Hydromos avait décidé de quitter son campement pour rejoindre sa place favorite au fleuve Hibiscus. Ce matin, il avait eu une conversation avec Rohemween concernant Nina. La bêta ailée avait accepté sa demande, ce qui était une bonne chose. Maintenant, c'était l'après-midi et il n'y avait rien à faire de particulier au sein du campement. C'est donc tout naturellement qu'il en était parti. Et puis, si quelque chose se passait, qu'on avait besoin de lui, alors, des membres de son clan viendront à sa rencontre.

Tandis qu'il était presque arrivé, il sentit une odeur inconnue. Il huma plus intensément l'air et le sol pour y déceler cette odeur. Après quelques reniflements, il trouva l'odeur recherchée. Pas de doute, c'était bien l'odeur du clan du Feu. Par contre, l'odeur propre à l'individu lui était totalement inconnue. Il ne pouvait donc pas savoir si ce loup, là-bas, était à craindre ou non... Quoiqu'il en soit, puisqu'il était là, Hydromos continua sa route en suivant cette odeur. Il arriva finalement et s'arrêta à environ une dizaine de mètres de cet inconnu. Celui-ci était au bord de l'eau, une patte dans l'eau. Hydromos l'observa sans bruit. Il le vit relever sa patte et la renifler avant de la lécher. Ce loup était un peu plus grand que lui et était jeune. L'hybride s'avança de quelques mètres encore, maintenant séparé de lui de cinq mètres.

Je ne te conseille pas d'en boire plus que nécessaire.

Hydromos resta à cette distance. Il ne souhaitait pas s'approcher davantage de ce loup du Feu. Il pourrait être hostile envers lui. Si tel est le cas, l'alpha pourra aisément utiliser son pouvoir sur cet inconnu. Il savait très bien que le clan du Feu était scindé en deux et que par conséquent, il n'y avait pas que des méchants, dirons-nous pour catégoriser simplement. Cependant, il ne le connaissait pas. Alors, il valait mieux se dire que potentiellement, il pourrait être classé dans les méchants. Hydromos se méfia donc de lui, bien qu'il ne le montrât pas, et restât sur ses gardes. Il le sera jusqu'à ce qu'il ait jugé que ce jeune loup soit du côté des gentils.

Hydromos espérait simplement que le jeune loup ne réagisse pas de façon agressive face à lui. Auquel cas, il était prêt à dégainer son pouvoir. Et cette rencontre se terminerait de façon nette et précise. C'est-à-dire : il prendrait le contrôle de ce Feu et lui ordonnerait de plonger dans le fleuve. Avant de s'enfuir vers des sentinelles qu'il savait postées non loin, pour leur avertir qu'un loup non-désirable était entré chez eux. D'ailleurs, si ce jeune loup venait de chez lui, alors il avait bien eu de la chance de ne croiser aucun Airs avant d'arriver ici. Ou peut-être qu'un ou deux espions se cachaient par là et le surveillaient, guettant le moindre faux pas de sa part.

En entendant Hydromos, l'inconnu reposa vivement sa patte et se tourna. Une fois la surprise passée, il sembla l'étudier. Attitude classique. Cela ne le surprit aucunement. C'était le réflexe naturel de tout le monde. Quand on est face à un inconnu, on le jauge d'abord avant de lui parler. L'hybride, lui, continua de le regarder. Il n'avait pas bougé d'un poil, observant la moindre de ses réactions, juste au cas où. Son regard n'était pas méchant. Juste un peu méfiant, mais neutre concernant les sentiments qu'il lui portait.

Finalement, l'inconnu brisa le silence en lui posant une question. L'inconnu n'avait pas l'air agressif. Sa question s'était faite sur un ton calme. Cela rassura un peu l'alpha dans les intentions de ce jeune mâle. Il se détendit un peu, baissant les plumes de son échine qui s'étaient un peu redressées, avant que le clanique Feu ne se retourne. Rien de bien méchant, mais son cou était maintenant moins gonflé.

Les algues qui tapissent le fond déploient une drogue. Si tu en bois peu, ça ne devrait rien te faire à part te procurer un sentiment de béatitude.

