Des progrès à faire dans plus d'un domaine [PV. Okazeh]

Chérubin

Des progrès à faire dans plus d'un domaine

Depuis qu’il était allé la voir, Chérubin ne cessait jamais réellement de penser à Imryu. Il ne comprenait pas bien cet intérêt si important et si soudain qu’il avait pour la solitaire. Il la connaissait depuis longtemps certes, ils avaient partagé de nombreux moments de tendresses quand elle était là à l’époque où il y avait encore quatre clans. Mais l’archange n’arrivait pas à desceller ce qu’il ressentait pour la louve bicolore.
Loin d’elle, sa positivité lui sembla amoindrie. D’ordinaire, il était toujours de bonne humeur, que l’Arène soit vide ou que quelques visiteurs montrèrent leur museaux. Mais maintenant, il sentait que quelque chose manquait. Pour la première fois, il lui arrivait d’être profondément attristé sans trop savoir pourquoi exactement. Qu’est-ce qui lui arrivait ? Sans doute aucun dieu ne voulut lui souffler la réponse. Peut-être qu’il devrait demander à d’autres loups du clan ? Mais à qui ? Cette sensation qui était si douce quand il était proche de sa grande amie semblait le ronger à présent, le faire… souffrir ?
En milieu de journée, Chérubin décida de faire une chose qu’il n’avait pas encore osé faire : voler. Ça lui permettrait peut-être de moins souffrir ? De vivre quelque chose qui le rendrait heureux ? Autant essayer. De toute façon, il fallait bien qu’il le tente un jour où l’autre et ce serait aujourd’hui. Le loup ailé, portant toujours son armure, se plaça au centre de l’Arène et prit une grande inspiration avant de déployer les ailes qui étaient liées à son dos. Une puissance certaine se trouvait dans ses extensions de lui-même, il le savait. Il fallait juste le mettre en pratique.
Se disant que ça devait fonctionner de manière similaire au vol d’un oiseau comme on en voyait des centaines dans les bois du Désert, Chérubin se mit à battre des ailes. Rapidement, il fut soulevé du sol et mit plus d’impulsions pour s’élever. C’était clairement encore plus compliqué qu’il ne l’avait cru. Il devait garder une cadence régulière tout en donnant de la puissance pour monter au-dessus du niveau des gradins de l’Arène et des bois environnants.

Finalement après une bonne minute, l’archange était assez haut pour sentir des courants d’air qu’on ne percevait pas au sol. Naturellement, il tenta de suivre un de ses courants en gardant ses ailes étendues pour « flotter » dessus. Il fut étonné d’y parvenir du premier coup. Soudainement, il se sentit léger, volant dans le ciel. C’était une sensation indescriptible. Une liberté toute nouvelle. Un moment, il se laissa porter par le courant et ferma les yeux.
Il finit par rouvrir les yeux. Si il se sentait libre, le loup blanc et doré n’osa pas trop faire de cabrioles dans les airs. C’était sans doute le meilleur moyen de se retrouver au sol assez brutalement et de se blesser. Il ne maîtrisait pas bien ce qu’il faisait, pensant avoir simplement eu les bons réflexes jusque là. Peut-être qu’il aurait été plus facile de décoller sans son armure d’ailleurs. Mais, maintenant qu’il était en haut, il allait bien falloir redescendre… L’archange se trouva soudainement assez bête. Il n’avait pas trop d’idées de comment gérer correctement une descente. Si un oiseau atterrissait généralement sur une branche, lui devrait atterrir au sol et sans des pattes adaptées à cette action.
Chérubin survolait la Rivière de la Roche quand il se décida à descendre. Au pire, il pourrait atterrir dans l’eau. Il ne devrait pas se blesser ainsi, même si ce n’était pas la meilleure saison pour se baigner sachant que les températures étaient en baisse ses dernières semaines. Il descendit de plus en plus, survolant le cours d’eau de plus en plus près. Mais quand il voulut aller dans l’eau, il se rendit compte qu’il avait oublié un paramètre : réduire son allure. Il allait bien trop vite et le contact de ses pattes avec l’eau souleva une vague avant que l’archange soit emporté par son élan, bascule et finit tête la première dans l’eau. Au moins, ceci coupa court son élan… Mais il serait trempé.
Chérubin se redressa rapidement, un peu pataud et sortit de l’eau pour s’ébrouer. Quand il regarda dans son sillage, il repéra une fourrure qu’il connaissait de vue : Okazeh. Elle passait sans doute par là au moment où le loup en armure avait fait son atterrissage forcé. De là où il était, l’archange n’était pas sûr de l’avoir trempé en passant ou non. En levant un peu la voix pour se faire entendre et avec un air embarrassé, il s’adressa à la bêta du Désert.

