Rien de telle qu'une belle matinée pour aller voir la mer. C'était dit le loup à trois pattes.

Il s'était avancé vers le falaise, montant l'une des nombreuses pentes. Pendant sa marche, il sentit l'air marrant lui chatouiller les narines. La légèrement brise ramena avec elle l'odeur de Volk. A en jugeait par la persistance, il n'était plus là. Il continua de grimper et finit par s'arrêter net, grimaçant. Il venait de sentir une autre odeur et celle-ci ne lui plaisait guère. Il pesta. Pourquoi fallait-il qu'il soit dans les parages ? Kaporal ne rebroussa pas chemin pour autant, il n'allait pas partir juste pour éviter de le croiser. Lui, Valentin. Un assassin de son escadron qu'il ne pouvait pas blairer, d'ailleurs l'assassin non plus ne pouvait pas le blairer. La chef d'armée n'avait jamais compris pourquoi Valentin avait souhaité intégrer son équipe. D'ailleurs, lui-même n'avait jamais compris pourquoi il l'avait accepté. Il aurait pu simplement l'envoyer chier, mais il ne l'avait pas fais et l'avait pris dans son équipe. Surement pour avoir le loisir de lui en faire baver ? Oui, ça devait être ça.

Le bicolore finit par arriver au sommet de la pente. Il vit avec horreur la silhouette du loup. Il lui lança un regard dur et se maudit d'un coup de ne pas avoir été plus loin. Il tourna finalement la tête vers l'horizon et s'assit. Il fit abstraction total de l'individu non loin de lui, l'ignorant complètement.

Qu’est-ce que tu fait là ?

Le ton employé par ce loup lui hérissa les poils des omoplates et un rictus se dessina, soulevant dans la foulée sa babine, dévoilant ainsi rapidement son canine. Fronçant les sourcils, il répondit dans la foulée et d'un ton sec :

Je te rappel... Que tu parles à ton supérieur, morveux. Alors évites d'me parler sur ce ton. Ta présence me met d'jà suffisamment en rogne !

Pour appuyer ses dires désagréables, il tourna la tête dans un geste lasse vers son subordonné et le foudroya d'un regard glacial.

Tu n'as pas b'soin d'savoir c'que je fous ici et je ne te l'dirai surement pas si c'est pour entretenir un semblant d'conversation avec quelqu'un qui m'tape sur l'système dès l'matin.

Au moins c'était dit. Il venait de le remettre à sa place sans aucune douceur. Le ton était donné. La tension allait maintenant être exécrable et l'aura des deux loups allaient surement se noircir davantage. Le chef d'armée reporta son attention sur l'horizon. Il était posté assez loin de Valentin pour le voir venir si jamais il décidait de l'attaquer. Malheureusement, il n'était pas assez loin pour ne pas l'entendre. Il jeta un rapide coup d’œil vers le bas. Oui, il était assez au bord pour que Valentin tombe dans le vide si jamais il lui sautait dessus. Si cela venait à se produire, Kaporal n'aurait cas esquiver et bon vol pour l'autre ! Cette pensée fit sourire le vieux loup de mer. Sourire qui toutefois était quasiment imperceptible et qui de plus, ne resta même pas une seconde en place. Il prit une bouffée d'air frais. Il s'était remis à ignorer l'assassin. Décidément, il n'avait vraiment pas envie de lui causer et il espérait que le loup ne répondra pas à ses paroles. Toute façon, il allait bientôt partir.