La période des chaleurs était arrivée en ce mois d'été. Mlle.Midéro n'échappa pas cette règle. Cependant, ce n'était pas comme d'habitude... Normalement, elle était dans son coin, ermite, ne côtoyant personne de près. Par conséquent, ses précédentes chaleurs étaient faibles, presque inexistantes, n'ayant pas de facteur mâle aux alentours pour stimuler ses hormones. Or, maintenant qu'elle avait réintégré la vie du camp depuis plusieurs semaines, ce n'était plus pareil. Elle était comme une nouvelle louve, possédant donc une nouvelle odeur alléchante. Depuis son intégration au clan du Feu, elle ne s'était jamais montrée parmi les autres pendant ces périodes. Donc, personne ne connaissait son odeur. Et cela se ressentait grandement quand elle marchait au sein du campement. Jeunes adultes comme plus vieux se retournaient sur son passage, la draguaient de façon plus ou moins explicite et élégante, surtout les jeunots. Elle acceptait sans problème la drague et les compliments, du moment qu'on la respectait et que ce soit de façon polie. Bien qu'il y ait quelques désavantages comme se faire aborder sans cesse, ces chaleurs étaient aussi quelque chose de bien. Maintenant, les loups de son âge et au-delà viennent lui parler sans émettre de distance ou un quelconque mauvais ressentiment. La barrière entre ceux ayant connu son rôle vis-à-vis de Pandore et elle, était à présent tombée. D'ici la fin du mois, Midéro sera parfaitement intégrée au clan.

Son accord avec Zal était secret : elle le conserve farouchement, prônant le fait qu'elle soit indignée de l'avoir comme alpha, mais qu'en tant que noble, elle se doit de jouer double-jeu avec lui. Ils ignorent tous que c'est avec eux, qu'elle joue un double-jeu. En disant aux autres qu'elle fait semblant d'être avec Zal par mesure de sécurité, mais également pour obtenir des informations et ainsi mieux le détrôner au final : elle assure ses arrières. Si elle vient à être vue par un membre du clan en présence de Zal, ils ne pourront pas crier à la traîtrise de sa part. Ils croiront qu'elle exerce son double-jeu avec lui. Ses talents de menteuse ne peuvent la trahir.
En trainant aux alentours du campement, elle avait eu vent d'un groupe de plusieurs personnes. Elle n'avait pas bien entendue, ne savant pas de quoi il s'agissait. Juste, qu'il y avait un groupe... Cela pouvait être n'importe quoi : un groupe de travail, d'enquiquineurs ou d'amis. Néanmoins, son intuition lui dictait que c'était en rapport avec Zal. Après tout, l'alpha lui avait fait part de son ressenti face à un groupe complotant contre lui... Elle voulait en savoir plus, mais il fallait amener la chose de façon naturelle. Elle avait cherché qui interpeller et finalement, son choix s'était arrêté sur Brasio. Si cela ne donnait rien, elle ciblera quelqu'un d'autre, avant de revenir à la charge plus tard. Elle partit à la recherche de l'assassin, sachant qu'il était en entraînement et que cette activité prendra fin dans quelques instants.

L'entraînement s'était terminé il y a de ça quelques minutes quand Midéro sortit de hautes fougères lui gênant la vue, passa juste devant Brasio et faillit le bousculer. Cependant, elle se stoppa au dernier moment et recula d'un pas en voyant qu'elle allait lui rentrer dedans, ce qui évita ce problème.

Désolé. Je ne t'avais pas vu à cause de cet obstacle visuel. Dit-elle simplement, en arborant un sourire gêné.

Il n'y a pas de mal. Ne soyez pas si gêné mademoiselle ! Je ne mort pas !

Puis il se mit à rire avec légèreté. Ce guerrier lui sembla gentil et charmant. De plus, il n'était pas sur ses gardes face à elle, c'était une bonne chose. Elle ne souhaitait pas discuter avec quelqu'un qui se montre méfiant à son égard. Elle se dit qu'elle l'avait bien choisi, pour l'instant. Midéro lui adressa un sourire avant de le regarder plus en détail. Il pourrait, sans soucis, lui faire mal ou la plaquer en l'attaquant. Elle qui est fine et arbore le physique d'une parfaite noble, aucunement taillé pour un quelconque combat. Il ne se montrait pas menaçant envers elle, ce qui était rassurant.

Brasio, j'aimerai savoir...

La noble observa les alentours, guettant la moindre personne qui pourrait entendre leur échange. Cependant, elle n'avait aucune inquiétude à ce sujet. En vérité, elle se fichait qu'on les entende ou non. Elle se rapprocha un peu, se mettant à côté de lui. Elle joua celle qui se voulait discrète, parlant un peu plus bas que précédemment.

J'ai entendu dire qu'un groupe s'était formé. Je voudrai savoir si c'est le cas : cela m’intéresse. Si tu as eu vent de cette histoire, j'aimerai savoir si tu as un peu plus d'informations. Pour pouvoir prendre contact avec l'un d'entre eux et leur apporter mon aide.

Midéro l'observa ensuite. Elle s'assit, rabattant son énorme queue duveteuse autour d'elle, caressant dans le même geste l'une des pattes avant de Brasio. Puis elle se lécha la truffe pour l’humidifier.

Brasio ne laissa rien paraître suite à ses paroles. S'était-elle trompée finalement ? Elle en doutait un peu. Avant de venir lui parler, elle était pourtant sûre qu'il savait quelque chose.

Mh mh...

Midéro ne le quitta pas des yeux. Son oreille droite bougea frénétiquement. Finalement, il ne put resté impassible bien longtemps. Ses sourcils se haussèrent par la suite, comme s'il était étonné. Non, plutôt pétrifié. Vu le mal-être émanant de l'assassin, qu'elle ressentit en suivant.