« Okazeh ! Excusez-moi si je vous ai mouillé ou fait peur. C’était la première fois que je volais. »

Son ton contrastait assez fortement avec sa voix grave et sa tenue habituellement toujours si digne et amical. Il était un peu comme un louveteau ayant fait une bêtise à l’heure actuelle… un louveteau d’un mètre trente bien bâti avec une grande paire d’ailes et une voix profonde.

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-Okazeh-

La beta avait reprit les entrainements avec Lord Jarodin depuis quelques temps déjà, et avait l'impression de revivre. Ses trois enfants allaient bientôt eux aussi commencer leurs entrainements respectifs. Bien qu'Okazeh adore ses trois petits monstres, elle était bien heureuse qu'ils ait d'autres occupation que chercher des noises aux démonias et se chamailler entre eux. Elle aurait elle aussi plus de temps pour s'entraîner, et retrouver Aslan en tête à tête, chose qu'ils faisaient très rarement depuis l'arrivée des enfants. De plus, les enfants de Triss grandissaient eux aussi à vitesse grand V, et elle aurait ainsi plus de temps pour leur rendre visite !

Okazeh était donc tout à fait heureuse. Ce jour là, elle effectuait comme d'habitude son devoir de beta. Elle longeait la rivière, en direction du Désert. Elle avait eu une information comme quoi le Désert était "hanté", qu'il y avait des "fantômes" et des "trucs bizarres". Un peu sceptique face à l'illuminé qui lui avait donné l'information, elle avait néanmoins accepté d'aller voir, et de faire un rapport si besoin. Elle s'approcha de l'eau, lapant quelques gorgées, perdue dans ses pensées. Elle avait toujours eu peur de l'eau, des vagues surtout. Ces derniers temps, elle avait fait de nombreux progrès, mais le souvenir de l'attaque de Mort et de la vague géante qui l'avait effrayée revenait de temps en temps. pourquoi ne pas essayer de travailler dessus également ? Bien sûr, la mer était loin, mais le voyage pouvait se faire ...

Elle réfléchissait ainsi, lorsqu'une immense gerbe d'eau jaillit à sa gauche. Elle n'eut pas le temps de réagir, soudain frappée par la vague qui se précipitait sur elle comme l'illusion d'Ades. Sauf que celle-ci n'était pas une illusion, et une seconde plus tard, elle se retrouva trempée. Elle se secoua, éclaboussant de mille gouttelettes le sol autour d'elle, puis releva le regard, mi-curieuse, mi-grognonne.

Quelle ne fut pas sa surprise quand elle aperçut Chérubin, qui semblait arriver tout droit du ciel ! Le loup était revenu comme par miracle au Désert il y a peu de temps. Okazeh n'avait pas bien compris l'histoire de sa réincarnation, ni même le pourquoi du comment de la défaite d'Akui, trop occupée par les combats. Mais elle le respectait : ils les avaient tous sauvés, et c'était ça qui comptait. Le voir arriver du ciel était étrange, et encore plus étrange était son attitude de louveteau, avec une voix si grave :

« Okazeh ! Excusez-moi si je vous ai mouillé ou fait peur. C’était la première fois que je volais. »

Okazeh lui sourit. Comment être en colère quand on pouvait voir derrière ce loup imposant en armure le petit louveteau ailé qu'il était avant ? Elle s'assit, le pelage encore humide commençant à gonfler.

