ne pourrait le voir et il continua de suivre sa proie. Alors qu'il s'aventurait dans une pièce où une partie du plancher craquait, le parquet se déroba sous les pattes du jeune vampire. Celui-ci sauta. La plupart de son corps avait réussi à atteindre l'autre côté du parquet, mais son train arrière, lui, pendait.

Adrian je déteste ta baraque !

Adalric était furieux, comme en témoigne la façon dont il avait prononcé cette phrase. Le loup en question rabattit ses oreilles en arrière sous l'effet du bruit. Il avait tout vu, posté à l'encadrement de la porte, dans le dos du visiteur. Il voyait ainsi parfaitement la posture de son ami et c'était risible. Pris d'une envie de rire, le comte ramena l'une de ses pattes sur ses babines et ricana doucement. Lorsqu'il vit Adalric en train de s'extirper de là, le maître des lieux disparu bien vite de cet encadrement de porte. Avant que le jeune vampire ne revienne dans le couloir, Adrian bondit avec grâce et légèreté sur plusieurs éléments lui permettant d'atteindre une poutre apparente du plafond. Ainsi, il pourra continuer de suivre Adalric en hauteur, en bondissant de poutre en poutre. Ce jeu de piste continua de longues minutes. Finalement, Adrian décida d'arrêter ce petit jeu, estimant que son ami l'avait assez cherché. Il prit les devant en empruntant un passage secret. Il courut, afin d'arriver à la pièce souhaitée avant lui. La chauve-souris ressortit de son passage secret, derrière un trophée de chasse qu'il fit coulisser sur le mur, le squelette d'une tête d'un animal bien conséquent. Il arriva à la pièce comme convenue, bien avant Adalric, de quoi lui donner le temps de reprendre son souffle, et même de se mettre en scène. Il repoussa le trophée, cachant de nouveau le passage secret. Ensuite, le comte bondit sur un sofa rouge qui fut très élégant, bien qu'il soit maintenant délabré, et s'y allongea. Adrian prit soin de fermer ses yeux et faire semblant de dormir. Quand Adalric arriva enfin dans la pièce, il fit mine de se réveiller et posa son regard gris perle sur lui.

Ça va, pas trop fatigué Dracula ?

Dracula afficha un sourire face à ce surnom que seul Adalric lui donnait. Bien que ce loup de conte ait, il y a très longtemps, existé, cela ne le dérangeait pas d'être appelé ainsi. Après tout, il gardait un bon souvenir de ce "Dracula". Le contraire, l'aurait, en revanche, bien plus embêté et surement énervé.

Je me porte à merveille. Et toi, jeunot, as-tu mis du temps à me trouver ?

Il afficha un autre sourire qui, cette fois, en disait long. Il savait très bien avec quelle difficulté le jeune vampire l'avait trouvé. Les fantômes avaient ralenti sa progression et l'avaient fais tourner en bourrique en plus de le titiller. Adrian avait tout vu, se riant avec discrétion à chaque fois. Il s'attendait à ce qu'Adalric l’insulte pour ce qu'il avait fait, si toutefois, il le soupçonnait d'avoir été là. Après tout, il sentait une pointe d'énervement émanant de son hôte. Il resta couché sur son sofa, se contentant de redresser son avant-main.

Le regard d'Adalric se durcit tandis que le comte gardait son sourire malicieux. Il aurait pu rire de son ami, s'il était sûr que cette réaction ne l’enragerait pas plus. Hors, il ne le fit pas. Au risque de voir Adalric lui bondir dessus pour le niaquer ou essayer de l'étouffer dans le sofa. Seulement, ce petit jeu était à charge de revanche. Le château n'était guère le domaine du jeune vampire, qui s'y perdait aisément. En retour, quand Adrian décidait d'aller à la rencontre d'Adalric, celui-ci n'ayant pas de domicile fixe à long terme, il devait crapahuter dans la forêt des rêves bleus. Voir même, pousser parfois jusqu'aux tanières.
Le jeune vampire se désintéressa, quelques secondes, de son aîné. Il repéra un tapis sur lequel il partit s'allonger. Souvent, quand ils commencent comme ça, ils passent une bonne partie de leur temps ensemble à rester ainsi. Tandis qu'Adrian passa un coup de langue sur le long de sa patte avant gauche, Adalric rabattit sa queue sur lui.

Tant mieux si monsieur le comte est en bonne santé…

Adrian passa un coup de langue sur son autre patte puis bâilla à s'en décrocher la mâchoire. Leurs regards s'accrochèrent ensuite. Une lueur moqueuse se distingua dans le regard du jeune vampire. Il balaya le tapis de sa queue. Quelle merveilleuse idée, il peut dépoussiérer le tapis comme ça. Le rire d'un fantôme se fit entendre. L'une des oreilles de la chauve-souris pivota vers l'origine de ce bruit. Cela provenait du couloir, néanmoins, il ne se dirigeait pas vers eux, partant à l'opposé. Le fantôme avait sans doute repéré un individu dehors, ce qui expliquerait ce rire soudain. À moins qu'un autre fantôme lui ait raconté une blague...
Le vampire ailé s'installa sur le flanc. Eh bien, oui, mis à part si quelque chose se produit ou qu'ils ont une soudaine motivation, ils sont bels et bien partit pour rester ici.

Je n’ai même pas envie de te répondre, c’est du foutage de gueule, tu sais très bien que j’ai passé au moins une demi heure à crapahuter dans ton fichu château !

Ah ! Le silence face à sa question commençait à se faire long. Il avait, jusque-là, trouvé bizarre que son congénère n'ait pas réagi. Cependant, il s'était attendu à bien plus comme réponse. Il était même un peu déçu. Il affiche tout de même un petit sourire et lâcha même un rire. Après tout, vu le ton employé, il pouvait se le permettre. Oh oui, il le savait parfaitement. Adalric avait même fait sa journée avec tout ces moments de rigolades qu'il lui avait procuré.
Adalric changea de nouveau de position, se mettant sur le dos, les quatre pattes en l'air. Puis, il roule sur l'autre flanc. Avait-il des puces pour se mouvoir ainsi sans arrêt ? Ou était-ce la poussière du tapis qui le chatouillait ? Quoiqu'il en soit, qu'il garde ces vermines si son pelage en est infesté. Il n'avait guère envie d'en avoir à son tour. Ce serait le comble ! Déjà qu'il arrivait à ne pas en avoir en ce lieu en ruine, ou du moins très peu, car ce n'était pas totalement impossible, alors il n'avait pas besoin que quelqu'un s'en charge ! Le jeune étira son cou, essayant de voir Adrian de son mieux avant de demander :

Tu comptes passer l’hiver ici ?

Le comte papillonna des yeux pendant quelques secondes et le regarda d'un air interrogatif. Lui proposait-il de sortir ? S'il ne se fourvoyait pas, c'était une expression pour signifier que l'on souhaitait sortir d'un lieu, bouger quelque part. Incertain de l'objectif de cette question, il lui répondit peu sûr de lui.

Souhaites-tu sortir ? Nous pouvons aller dehors si c'est ce qui te ferait plaisir...

Seulement, à voir sa position, Adalric n'avait pas l'air de vouloir bouger d'ici. Finalement, Adrian avait peut-être mal compris et son comparse ne se gênera pas pour le lui faire remarquer. Incertain, une fois de plus, le comte descendit de son trône occasionnel et s'avança un peu en direction de l'encadrement de porte. Il posa le regard sur lui, attendant une quelconque réaction de sa part.