Ces algues, il les connaissait bien. Il les avait étudiées et un peu expérimentées aussi. Il connaissait tous des territoires de son clan. La vérité sur le fleuve est bien loin de cette légende farfelue que racontent les anciens de génération en génération. Cependant, il ne peut pas cracher sur cette histoire traditionnelle. Après tout, elle évite à bon nombre de jeune loup, qu'ils soient Airs ou Terres, de boire cette eau. À petit dose, elle n'a bien sûr pas d'effet néfaste. Mais à grande dose, c'est tout autre chose et cela peut devenir dangereux. Bien que la drogue en elle-même ne le soit pas pour l'organisme. Certains avaient fini noyés parce qu'ils étaient tombés dans le fleuve ou qu'on les y avait poussé. Ou d'autres accidents. Tout ça, à cause d'hallucinations, d'une notion du danger perdu ou d'un sentiment d'invincibilité donné. Alors, s'il pouvait éviter à ce jeune loup de finir K.O par terre ou noyé dans le fleuve, il avait tout intérêt à le faire. Il ne savait pas trop si Zal faisait attention à ses membres ou non. Il en doutait fortement. Mais dans le cas où il se soucie de son clan, Hydromos ne voudrait pas avoir la visite colérique de cet alpha.

Dis moi jeune loup, pourquoi es-tu dans les terres de l'Air ? Cherches-tu à rejoindre une terre neutre ?

L'inconnu lui répondit sur un ton humoristique. Ceci acheva la tension régnant dans l'air. Visiblement, ce jeune loup n'était pas à craindre. Son attitude ne le montrait clairement pas. Hydromos afficha un sourire face à cette remarque. Oui, ce n'était pas des plus pratique. Alors en général, quand on avait vraiment soif, on se retenait pour n'en boire qu'un peu, histoire de tenir le coup jusqu'au prochain point d'eau.

Non, je viens du clan du Feu. Je suis Ren, un jeune chasseur. Arrivait il y a peu, je repère un peu les lieux et les territoires.

Oh, il n'était donc pas natif de ce pays. Cela expliquait sans doute le fait qu'il se balade sans inquiétude chez eux. Il ne devait pas être très au courant de la situation géopolitique. Ou alors il s'en foutait royalement, n'ayant rien à se reprocher. Enfin, si personne ne lui était tombé dessus durant sa balade, c'est que les sentinelles et les espions avaient estimé qu'il ne représentait pas un danger. En sachant tout cela, Hydromos finit par s'avancer un peu, réduisant leur distance entre deux et trois mètres. Il ne s'avança guère plus, afin de respecter son espace vital. Il ne savait pas combien Ren tolérait. Pour essayer de confirmer son hypothèse, il lui répondit, de sa voix naturellement posée :

Eh bien, Ren, je me nomme Hydromos. Tu viens d'un autre pays de ce que j'ai pu comprendre ?

L'hybride prit la décision de s'asseoir. Il fit exprès de ne pas révéler son rang et si Ren le lui demandait, il dira qu'il est simplement noble. Il n'avait pas envie de lui révéler son véritable rang, juste par mesure de précaution. En revanche, il lui avait délibérément révélé son nom. Mais de toute façon, il doutait que ce jeune loup sache qui il était réellement. Il attendit la réponse de son interlocuteur dans le plus grand des calmes, comme à son habitude.

La tension entre les deux avait complètement disparus. L'un comme l'autre était à l'aise en la présence de son interlocuteur. Ce qui était une excellente chose.

Suite à la question de l'hybride, le jeune loup répondit qu'effectivement, il n'était pas d'ici. Il venait d'arriver il y a peu. Malheureusement, sa mère et lui avaient été chassé de ses terres d'origines. Seulement, il enchaîna en disant que ce n'était pas plus mal, montrant clairement qu'il était indifférent face à cet acte. Les raisons de cet acte pouvaient être multiples. Cependant, Hydromos ne s'y intéressa pas pour l'instant. Ren avait piqué sa curiosité en affirmant son hypothèse. Il voulait savoir comment c'était là-bas. Avant qu'il ne puisse lui demander quoique ce soit, Ren lui posa une nouvelle question. L'alpha répondit poliment à son interlocuteur :

Oui, j'y viens souvent. J'aime cet endroit.