"Ne t'inquiète pas, tu m'as juste trempée de la tête aux pieds !"

Elle rit, lui montrant clairement qu'elle blaguait. Elle n'avait pas envie de le faire se sentir coupable, après tout c'était une belle journée et un peu de frai ne lui faisait pas de mal. Puis, elle rouvrit les yeux et demanda, curieuse :

"Alors comment était ton premier vol ? Pas trop difficile après avoir changé de corps ?"

Chérubin

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Okazeh afficha un sourire face aux paroles désolées de Chérubin. Elle s’assit tranquillement, visiblement trempée, sa fourrure commençant à gonfler, et lui adressa.

« Ne t'inquiète pas, tu m'as juste trempée de la tête aux pieds ! »

L’archange redressa un peu les oreilles. Elle ne semblait pas furieuse contre lui pour sa maladresse. Son rire éclatant lui confirma que la noble ne lui en voulait pas. Il se mit à rire également, trouvant soudainement la situation bien ridicule en y réfléchissant. La louve claire possédait également des ailes, mais il ne la pensait pas capable de s’envoler comme il l’avait fait. Une fois leur rire calmer, la bêta du Désert reprit.

« Alors comment était ton premier vol ? Pas trop difficile après avoir changé de corps ? »

Le loup ailé commença par sortir de l’eau, ses ailes légèrement tombante car elles étaient chargées d’eau. Avant d’approcher davantage d’Okazeh, le loup en armure battit un peu ses ailes pour en retirer une partie de l’eau et s’ébroua avant de rejoindre la noble tout en lui répondant sur un ton enjoué.

« C’était… Je n’ai pas les mots pour le décrire. Voler, c’est être libre au-delà de ce que les mots peuvent exprimer. Même si je n’étais pas très à l’aise. J’ai d’ailleurs eut l’idée un peu idiote de voler avec mon armure. Ça ne m’a sans doute pas aidé à décoller ou à ralentir pour me poser… »

Son regard azuré coula un instant vers la Rivière de la Roche dont il avait parcouru le lit sur un bon kilomètre avant de faire sa pirouette ici pour finir étaler dans l’eau. Il repensa à la seconde question et vint s’asseoir à côté de la bêta. Elle lui semblait si petite à présent, elle qui était un sujet d’admiration en terme d’ailes qu’il avait eu pendant longtemps. Maintenant qu’il connaissait l’échelle, Chérubin comprenait qu’elle n’était certainement pas capable de voler. Il répondit à la seconde question de la louve claire après un moment de réflexion, parlant avec plus de sérieux cette fois-ci.

« C’est étrange de changer de corps. J’ai toujours été un louveteau vous savez. Avoir un corps comme celui-là, si imposant, avec de vraies ailes et surtout adulte ! Il y a encore bien des choses que je ne comprends pas. Je sais quantité de faits sur la région et son histoire, mais les sensations liés au fait d’avoir un corps adulte me sont étrangères. On apprend pas ces choses, on les vit, et j’ai encore tellement de questions… »

L’Égide de Zexal s’était arrêté, observant un point perdu dans l’herbe entre lui et Okazeh. Il était pensif. Il réfléchissait à Imryu. Quelle était cette drôle de sensation. Devait-il l’aborder ? N’était pas une chose dont on évitait de parler ? Il ignorait jusqu’à ce à quoi il avait à faire en terme de sensation ou d’émotion.. C’était quand même un comble pour lui d’être aussi perdu.

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-Okazeh-

Après avoir ri avec elle, l'imposant loup sorti de la rivière, s'ébroua avant de la rejoindre. De près, il était encore plus impressionnant : son armure dorée brillait sous le soleil, et son pelage cachait à peine ses muscles qui semblaient s'être dessinés sur lui comme sur une écorce. C'était surprenant, surtout après avoir connu l'ancien corps de chérubin. Peut-être que quand ses gosses grandiraient ça lui fera pareil .... qui sait. En tout cas, Chérubin était à présent sûr d'avoir du succès auprès des femelles pendant les chaleurs ... Pour peu qu'il soit capable d'être intéressé lui aussi !