Euh, je... Le...

La noble tapota le sol du bout de sa queue. Elle continua de le fixer. Ses sourcils se froncèrent et ses oreilles s'écartèrent. Elle voulait une réponse qui tardait à venir, ce qui eut le don de faire pointer un début d'agacement. Néanmoins, elle ne dit rien et le laissa mettre ses pensées en ordre, réfléchir à ce qu'il allait dire. Elle ne voulait pas le brusquer pour ne pas paraître inconvenante.

J'ai... Je n'ai jamais. Hum hum... Je n'ai jamais entendu parler d'un groupe. Peut-être entre nous ici dans les entraînement, y'a toujours des loups ensemble, par-ci par-là.

D'un mouvement de tête, il montra à la gothique romantique un groupe de mâles discutant plus loin. Elle suivit son mouvement du regard et observa ce petit groupe.

Vous pouvez toujours leur parler. Je ne suis pas vraiment la personne à interpellé pour le social. J'suis rester quelque années dans ma bulle ! V'voyez l'tripe ?

Mlle.Midéro le regarda du coin de l’œil, pivotant seulement sa tête de quelques millimètres, gardant en place son air suspicieux. L'assassin se mit à rire nerveusement. Elle se demanda d'ailleurs s'il était réellement un assassin. Le malaise du mâle s'était accentué. Il mentait. La femelle le voyait. Même un aveugle le verrait de toute manière. Il ne savait pas mentir. Il n'avait aucun talent pour cela. Il n'arrivera jamais à la cheville de Mlle.Midéro dans ce domaine. C'était certain. D'un ton un peu sec, en le transperçant de son regard fantomatique charbonneux, elle lui répondit :

Tu mens... Je le vois clairement. Tu sais des choses et tu vas me les dire. J'aimerai les aider, alors ne me mène pas en bateau !

Elle ferma les yeux et soupira pour se calmer. Elle releva en suivant les paupières et reprit d'un ton normal :

Je n'ai pas envie d'user de mon pouvoir, mais si tu continues à me mentir j'en serai contraint... Je n'aime pas que l'on me manque de respect et tu le fais en me mentant !

Elle fit une pause, laissant un peu de temps à Brasio pour repenser à ses futures réponses. Ensuite, elle prit la parole une dernière fois avant lui.

A moins que tu sois secrètement un partisan de Zal ? Dans ce cas, c'est une autre histoire...

Bon... Très bien... Il y a effectivement un groupe contre Zal. Je sais qu'il y en a un. Je sais qu'il prépare un coup.

Mlle.Midéro resta impassible face à lui, mais elle sourit intérieurement. Enfin, pensa-t-elle. Elle ne le quitta pas des yeux, restant campée sur sa position, attendant la suite qui ne tarda pas. Brasio porta sa patte devant ses babines. Il fit apparaître des fils ardents du bout de cette patte et poursuivit :

Mais je ne peux malheureusement pas les rejoindre... J'ai un projet qui me tiens à cœur voyez-vous ? Un truc... Immense... Vous serez tout ça le moment venu.

La noble fixa ces fils ondulants dans un rythme lent. Dû à leur proximité encore d'actualité, elle put facilement ressentir leur chaleur sur sa truffe. Il ne comptait tout de même pas la bruler ?! Sinon, cette discussion allait mal se terminer... Cependant, le sort cessa bien vite. A son grand soulagement, qu'elle ne fit pas paraître.

- Désolé de ne pouvoir vous être plus utile que ça...
- Merci. Elle lui adressa un sourire. Sais-tu où pourrai-je trouver l'un d'entre eux ? As-tu une idée de combien sont-il ?

Son ton fut calme, exactement comme avant qu'elle ne s'agace. Elle s'était redressée, enlevant ce côté quelque peu colérique qu'elle avait affiché en durcissant son regard tantôt. Cette fois-ci, son regard fantomatique et charbonneux était doux, tout comme lors de leur rencontre. Elle semblait tout à fait calme, tout agacement envolé.

Brasio continua de la regarder. Se gêne, encore présente, semblait s'être apaisée depuis. Sans doute dû au fait que Mlle.Midéro s'était calmée.

Pour le nombre j'en ai absolument AUCUNE idée mademoiselle, vraiment. Et pour les contacts... Non plus à vrai dire. Je tiens l'infos par des ragots vous savez. En clair... Un groupe s'est formé pour que Zal dégage du trône des Feux, je sais que sa va péter un jour ou l'autre. Et c'est tout... Je n'en sais pas plus. Entre ce projet qui mûrit et les entrainements que je reprend de plus belle. Vous pensez bien que je n'ai plus vraiment de temps pour aller écouter derrière les buissons.

La noble afficha un air déçu. Ses oreilles s'affaissèrent et son sourire diminua. Elle espérait obtenir plus de renseignements. Cependant, elle avait la confirmation qu'un groupe contre Zal s'était formé. C'était une bonne information en soi. L'alpha qui avait déjà des suspicions, aura bientôt une affirmation. Une petite avancée qui permettra au mâle d'établir des plans face aux rebelles.

Bien.

Elle se leva et lui fit une léchouille sur la joue en guise de remerciement. Puis elle emboita le pas, passant derrière lui pour partir d'un pas léger et élégant tout comme à son habitude. Sa queue duveteuse se balança doucement de droite à gauche, et inversement, au rythme de ses pas. Dans sa marche, le bout de sa queue toucha derechef Brasio, au niveau du flanc cette fois-ci. La noble ne retourna pas au sein du campement, au contraire, elle décida de partir se balader. Finalement, elle disparut entre les feuilles de gros buissons.