Hydromos n'avait guère envie de parler de ce lieu. C'était un fleuve rouge, rien de plus. Il aimait être ici pour sa tranquillité, c'est tout. Il n'y avait pas de choses particulières qui lui faisait aimer cet endroit plus qu'un autre. Ici, il pouvait être tranquille : au bord du fleuve, allongé sous son saule aux fleurs jaunes tout en écoutant le léger bruit de l'eau s'écoulant en une petite cascade. Et en observant également les plantes mouvantes se mouvoir de l'autre côté. Il était tout simplement bien ici. Au moins, il était loin du campement et de la vie qui s'en dégageait. Il n'y avait pas les louveteaux et les jeunes adultes qui couraient partout en s'amusant et en criant. Il n'y avait pas non plus la vue des escadrons s'entraînant au pied de la montagne ou dans leur partie attitrée du campement. Il n'y avait pas les nobles ou les anciens pour venir lui parler. Bref, c'était calme ici et c'est tout ce qui lui importait. Quand il avait besoin d'être seul et/ou au calme, il venait ici.

Avant que Ren ne puisse lui poser davantage de questions sur ce lieu des plus banals, Hydromos enchaîna sur un sujet bien plus intéressant à ses yeux :

D'où viens-tu dans ce cas ? Les contrées là-bas sont-elles différentes d'ici ?

Hydromos était de nature curieuse quand il s'agissait d'en connaître plus sur le monde. Alors, à chaque fois qu'un loup se présentait à lui comme n'étant pas natif d'ici, il lui posait des questions sur ses terres d'origines. Lui, il ne pouvait pas quitter ce pays. Il avait un rôle bien trop important pour cela. Et puis, il ne se voyait pas voyager non plus. Abandonner sa famille, ses amis, ses connaissances, son clan, ses repaires, et tout le reste. Il était bien ici. Il ne se voyait pas vivre ailleurs, bien qu'il y ait des tensions et des querelles. Ce n'était pas toujours idyllique, mais l'était-ce quelque part ? Peut-être bien que oui, mais ce n'était qu'une question de temps pour qu'une catastrophe quelconque arrive. La vie réservait toujours une surprise, quelle soit bonne ou mauvaise.

Face à la question d'Hydromos, le jeune mâle resta neutre. Le bel hybride prit la décision de s'asseoir. Puis, Ren se mit à expliquer comment était son pays. Seulement, la description ne fut pas ce à quoi s’attendait Hydromos. Il n'y avait pas de descriptions de lieux, en tout cas pas de façon joyeuse. C'était tout le contraire. Visiblement, la terre qui a vu naître Ren est à présente inexistante, invivable. Une maladie inconnue avait colonisé les lieux, s'emparant des canins de cette terre et les tuant au final. Des cadavres en décomposition jonchaient à présent le sol, probablement mangés par des charognards en tous genre. Ren lui dit alors qu'il s'est enfui avec ses parents lorsque la maladie a commencé à faire des ravages. Hydromos l'observa plus en détail, jugeant son état physique. Visiblement, Ren n'était pas malade. Il semblait tout à fait en forme. Ce qui était rassurant. Ren habitait donc sur une île, pas étonnant qu'il y ait peu de survivants. Les loups ailés pouvaient aisément s'échapper, mais les autres ? Mis à part s'ils avaient des pouvoirs le permettant, ils étaient obligés de trouver un moyen de s'échapper par la mer et de la construire. Eux, ils avaient la chance d'être sur un continent. Par conséquent, dans un tel cas, ils pourraient s'échapper chez les pays voisins. Hydromos afficha un air déçu et triste. Il baissa les oreilles face à ce récit catastrophique.
Ren fit une légère pause avant de reprendre sur une note un peu plus joyeuse. Il y aurait eut deux clans habitant cette île avec bien entendu des solitaires comme partout. Il y avait une prairie, une forêt, un lac et une rivière munie d'une cascade, un désert, une jungle et enfin une banquise. Ren ne donna pas plus de détails concernant ces terres. Il n'en avait pas. Hydromos ne pouvait bien évidemment pas s'imaginer les territoires sans de détails sur eux. C'était bien dommage. En revanche, il ne savait pas ce qu'était une banquise.

Oh je vois... Une catastrophe a ramagé ton île... C'est regrettable. Tu as eu de la chance de pouvoir t'y échapper. Cela fait combien de temps maintenant ?