« C’était… Je n’ai pas les mots pour le décrire. Voler, c’est être libre au-delà de ce que les mots peuvent exprimer. Même si je n’étais pas très à l’aise. J’ai d’ailleurs eut l’idée un peu idiote de voler avec mon armure. Ça ne m’a sans doute pas aidé à décoller ou à ralentir pour me poser… »

La voix du loup ramena Okazeh à des pensées plus pures. Elle lui sourit gentiment avant de répondre :

"Tu feras mieux la prochaine fois, c'est sûr."

Finalement, il resta silencieux un instant, et vint s'asseoir aux côté de la beta. Il la dépassait bien d'une tête, mais elle n'en avait cure tant qu'elle n’attrapait pas un torticoli à force de lui parler.

« C’est étrange de changer de corps. J’ai toujours été un louveteau vous savez. Avoir un corps comme celui-là, si imposant, avec de vraies ailes et surtout adulte ! Il y a encore bien des choses que je ne comprends pas. Je sais quantité de faits sur la région et son histoire, mais les sensations liés au fait d’avoir un corps adulte me sont étrangères. On apprend pas ces choses, on les vit, et j’ai encore tellement de questions… »

La beta leva un sourcil. C'est vrai que le loup n'avait jamais connu l'adolescence, et tout son lot de changements qui venait avec. Les pattes qui grandissaient, parfois asymétriquement, rendant les loups patauds et maladroits, les changements de caractère, de sommeil, et évidemment les changements hormonaux ... Un éclair amusé passa dans le regard de la louve. L'égide était bien plus vieux qu'elle, il connaissait toutes ces choses sur le papier, mais de là à les vivre ... Elle répondit d'une voix amicale, un peu maternelle :

"Tu sais, ça fait longtemps que je traîne mon corps d'adulte sur cette terre. Enfin longtemps, pour une mortelle ! Si tu as des questions, n'hésite pas. Il n'y a pas de questions stupides..."

Elle lui fit un petit clin d'oeil. Il n'y avait pas de raison qu'il se sente gêné de toute façon. Et puis, peut-être que répondre à ses questions l'entrainerai pour le difficile âge qu'étais l'adolescence. Elle n'avait vraiment pas hâte de devoir répondre aux milles questions de ses deux filles, et encore, en espérant qu'Aymeric trouve des réponses du côté de son père ...

Chérubin

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Okazeh lui signifia qu’il ferait mieux lors de ses prochains vols. Sans doute que le premier se devait d’être un échec relatif sur les points techniques. Déjà, Chérubin ne s’était pas fait mal en atterrissant, c’était un bon départ au fond. Quand il évoqua qu’il avait encore bien des questions sur le fait d’avoir un corps adulte et d’être soumis à un tas de nouvelles choses, la bêta leva un sourcil, interloquée. L’archange crut voir un éclair d’amusement passé dans le regard de la louve claire. C’était vrai qu’il y avait sans doute un fond de ridicule à sa situation. Il était si ancien, savait tant de choses, mais si peu à ce sujet. Ce n’était pas le genre de connaissances qu’il avait cherché à amassé à travers les générations. La noble s’adressa alors à l’Égide de Zexal sur un ton amical, presque maternel.

« Tu sais, ça fait longtemps que je traîne mon corps d'adulte sur cette terre. Enfin longtemps, pour une mortelle ! Si tu as des questions, n'hésite pas. Il n'y a pas de questions stupides... »

Elle lui fit ensuite un clin d’œil. Un sourire apparut sur la face de l’imposant loup en armure dorée. Okazeh lui donnait visiblement l’autorisation de parler ouvertement et de ce qui le questionnait. Mais il ne devait pas mentionner Imryu directement. Le mâle ailé réfléchit un instant avant de demandé, un peu hésitant.

« Il y a une louve… J’ai une sensation étrange en sa présence… Comme si je ne voulais plus m’en éloigner… Le fait de le faire a été très désagréable… Je pense souvent à elle depuis… »

Ce n’était pas vraiment une question, plus une exposition de sa situation actuelle. Il secoua légèrement la tête pour se recentrer, son regard ayant de nouveau dérivé dans le vague. Reportant son regard sur la noble claire, il compléta.

« Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Pourtant je ne parvient pas à l’identifier. »

Il eut ensuite un air un peu penaud. Être ainsi dans l’incompréhension le rendait un peu honteux à vrai dire. Lui qui avait tant vécu, savait tant de choses, ignorant pourtant tout de ce que pouvaient ressentir les mortels vis-à-vis d’autres.

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-Okazeh-

Le mâle réagit à la proposition d'Okazeh. Il hésita un instant, avant de parler de manière hésitante. Sa voix, pourtant grave et profonde, avait encore les influx du petit loup qu'il était.

« Il y a une louve… J’ai une sensation étrange en sa présence… Comme si je ne voulais plus m’en éloigner… Le fait de le faire a été très désagréable… Je pense souvent à elle depuis… »

Okazeh dressa une oreille, attentive. Elle se retint de sourire, respectant le trouble de l'Immortel. Elle ne l'avait jamais vu passer beaucoup de temps avec une des louves du desert, ce qui attisa encore plus sa curiosité. Cependant, elle ne le suivait pas à la trace non plus. Elle l'observa secouer la tête, visiblement confus, puis continuer.

« Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Pourtant je ne parvient pas à l’identifier. »

Il finit par baisser la tête, comme s'il se sentait coupable. Okazeh regarda la rivière devant elle pour éviter que le poids de son regard ne le fasse se sentir encore plus mal. Elle réfléchit. L'émotion que le loup ressentait pouvait très bien être une belle amitié après tout. Mais dans ce cas, pourquoi était-ce uniquement relatif à son nouveau corps d'adulte ? La beta avait bien une idée, mais elle savait que ses paroles pouvaient embrouiller Chérubin encore plus. Elle prit donc la parole avec précautions :

"Chérubin, sais-tu ce que c'est, l'amour ?"

Chérubin

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Okazeh tourna la tête vers la Rivière de la Roche, évitant d’oppresser Chérubin du regard. Ho ça ne l’aurait pas dérangé qu’elle continua de le regarder. Un temps de réflexion s’écoula avant que la bêta lui adresse.

« Chérubin, sais-tu ce que c'est, l'amour ? »

L’intéressé cligna des yeux et reporta son regard sur elle avant de répondre assez naturellement.

« Durant ma longue vie, j’ai vu de nombreux loups et louves mortels être tristes à cause de ce sentiment. D’autres étaient profondément heureux de vivre ensembles, je pouvais le sentir facilement dû à ma sensibilité hors-normes aux émotions. »

Il s’arrêta un instant avant de reprendre.

« Pour autant, avec ma condition d’immortel et de perpétuel louveteau, je ne l’ai jamais ressenti envers personne. De l’amitié et de l’affection peut-être, mais pas un sentiment aussi fort que celui-là. »

Il cligna des yeux avant d’ajouter.

« Vous pensez que c’est ça ce qui m’arrive ? Que je ressens de l’amour pour cette louve ? »

L’archange était perdu, malgré ses grandes connaissances. Le ressenti n’était pas quelque chose qui s’apprenait mais qui se vivait. Lui n’avait jamais vécu.

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-Okazeh-

Okazeh tourna la tête vers le grand loup pour le regarder alors qu'il lui répondait. Sa réponse, naturelle, évoqua les autres loups qu'il avait pu voir éprouver la sensation d'amour. La beta le regarda attentivement, décelant le moindre de ses mouvement. Chérubin n'était pas tellement du genre à cacher ses sentiments, mais elle voulait avoir toute les clefs en patte pour bien lui répondre. Il évoqua l'amitié, l'affection, mais les différentiant bien de cette sensation qu'il n'avait jamais éprouvé. En son fort intérieur, la louve ailée jubulait : Chérubin avait un crush, et elle était peut-être la première à savoir !