Sa voix était teintée de tristesse. Il s'imaginait facilement ce décor apocalyptique et ces nombreux morts. C'était une vision que le majestueux hybride espérait ne jamais revoir. Pandore leur avait offert ce type de décor et il n'en voulait pas un autre.
Ren ne semblait pas affecté par cette histoire. Sans doute qu'il n'avait rien connu de cette île. Il était peut-être encore louveteau quand cela est arrivé. Hydromos ne savait pas quel âge avait ce loup, mais une chose est sûre, il était plus jeune que lui. Peut-être dans les deux ans et demi, trois ans ?

Hydromos s'était malgré lui plongé dans ses pensées. Le museau pointé vers le bas, son regard s'était troublé, fixant le vide. Finalement, Ren répondit à sa question, le ramenant ainsi à la réalité. Cela faisait donc deux ans et demi que le jeune loup avait quitté sa terre natale. En sachant cela, Hydromos jugea l'âge de Ren entre trois et quatre ans. Cet âge expliquerait le fait que Ren ne sache rien sur son île d'origine. Le jeune loup avait eu de la chance de pouvoir naître au milieu de cette maladie endémique et de ne pas y succomber à son stade de louveteau. Ren lui posa à son tour une question. Il lui demanda si lui était né ici.

Oui, je suis né ici. Je suis né de parents du clan de l'Air et y vit jusqu'à maintenant. Je ne quitterai jamais mon clan non plus.

Hydromos leva la tête haute quand il divulgua son origine et son appartenance au clan de l'Air qu'il ne quittera pas. Il ne l'avait pas fais de façon hautaine, il était simplement fier de ses origines. Après tout, il est issu d'une lignée pure et de nobles qui plus est. Cela lui avait très bien réussi. Certes, il est petit, mais pour contrebalancer la chose, il est intelligent, magnifique et à la tête d'un clan qu'il apprécie grandement. Ils sont peut-être un clan de loups globalement petits et avec des escadrons pas très forts au niveau force physique, mais ils sont stratégiques et maîtrisent leurs pouvoirs à la perfection.

Pourquoi as-tu choisi les Feux ?

L'alpha renvoya la balle. Lui, il posait des questions sur Ren, et Ren lui posera sans doute des questions sur lui. C'était une question que Ren devait souvent entendre s'il rencontrait des autres claniques hors Feu. Vu la réputation du clan depuis que Zal est au pouvoir... Les nouveaux qui tombaient là-dedans ne savaient vraiment pas dans quoi ils risquaient de s'embarquer. Certes, il y avait des gens biens dans le clan du Feu, mais globalement, il n'était pas bon pour un nouveau de choisir ce clan...

Ren lui dit que naître ici devait être bien. Sous-entendant ainsi qu'Hydromos avait de la chance d'avoir vu le jour sur Élémenloups. Il n'avait pas tort. Certes, il y a eu des hauts et des bas : Pandore, Ultimate, Zal au pouvoir et Akui maintenant réveillé. Mais comparé au sort qu'a subi l'île de Ren, ce ne fut pas affreux, si on excepte Pandore. Chez Ren, l'air devait être encore contagieux et les terres invivables pour un canin. Les cadavres avaient probablement accentué les risques de contagion.

Le jeune mâle enchaîna en répondant à la question de son interlocuteur. Il n'a pas choisi son nouveau clan, sa mère a choisi pour eux deux. Elle a pris le premier rencontré et est utile autant qu'elle le peut. Visiblement, Ren n'a pas eu son mot à dire, contraint de la suivre. Il s'est donc mis chasseur.

Les deux loups continuèrent de parler entre eux, chacun posant des questions sur l'autre. Ren, lui demanda quelques renseignements sur ces nouvelles terres. Leurs coutumes, des éclaircissements sur cette histoire de divinité, comment sont les autres clans, etcétéra. Hydromos, lui demanda des renseignements sur le clan du Feu. Comment était l’ambiance au sein du clan, si Zal ne faisait pas trop de grabuge, s'il y avait des tensions particulières et surtout comment lui, Ren, se sentait dans cette meute. Par ailleurs, Hydromos lui dit qu'il n'est pas encore trop tard pour quitter ce clan pour un autre. Sous-entendant ainsi que Ren pourrait les rejoindre.