« Vous pensez que c’est ça ce qui m’arrive ? Que je ressens de l’amour pour cette louve ? »

Okazeh planta son regard dans celui du mâle ailé avant de soupirer. Elle ne pouvait pas le dire à sa place. Peut-être était-ce autre chose, qui sait ....

"Je ne peux pas le dire à ta place ... Les sentiments d'amour, d'amitié, d'affection sont très très liés. Par exemple, je pense à mes trois enfants tous les jours, et m'en éloigner a longtemps été difficile. Mais ..."

Elle fit une petite pause, quittant l'archange des yeux. L'amour avait été une telle évidence pour elle que c'était compliqué à définir. Pourtant, cela avait commencé à partir de rien, entre elle et Aslan. Une amitié cordiale, une attirance physique. Puis, une histoire qui s'était construite jour après jour, malgré la menace d'Akui. Elle dit d'une voix plus douce :

"Si tu as envie de la voir tous les jours, si tu as l'impression que ta vie est vide sans elle, si la voir te fait chaud au coeur de toi-même ..."

Okazeh posa tant bien que mal une patte sur son ventre, pour illustrer ses propos. Sur ses babines se baladait un sourire rêveur alors qu'elle pensait à son mâle qui devait probablement vaquer à ses occupations. Puis, elle regarda Chérubin dans les yeux et dit d'une voix plus assurée :

"Alors oui, c'est probablement de l'amour. "

Chérubin

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Okazeh avait regardé Chérubin pendant qu’il expliquait ce ressenti étrange. Quand il posa finalement sa question, elle le fixa un moment avant de soupirer. Peut-être que quelqu’un d’autre ne serait pas capable de l’éclairer ? Ce soupir semblait signifier qu’elle n’avait pas vraiment de réponse à fournir. Mais l’archange attendit tout de même.

« Je ne peux pas le dire à ta place ... Les sentiments d'amour, d'amitié, d'affection sont très très liés. Par exemple, je pense à mes trois enfants tous les jours, et m'en éloigner a longtemps été difficile. Mais ... »

C’était donc bien cela. La noble ne saurait pas le dire plus qu’un autre. Elle ne saurait pas dire si ce sentiment était cet amour dont il ignorait tout ou si c’était simplement une grande proximité. Peut-être son statut de mortel l’avait rendu plus enclin au rapprochement. Il prenait les autres avec moins de distance depuis qu’il était revenu à la vie. Pas qu’il était froid, mais le mâle ailé savait que tous mourraient avant lui alors il en restait souvent à la cordialité ou à une forme d’amitié enfantine avec certains. Son nouveau corps, sa nouvelle vision, sa nouvelle vie, tout cela le rendait peut-être plus apte à ressentir une profonde amitié ?
Okazeh parlait de ses petits, mais Chérubin n’avait que trop bien constaté l’amour que les mères portent à leurs petits. Ce n’était pas ce genre d’affection qu’il avait pour Imryu, pas ce genre d’envie de protection. C’était plus que ça, c’était plus profond encore. Il ne voulait pas juste veiller sur elle, il voulait vivre avec elle et peut-être même mourir avec elle. Cette pensée sonnait étrange dans sa tête, songer à la mort avait toujours été si loin de ses considérations. Le fait que la réflexion lui vienne le surprit quelque peu, sans que cela soit perceptible.
Okazeh avait tourné la tête suite à ses mots, s’étant arrêtée en pleine phrase. Après un temps de réflexion, la noble claire reprit d’un ton plus doux.

« Si tu as envie de la voir tous les jours, si tu as l'impression que ta vie est vide sans elle, si la voir te fait chaud au cœur de toi-même ... »

La louve chercha à toucher son propre ventre d’une patte et fit un sourire que Chérubin avait pu voir sur bien des visages : celui d’un individu qui en aime un autre, qui ressent cet amour que l’archange ne comprend pas vraiment et ne parvient pas à définir. Au fond, est-ce que les mortels le savaient plus que lui ? C’était si étrange, peut-être que personne ne le sait vraiment au fond ? C’est une sensation, une envie, un désir d’être avec l’autre. Est-ce que ça avait besoin de plus d’explications en vérité ? Chérubin fut tiré de sa réflexion par le regard de la bêta qu’il sentait sur lui, il la regarda alors qu’elle terminait.

« Alors oui, c'est probablement de l'amour. »

L’archange pensa à la solitaire à l’oreille unique et se posa une patte sur le ventre dans une mimique du geste d’Okazeh. Ses oreilles se mirent un peu en arrière. Oui, il voulait être avec elle plus que tout le reste. Même ses engagements et ses convictions semblaient bien peu de choses à côté de ce désir. Sans doute devrait-il y résister, renoncer à ce sentiment. Mais il ne pouvait s’y résoudre. Quand il avait revu Imryu, c’était plus agréable que la plus belle scène d’affection qu’il avait pu voir ou vivre au cours de sa longue vie. Rien n’était comparable à ce sentiment. Rien ne semblait plus important. C’était peut-être ça, être mortel ? Céder à des envies et des désirs qui vont contre l’ensemble de vos principes ? Si tout cela était une épreuve de la part de Rhéa, alors les dieux étaient encore capables de le surprendre. Mais il doutait que ce sentiment fut monté de toute pièces par une force supérieure qui lui échappait. C’était lui-même qui avait créé ce souhait et il était le seul à pouvoir l’exaucer.
Chérubin avait baissé le museau vers sa patte portée à son ventre à mesure qu’il réfléchissait. Il redressa la tête, comme s’il venait d’avoir une épiphanie. L’archange remua un moment la queue et sourit largement à Okazeh avant de dire sur un ton joyeux.

« Je sais ce que je ressens. Je ne sais pas pourquoi je ne l’ai pas compris plus tôt. Je l’aime d’amour ! Il faudra que j’aille le lui dire. C’est trop important pour que je le garde en moi. »

Il s’approcha un peu plus de la noble et lui effleura la joue du museau avant d’ajouter.

« Merci pour votre aide, les choses me paraissent plus claires à présent ! »

L’archange revint à sa position précédente et observa un instant une de ses ailes. Elles étaient toujours trop humides pour le porter. Il avait déjà vu des oiseaux s’agiter les ailes pour en chasser l’eau, mais il ne se sentait pas capable de reproduire de tels mouvements vu son faible contrôle de ses nouveaux membres. Tant pis, il rentrait par la voie terrestre. Étendant ses ailes dans son dos, il pivota pour se diriger vers l’Arène d’un pas tranquille mais enjoué. Sans doute sa progression dans les bois permettrait à ses ailes de sécher un peu mieux ?

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-Okazeh-

La beta fixait Chérubin, cherchant à savoir si ses paroles l'avait aidé. Elle n'était pas tellement à l'aise sur le fait de s'ouvrir ainsi aux autres, préférant garder une distance plus respectueuse. Mais le loup en face d'elle n'avait clairement aucun intention malfaisante. Il semblait perdu dans ses pensées, et posa une patte sur son ventre, en une mimique du geste d'Okazeh. Cette dernière pencha légèrement la tête, attentive.

Finalement, un large sourire se dessina sur son visage, et son regard s'éclaira. Il releva la tête, et dit :

« Je sais ce que je ressens. Je ne sais pas pourquoi je ne l’ai pas compris plus tôt. Je l’aime d’amour ! Il faudra que j’aille le lui dire. C’est trop important pour que je le garde en moi. »

La beta lui rendit son sourire, émue. Le début d'une nouvelle histoire d'amour était toujours quelque chose de beau et pur. Il se leva, et effleura sa joueen la remerciant :

« Merci pour votre aide, les choses me paraissent plus claires à présent ! »

La beta hocha la tête. Ce n'était pas grand chose. Elle resta assise, regardant ce grand loup aux ailes dorées s'éloigner, la tête pleine de questions, mais également d'espoirs. Elle souhaitait à Chérubin tout le bonheur possible avec celle qu'il aimait à présent.

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